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MÉMOIRES | SOCIÈTÉ ROYALE D'ARRAS,
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TOPINO, Libraire, rue Hernestale: | |
De lImprimerie de BôcQuET, Libraire, sur la Places
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DES MEMBRES
COMPOSANT LA SOCIÉTÉ . : Au ve pire 188
_ Président. MM. |
Le Baron d'HERLINCOURT, Membre de Ja Chambre des’ Députés, Chevalier de’ l'Ordre royal de la Légion _ d'Honneur. NC
Chancelier. LALLART, Maire.de la ville d'Arras, | Secrétaire perpétuel.
MARTIN, Ingénieur au corps royal des Ponts et Chaussées; , l'un des coopérateurs du grand ouvrage sur l'Égypte, ” publié par le Gouvernement.
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ÆArchiviste. | FERNINCK ; Membre du Conseil municipal de la ville: : d'Arras. | Re ne Honoraires.
Le Baron SIMÉON , Préfet du département du Pas-de-Calais, Chevalier de l'Ordre royal de la: Légion d'Honneur ,: Commandeur de l'Ordre Grand- Ducal de Hesse- Darmstadt. | RE à
Charles DE LA Tour D'AUVERGNE, Évêque du Diocèse, d'Arras , Chevalier de FOrdre royal de la Légion’ d'Honneur. er FRS CE
MM.
Le Marquis d'AVARAY, Maréchal de Camp, comman dant lé Département du Pas-de-Calais, Chevalier de l'Ordre royal de Saint Louis et de Malte.
DE FRANCOVILLE, Membre de la Chambre des Députés.
THIEULAINE-D'HAUTEVILLE, Chevalier de St. Louis, à Arras. |
ANSART, Docteur en médecine, à Arras.
BuISSART, père, à Arras.
ENLART DE GRANDVAL, père, à Arras.
BLANQUART DES SEPT-FONTAINES , à Ardres:
Wissoce , Président de la société d'Agriculture , du Com- merce et des Arts, à Boulogne.
Le Baron DE COURSET.
Le Baron MALOUFT, Maître des Requêtes, Préfet du département de la Seine-inféri teure, Officier de l'Ordre royal de la Lézion d'Honneur , à Rouen.
Le Comte DE GALAMETZ, à Lille.
. BLaNqQuART- BaiLLEUuL, Mernbre de la Chambre des Députés; Prorureur du Roi en la Cour royale de Douay, Chevalier de l'Ordre royal de la Légion d'Honneur.
DE St. Fan, Ingéuieur en chef au Corps royal des Ponts et Chaussées., à Mantes.
JouLLIETON , Docteur en médecine, à Guéret, départe- ment de la Creuse, |
Le Baron EURTO , Maréchal - de- Camp, Commandant de l'Ord-e royal de la Légion d'Honneur et Chevalier de Saint Louis, à Bordeaux,
TARANGET , Recteur de l’Université, a Douay.
Le Lieutenant - général MARESCOT, Grand Officier de: : Ordre ro val de la Légion d'Honneur et Commandeur de Saint Louis , à Paris.
Le Chevalier ALLENT , Conseiller d'état , Sous- secrétaire d'état au ministère de la guerre, à Paris. |
MM. | ScHILLEMANS, chef da bureau du Génie, ay anti de la guerre, Chevalier de l'Ordre royal de la Légion d'Honneur, à Paris. HEURTIER , Membre de l’Institut, à Paris.
Csussey, Architecte du département de la Somme, à Amiens.
RONDELET, Chevalier de l’Ordre
royal de la Légion d'Honneur, Inspecteurs-générauk G1z0Rs des bâêtimens civils, &
4 pue Paris :
GAREZ, | À
ANTHELME CosTAZz, vice-secrétaire de: la Société d’en- | couragement pour l’industrie nationale, à Paris.
LE PASQUIER, Chevalier de l'Ordre royal de la Légion d'Honneur , à Rouen.
LenGLET, lun des Présidens de la Cour royale de Douay. | Résidens.
Cozin, Négociant, Membre du Conseil de Préfecture. Duqussrox, Membre du Conseil général du départe-
ment.
Leroux - DUCHAETLET, Membre du Conseil d’arrondis- sement d'Arras.
CoURTALON, Ingénieur en chef au Corps rcyal des Ponts et Chaussées.
LeTOM8E, Architecte du département , Chevalier de l'Ordre royal de la Légion d'Honneur. .
GARNIER, Ingénieur au Corps royal des Mines.
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De St. PAUL, Maréchal - de - Camp au Corps royal du Génie, Officier de l'Ordre royal de la Légion d'honneur Commandeur de l'Ordre royal de St. Lows. |
HALLETTE, Ingénieur-mécanicien.
MERCIER ; Docteur én médecine,
MM.
Darsnez, Professeur de Mathématiques au Golees d'Arras.
SAUVAGE , Professeur de Rhétorique au Collège d'Arras. Doxson, ( Népomucène. )
Auguste Cor. |
CRESPEL-D'ELLISSE, Fabricant,
BeRGÉ DE VASSENAU, chef de AVION à la Préfecture. MoNEeL, Avocat.
Aimé BURDET Professeur de dessin au régiment du Génie en garnison à Arras.
De Massy, Colonel , Directeur des fortifications, à Arras, Chevalier de l'Ordre royal de Saïnt Eouis.
SALENTIN , Principal au Collège d'Arras. DUCHATEAU, Chirurgien.
Lrvizz, Docteur en médecine, Directeur de l'Ecole de chirurgie du département.
Le SuEeur, Ingénieur en chef, Vérificateur du Cadastre
da déparment , Membre de la Commission royale de là
carte de. France. * 9 % ee © ee ee 0 « CS œ eo C2 , ee e +6 ‘.
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Correspondans. BALLART , ancien Médecin principal des armées, Médecin en chef de l'hôpital militrre de St. Omer.
BurDgrT, aîné, Avocat près le Sénat de Savoye,. à Chambéry. |
GoDpegFroO%x , Doeteur en méddne. à St. Omer.
DrsmArQUuOY, Docteur en médecine, Chevalier de l'Ordre royal de la Légion d'Honneur, à St. Omer.
RGTY , Avocat en la Cour royale , à Bouay.
À
M M. eZ, LU PÉTY, Sous-intendant militaire , à Cambray: PEUvION, fils , Négociant , à Lille.
DeLEZENNE, Professeur de Mathématiques, à Lille. MERCADIER, Ingénieur au Corps royal des Ponts et
Chaussées, Chevalier de l'Ordre royal de la Légion
. d'Honneur, à Châlons-sur-Saône. ï
CoRANCEZ, ancien Consul à Alep, Chevalier de l'Ordre royal de la Légion d'Honneur, à Paris. _
DesBROCHETS , Capitaine au Corps royal du Génie, , Chevalier de l’Ordre royal de la Légion d'Honneur, à St. Omer.
ANTOINS , Professeur au Collège de Nancy.
PeLLET , Litlérateur, à Epinal. |
THIÉBAUT DE BERNÉAUD , l’un des Bibliothécaires de Ja Bibliothèque Mazarine, Membre de plusieurs Aca- démies nationales et étrangères , Rédacteur général de la Biblivthèque RRJACO CORRE: à Paris,
DaBucNny, Littérateur, à Paris.
HURTREL-D'ARBOVAL ; Médecin Vétérinaire, amateur ; Membre de plusieurs "Sociétés savantes , à Montreuil sur-mer.
Demanze,, fils, Secrétaire Adjoint de la Socicté d'Agriculture , du Commerce et des Arts, de Boulogne.
HENRY, Adjudant au Corps royal du Génie, Secrétaire de la même Société, à Boulogne.
RouxeL , Docteur en médecine , à Boulogne.
CTÉSIPHON PÉQUEUR , chef d'atelier au Conservatoire des Arts et Métiers , à Paris.
CARON DE FROMENTE®L, Procureur du Roi, à Boulogne.
Le Baron d'ORDRE , Inspecteur des Forêts , à Boulogne.
LErFEvRE-DurR$, Juge d'instruction au Tribunal de
Béthune. SCiPION MoURGUES , Propriétaire de la Manufacture de Rouval, près Douléns
MM. | CounDENT , Docteur en médecine, à St. Venant. BAxARD, Capitaine au Corps royal du Génie, Adjoint au Directeur du dépôt des fortifications , Chevalier des.
Ordres royaux de la Légion d'Honneur et de St, Louis. à St Omer.
CAvEnTOU , fils, Pharmacien à l'Hôpital St. Antoine, à Paris. |
Czernc, chef de Bataillon au Corps royal du Génie, Commandant de la brigade topographique, Chevalier des
Ordres royaux de la Légion d'Honneur et de St. Louis, à Metz.
RAIMOND , Capitaine , Ingénieur géographe , à Paris.
Antoine DESPINE, Docteur en médecine, Membre de plusieurs Sociétés savantes, à Aix en Provence.
VILLERMÉ, Docteur en médecine, à Paris. EVRARD , Docteur en médecine, à St. Denis.
WILLIAUME, Chirurgien en chef, premier Professeur de l'Hôpital militaire d'instruction, à Metz , Officier de. l'Ordre royal de la Légion d'Honneur.
Murez, Chirurgien militaire, Membre de plusieurs Sociétés savantes, à St. Omer.
JossE , Professeur d’Anatomie et de Physiologie, à Amiens.
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MÉMOIRES.
SÉANCE PUBLIQUE DU LUNDI 24 AOUT 1818.
DISCOURS
D'OUVERTURE,
Par M. le Baron D'HERLINCOURT, Président.
MESSIEURS,
Ce au milieu des fêtes consacrées à la mémoire d’an des plus grands Monarques qui aient régné sur notre pays, du plus saint , du plus vertueux de nos Rois ; c’est au milieu des fêtes qui rappellent un évènement si glorieux pour la France , si heureux pour notre ville, que la Société royale pour l’encouragement des Sciences, des Lettres et des Arts, tient sa première séance publique; ‘c’est dans ces jours d’allégresse générale, c’est à cette époque solennelle que désormais elle viendra chaque année présenter à ses con- citoyens le résultat de ses eforts, le tribut de ses recherches, l'hommage des travaux de ses membres.
Les imposans souvenirs de l’ancienne Académie d'Arras sont dans tous les cœurs : ils nous prescrivent de grandes abligations ; animés d’une noble émulation nous tâcherons
2 MÉMOIRES.
de la suivre dans la carrière qu’elle a si dignement par- courue ; l'expérience du passé soutiendra notre courage ; elle nous apprend que la gloire peut s’éclipser quelques.
instans , et reparaître avec une nouvelle splendeur; que.
l'arbre de la Science après avoir vu ses rameaux desséchés, après avoir perdu ses fleurs et ses fruils, peut se parer d’une nouvelle verdure , et produire de nouvelles fleurs, de nouveaux fruits. L’antique ville des Atrébates a éprouvé toutes les vicissitudes d’une fortune brillante-et des plus cruels revers , de la prospérité et des plus affreusescalamités; tour à tour les Sciences, les Arts y ont fleuri, y ont jetté Je plus vif éclat et ils ont disparu, ils ont fui de nos murs. Nos jours ont été témoins de catastrophes semblables à celles des temps anciens; notre ville ramenée dans le 17.° siècle sous l'empire des lys, après en avoir été long-tems séparées. et pour ne plus jamais l'être, jouissait sous le sceptre des Bourbons des avantages d’une longue paix; les Arts se perfectionnaient , le Commerce se livrait à ses utiles spécu« tions, les Sciences étaient cultivées, une Société composée d’un très-petit nombre d'hommes érudits et laborieux s'était formée ; pénétrés du désir d’être utiles à teur pays, investis de l'estime publique, leur exemple trouva des imitateurs , V'émulation enflamma les esprits, ce foyer de lumières
s'agrandit par la réunion de toutes les personnes distinguées’
par leurs talens et leurs connaissances, la protection Royale donna sa sanction auguste à cette association , et l’Académie royale d'Arras fut établie; elle remplit la noble tâche qu’elle s'était imposée, elle se livrait sans relâche à d’utilestravaux, lorsque des évènemens de sinistre mémoire vinrent paralyser les esprits et les ames; un crêpe funèbre couvrit cette cité,
les Muscs ont mêlé leurs larmes aux nôtres, et, frappées*
d’épouvante et d'horreur, elles ont déserté notre sol en-
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MÉMOIRES: ä
senglanté ; 1! peine ces jours de deuil ont-ils-fait place À des jours plus tranquilles que le goût des beaux Arts s’est ranimé parmi nous ; heureux de revoir, ma patrie après un long exil, je me félicitai d’y retrouver cette ardeur pour lnstruction qui l’a toujours distinguée ; bientôt un collège doté avec.toute la. munificence que les circonstances per- mettaient fut ouvert à une jeunesse avide de savoir ; bientôt se forma dans une des villes du département une. Société savante qui.dès les premières années de son existence acquit des droits à notre estime et à notre reconnaissance ; des vœux ardens pour l'établissement d’une Société semblable dans le chef-lieu du département fermentaient, se propa- geaient , s’accroissaient chaque jour ; enfin, le trône de nos Rois s’est relevé; avec lui nous sont rendas les bienfaits de la paix, compagne de l'Industrie , du Commerce, des Sciences et des Arts, Le Monarque rendu à nos désirs nous à donné a Charte, monument de la plus haute sagesse qui, ouvrant à tous les Français la carrière des services et des récompenses les a enflammés de cette heureuse émula- tion, qui rend un peuple idolâtre de tous les sn de gloire, capable de tous les prodiges. |
. Nous aussi, Messieurs, nous avons entendu la voix auguste qui nous rappelle à la culture des Sciences, des Lettres et des Arts ; nous avons entendu la voix de notre pays qui nous invite à Jui consacrer nos veilles et nos tra- vaux. Je sens ici le besoin de vous rappeller combien nous avons été puissamment secondés par le magistrat distingué que le départemeut vient de perdre ; de vous retracer le vif intérêt, la part active qu'il n’a cessé de prendre à l’établis- sement de cette: Société. Appellé par le Souverain , juste appréciatéur de ses talens et:de son zèle pour le service du trône , à l'administration d’une province importante , il ne
4 Mémoires. saurait être insensible à nos regrets et à notre reton- naissance.
Encouragés par de si respectables impalsions, nous né cesserons de fixer le noble but que nous nous proposons d'atteindre, et , si nos infatigables efforts n’obtiennent pas tous les succès que nous ambitionnons , au moins aurons, nous ouvert la carrière que pourront illustrer nos suc- tesseurs. Le soleil, à l'aurore d’un beau jour, ne jette qu'uu faible éclat, bientôt ses rayons écartent les nuages et versent sur la terre des torrens de lumière. Le fleuve majes+ tueux qui féconde nos campagnes, enrichit nos villes, n’est à sa source qu’un bien faible ruisseau dont les eaux fimpides arrosent à peirie une riante prairie; espérons aussi qu’un long avenir de paix et &e prospérité, promis à notre heureux pays, que l'encouragement accordé par un Monarque éclairé à nos utiles travaux, que l’émulation excitée par notre exemple parmi nos concitoyens, dons ñeront aux esprits un vigouréux essor, que vette Société naissante deviendra la gloire de notre ville et méritera uxæ jour de fixer les Fee et l'attention de la patrie recon< int
* Pour arriver À un bat si honorable , il faut, sans doute ; j dé grands , de constans efforts ; il fant cette volonté ferme qui ne se rebute ni par Îes obstacles , ni par les difficultész il faudrait, peut-être , cette réunion de talens dont je vais entreprendre de tracer une faible esquisse ; réunion qui se trouve rarement le partage d’un seul homme, quelque pri< vilégié qu'il soit par la nature ; mais qui , répartie entre les membres d’une Société en fait la force , en formant un faisceau du tritut que chacun y apporte. Cet assemblage }; toutefois, n’a pas paru absolument indispensable à ung Société naissante comme la nôtre et ce sentiment, joint à
MÉMOIRES, ÿ on titre d'encouragement , a pu seul la rassurer surles véri- tables intentions dont elle est animée ; maïs j'ai cru devoir, pour l'utilité des jeunes gens que leurs dispositions heureuses entraînent vers l'étude, leur rappeller que le bon goût et un jugement sain doivent être exclusivement le partage de celui qui se sent appellé à guider ses semblables dans la route des Sciences naturelles. Le goût est le sentiment du beau, du vrai, qu'aucun prestige, fût-il orné des plus brillantes couleurs, ne peut séduire ni corrompre; c’est une manière de voir si juste, si précise, que l'expression employée rend seulement l’objet qu’elle e en vue, mais le rend tout entier ; yne façon de parler si nette , si appropriée au sujet que l’on traite, que la parole n’est que le peintre fidèle de la pensée ; comme la pensée est le miroir fidèle de l'objet qu'elle se représente. C’est cette sagesse , cette juste mesure qui sait retrancher tout ornement frivole on étranger , faire le sacrifice de ses ornemens lorsqu'ils sont déplacés , astreindre l'imagination sans la captiver, modérer l'enthousiasme du génie sans l’étouffer, châtier le luxe et l'intempérance du style sans l’amaigrir ni le dessécher; être plaisant sans bouffonnerie ; gravé sans austérité, agréable sans nuire à l'instruction, instructif sans être dépourvu d’agrérnent, Legot estce taèt délicat des bienséances qui sait se plier aux circonstances des tems, des âges et des lieux ; également attentif à ne pas blesser le caractère de celui qui parle, ni choquer les opinions de ceux à qui l’on parle; c'est enfin cette sage écanomie qui sait donner à chaque partie du discours l'étendue et le degré de force dont elles sont susceplibles, à établir entre elles. un tel-ordre et une telle harmèimie qu'elles s’appuyent et se fortifient mutuelle- ment , à les rémir ensemble par des transitions si fines , si délicates qu'elles ne fassent qu’un même corps et un tout
6 MÉMOIRES.
continu, à rapprocher les couleurs par des huänces # imperceptibles que l’œil le plus exercé se trompe agréables ment dans le passage des unes aux autres. L'homme de goût est toujours dans les limites des convenances ; s’il ‘s'élève , sa raison conserve toujours l’ascendant , il sait ‘s'arrêter à propos; s’il s’abaisse, c’est sans jamais descendre au langage commun et trivial. ‘. L'homme de goût est doué de cetté pénétration , de cette -sagacité qui déméle au premier coup-d’æil tous les rapports entré les divers objets, de ce sentiment épuré qui saisit naturellement ce qu’il y a de plus exquis dans chaque sujet, de cette finesse de tact à laquelle rien n'échappe et ‘n’adopte rien qu'avec discernement.
Mais qui peut contribuer davantage à former le goût, si ce n’est la connaissance des choses passées, des écrits où sont consignés les observations , les travaux de rios devan- ciers ? Qui peut donner le goût, si ce n’est l’érudition Ê L'érudition que l’on peut appeller le trésor des siècles ; le dépositaire de tous les âges! L'homme érudit possède cet immense trésor ; à ses yeux se déroulent les révolutioris qui
ont agité l’univers ; l’origine , les progrès , la décadence , la.
chüûte des empires; il apperçoit cette succession rapide d’évènemens qui ont partagé tour à tour la scène da monde , il découvre le spectacle intéressant de tous les peuples de la terre’, aussi différens les uns des autres par les traits variés à l’infini. qui les caractèrisent , que différens d'eux-mêmes, suivant les divers points de vue où ils se trouvent placés ; les secrets et les merveilles de la nature ‘Jui sont dévoilés; il sait la nomenclature de tous ces héros qui, après avoir illustré successivement les divers : âges, semblent se rapprocher comme de concert pour offrir des modèles dans tous les genres, et exciter l’émulation des
siècles
MÉMOIRES. r srècles futurs, l’érudit a, pour ainsi dire à sa disposition, les productions de la littérature, les opinions de la philosophie, les trésors de la poésie, les chefs-d’œuvre de l’éloquence , les faits, les pensées, les découvertes de tous les genres et de tous les siècles, les coutumes, les usages, les mœurs et les tems.
L'érudition enrichit l'esprit , éclaire, lui offre les raison- nemensappuyéssurles autorités, lès maximes confirmées pat les exemples, les idées réalisées par les faits. Les plus beaux ttaits de l’histoire ancienne et moderne lui présentent une variété de spectacles qui l’amusent et qui l'occupent, qui l'intéressent et qui l'instruisent. L’érudit possesseur de ces immenses richesses en fait part à ses contemporains et leur dispense le trésor des connaissances qu'il à acquises.
Après avoir développé les avantages du goût, après avoit démontré les ressources que l’on puise dans l’éradition , oserai- je parler des prodiges que produit une brillante ima- gination , qu’enfante le génie ? Oseraï-je peindre cette force et cette énergie qui s'emparent d’un objet et l’agrandissent, cette vivacité d'imagination qui communique à ses expres- sions tout lefeu qui l’enflamme:; cette élévation de cœur et de sentimens qui imprime à toutes ses productions ce caractère d’héroïsme qui ravit et transporte? Il n’appaïtient qu’au génie fort et sublime de démêler les rapports les plus intimes de l’objet dont il s'empare , d’en sonder toutes les profon- deurs, de le saisir tout entier, de le subjuguer, de s’en rendre le maître ; son ardeur etson activité franchissent dans un instant toutes les barrières qui en dérobent les beautés aa vulgaire ; la nature a tout fait pour lui; elle l’a affranchi des épines du travail, elle Lui a ménagé dans l'énergie et la chaleur qui l’animent une ressource plus sûre et plus rapide; les pensées fortes et hardies, les idées nobles et généreuses sont moins les productions que les jeux de son esprit; la
2
8. MÉMOIRES,
magnificence de ses expressions égale la hauteur de ses idées: la clarté, la vivacité de ses pensées communiquent à ses paroles leur éclat et leur lumière. Il frappe, à la fois, par cette richesse d’imagés, cés peintures animées, ces traits sublimes qui saisissent, qui transportent l'auditeur, qui l’enlèvent à lui-même et versent dans son esprit tout le feu de l’orateur ; c’est le torrent qui franchit toutes ses digues ;, c’est. l'éclair qui sillonne la nue.
Mais. je sens que j'affaiblis les traits qui distinguent ce magnifique présent de la nature ; le génie seul peut peindre le génie; et, notre Société qui n’a pour but que d’encou- rager et de faciliter son développement , ne peut que mani- fester le vœu qu’elle à formé en se réunissant ; ce vœu qui n'est fondé sur aucune prétention académique ‘a, pour unique base l’ardent amour que chacun de ses membres porte à son pays et le vif désir de voir notre belle France, déjà si favoriste de la nature, ne rester en arrière dans aucune des connaissances humaines.
Propager le goût des bonnes études, répandre dans toutes les classes le désir de l’instruction, dissiper les doutes, étendre Îles lumières sur les découvertes avantageuses aux Seiences et aux Arts; populariser, pour ainsi dire, celles qui concernent l'Agriculture, source de richésses pour ce Département ; célébrer les évènemens heureux pour notre pavs, les hommes qui lui ont rendu d’éminens services ; décerner des récompenses aux inventeurs, aux propagateurs des méthodes utiles ; indiquer les remèdes éprouvés par expérience contre les maladies qui attaquent ces animaux fidèles auxiliaires du cultivateur et destinés à sa nourriture 5 parer aux divers accidens qui nuisent aux moïssons, aux différens maux qui affligent l'humanité ; encourager les diverses branches d'industrie, leur indiquer les moyens de
MÉMOIRES 9 perfectionnement , en introduire, s’il est possible, de nou velles; nous montrer, surtout, toujours pénétrés d’un respect profond pour la religion et la morale, partageant amour qui anime tous les Français pour le meilleur des Rois ‘et son'auguste famille ; invariablement attachés à la Charte, aux institutions qui en dérivent, au dogme tutélaire de la légitimité, soumis aux lois et aux autorités qui en sont les organes; c’est ainsi, Messieurs, que nous nous rendrons dignes de l’augnste protection du souverain éclairé qui a daigné encôurager notre Société naissante , de notre pays qui réclame nos services et de nos concitoyens dont l'estime sera notre plus douce récompense. :
AAA VULUVI BUT UM LL LUE LAN LULU UNE UUR VAL AVR VLU VA LAN
:. RAPPORT
SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ, Pda sante pablionuda ct Aoftie. PAR M. MARTIN, SECRÉTAIRE ROUE MESSIEURS,
Lx Société royale d'Arras doit voir dans cette nombreuse et brillante réunion des citoyens et des habitans du départe- ment, un empressement généreux à venir sanctionner par leur présence le rétablissement d’une institution libérale dont l’expérience d’un grand nombre d’années avait dé- montré fes avantages, et cet empressement est pour elle un présage heureux de ses succès, en marchant vers le but qu'elle se propose d'atteindre. Quelque zèle, en effet, que chacun de ses membres apporte dans les nouvelles et hono- rables fonctions dont ils se sont chargés, on conçoit qu'ils ont dû compter sur ke zèle encore plus puissant de leurs concitoyeus, et surtout sur la pureté des motifs qui font la base de leur association.
Un article du réglement de la Société impose à son Sééré. taire l'obligation de présenter le tableau historique des travaux de l’année écoulée. Cette tâche que je remplis au- jourd’hui pour la première fois, suppose nécessairement une grande indulgence. La Société, encore naissante, n’a pu need ses travaux cette extension et cette utilité que
MÉMOIRES, FI
le public doit attendré de son institution ; mais, on verr#, par les efforts qui ont été faits dans cette première année, ce que l’on peut espérer si, comme fa Société n’en doute pas, elle est secondée efficacement par cette affection natu- relle dont chaque citoyen doit être animé pour le pays qui Ja vu naître. , | |
Cet amour de la patrie commun à tous les hommes est un mobile puissant qui ennoblit toutes les actions, tous les sentimens lorsqu'il est bien dirigé ;. il est la source, peut- être unique de la prospérité des Empires, si toutefois l’igno- xance ne fournit aux passions aucun moyen de le dégrader.
Dire que l'ignorance est un fléau de l'humanité, c’est répéter une vérité triviale, je le sais, mais il ne faut pas cesser d'en fatiguer les oreilles et surtout d’en reproduire la démonstration sous tous les points de vue qu’elle peut pré- senter, afin de détruire les derniers argumens de ceux qui eroient encore devoir nier celte vérité.
La nature a élevé l’homme au-dessus des animaux par un grand bienfait, en lui donnant Pintelligence. C’est là son véritable caractère distinctif et peut-être pourrait-on ne pas décorer-du même titre et l’homme de génie et l'individu qui n’a pas le sentiment de son existence ; j'appelle ici senti- ment, non pas seulement cette faculté physique commune aux hommes, aux animaux et peut-être aux végétaux de fuir le mal ou la peine, et de rechercher le plaisir, mais bien cette faculté morale et intellectuelle qui nous associe, pour ainsi dire, à la divinité, en nous faisant trouver le bonheur dans l'élévation de l'ame et la pratique des vertus.
En vain , des froids spéculateurs nous diront que ces seu- fimens sont de pure convention, notre cœur et le leur même est là qui les dément. Reconuaïssons plutôt qu'ils sont un des plus beaux attributs de l'hrimanité et que nous
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me -saurions faire trop d'efforts pour connaître et perfec tionner en nous ces sentimens, puisqu'ils nous mettent sur la seule voie qui conduit au bonheur.
Si personne n'ose nier que l'intelligence est le prem'er bien de l’homme, empêcher ou arrêter son développement est donc un crime qui blesse la nature et outrage la divinité, puisqu'il tend à attaquer et à détruire le chef-d'œuvre de la création ; tandis qu’au contraire, tout ce qui tend à faciliter ce développement, entre dans les vues de l’être suprême, puisqu’en formant l’homme à son imige, il l’a doué d’un ésprit qui se complait éminemment dans la recherche et la contemplation des secrets de la nature , restés éternellement cachés à tous les autres êtres animés.
Celte vérité, je dirai même ce besoin si vivement sent par tous les hommes ; est le premier lien qui les a réunis, Chacun a reconnu, dès l’origine, la nécessité d'agrandir le domaine de son intelligence, parce que la puissance ou la suprématie de l’homme sur tous les objets créés par la pature est en raison directe du developpement de cette in- telligence , et comme elle est bornée pour chaque individu par la brièveté de sa vie et par l’espace que ses sens peuvent embrasser, on a dù bientôt chercher a s'approprier les résultats de l'intelligence de ses semblables , afin de rendre. indéfinies la grandeur de l’espace et la durée de la vie. De- k , l’origine de la parole, ou moyen de communiquer la pensée par l'intermédiaire de l’un de nos sens qui est l’ouie ; mais, ee moyen n’employant qu’un seul de nos sens, il devint Lientôt insuflisant, et pour le mettre en contact avec un autre sens, on imagina de donner à la parole une. forme qui fut du ressort de la vue et l'écriture fut inventée.
Dès ce moment, l’intellisence de l’homme n'eut plus de.
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bornes, et l'esprit humain parvint en peu de tems au degxé de perfection que le créateur lui avait assigné.
Il faut l'avouer, néanmoins, cetté activité de l'esprit portait avec elle un germe de destruction, ou au moins de ralentissement par lequel on dut apprécier l'intervalle qui sépare l’homme de la divinité; les passions vinrent entraver sa marche et l’on vit , à diverses époques, des siècles de bar- barie et d'ignorance venir s’interposer pour arrêtèr cette activité, et menacer même de la faire rétrograder jusqu’au point de départ ; mais la nature veillait elle-même à la con- servation de son ouvrage, et l’on a vu, dans tous les tems, des hommes planant au-dessus des ténèbres de. ces époques. désastreuses, conserver, conmme un dépôt, le feu sacré des connaissances bumaines, leur imprimer même, dans le silence et te secret ,un mouvement, qui, au moment où elles pourraient reprendre leur liberté, devait sous l'apparence d’un mouvement accéléré, les porter au point où elles seraient parvenues , Si leur marche n'avait point été com primée. d
Ces dépositaires , sur qui doit toujours se porter la recon- naissance des hommes, quels que soient les moyens qu'ils aient employés, se retrouvent à toutes les époques de l’his- toire , chezles Prêtres de la savante Egypte, chezles Bramines de l'Inde , dans les réunions du Gymnaze d’Athènes, et enfin au milieu même de nos Moines modernes, C'est en effet, dans les cloîtres que l'Europe a retrouvé la Science dans toute sa pureté, lorsque l’on commença à bannir, il y a trois siècles, l'ignorance qu’avaient traînée à leur suite les irruptions des peuples du Nord et de l'Asie dans les pre- miers tems de l’ère chrétienne. ’
Les hommes qui voulaient donner librement l’essor à leur génie, avaient cru devoir le couvrir du bouclier de la
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religion, et le mettre, dans ces asyles sacrés, hors des atteintes de la tyrannie qui pesait sur la Société civilisée ; mais , aussitôt que des mœurs plus douces eurent banni ces. cra'ules, les savans, liés entre-eux par cette confraternité du génie, prirent pour unique motif de leurs réunions, cet esprit de conservation et d'accroïssement des lumières, que jusques-là ils n'avaient pas osé avouer, et l’on vit bientôt se former des Sociétés lihres dont les travaux surpassèrent, en peu de tems, les efforts des illustres Cénobites dont je viens de parler.
D'un autre côté, les Gouvernemens, mieux éclairés sur Jeurs véritables intérêts, avaient senti que, lorsqu'ils veulent être justes et remplir le but de leur iustitution qui ‘est de rendre les peuples heureux, leur puissance et leur action s’agrandissent par l'accroissement et la propagation des lumières. Aussi, depuis cette heureuse époque de la renaissance des Lettres , on les à vus constamment entourer les savans de leur protection et faire tomber presqu’exclusivement sur eux les honneurs qui élaient auparavant l'apanage privilégié de l'ignorance.
C’est ainsi qu’en France, le Roi François L*", et sa sœur 1 Reine de Navarre, honoraient de leur amitié et comblaient de leurs faveurs l'aimable auteur du roman de la Rose et J'inimitahle curé de Meudon. Louis XIIT, ou pour mieux dire Richelieu , élayait de toute sa puissance cette savante réunion à laquelle le cardinal ministre ambitionnait d’ap- partenir comme membre, lui qui porta l'ambition à un si laut point. |
L'Académie, l’Université, la Sorbonne, devinrent , dès- Irs des foyers de lumières, d’où les connaissances se répan- dirent sur toute la surface du royaume et amenèrent
MÉMOIRES. 19
promptement une amélioration sensible dans toutes les classes de la société. L'esprit éclairé des citoyens facilita la marche du Gouvernement ; les institutions se perfection- nèrent, et, malgré l’assertion de l'illustre citoyen deGénève, les hommes virent en général, des jours plus heureux sous V'influence des lumières.
Comparons, en effet, la condition des peuples en Europe dans les trois derniers siècles qui viennent de s’écouler avec celle des dix à onze siècles précédens. Ici, nous voyons la nature absolument muette, et les hommes trainer dans l’escla- vage et l’abrutissement une existence pénible, plus mal- beureuse, peut-être, que celle des animaux, à cause des désirs vagues, ou des craintes innées, dont l'ignorance la plus profonde ne peut jamais nous délivrer. Là, nous voyons des esprits supérieurs, des Montesquieu, des Galilée, des Descartes, des Newton et une foule d’autres, créér tous les genres de Sciences pour le bonheur cominun, imprimer le caractère de leur génie aux hommes et aux tems, les faire jouir de tous les bienfaits de la nature, et leur assurer à jamais , l'usage des droits qu’elle leur a don- nés. N'est-ce pas enfin à cette influence des lumières que nous devons le système des monarchies constitutionnelles, qui se ‘présente aujourd’hui comme le seul moyen de ter- rasser pour jamais l’hydre de l’anarchie, soit qu’elle se pare du manteau de la féodalité, soit qu’elle revête les baïllons de la licence; comme le seul moyen aussi de garantir aux hommes la liberté et légalité de leurs droits.
Riche de ces trésors , on voit surtout le 18.°siècle marcher“ d'un pas assuré dans la route que les deux siècles précédens lui avaient tracée; appliquer aux Arts les brillantes théories des Sciences naturelles, et mettre ainsi ces théories à la portée de toutes Les classes de la Société.
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L'esprit de libéralité qui forme le caractère &stinctif de cette époque, joint à l'exemple donné par les réunions ‘d'hommes à talens formées dans la Capitale, avaient depuis longtems excité l’émulation des principales villes du Royaume. Déjà , des Sociétés d’Arts , de Sciences et d’Agri: culture s’élevaieut dans les provinces et devenaient entre les mains de l’administration des instrumens utiles au succès _ de ses vues. Plusieurs villes voisines se glorifiaient d’asso- ciations semblables formées dans leur sein, lorsque quelques. hommes recommandables conçurent le projet de faire jouir Ja capitale de l’Artois des mêmes avantages, et l’on vit, pour. la première fois, se former à Arras une Société littéraire. composée des citeyens les plus distingués de la ville et de la province. |
Je n’entreprendrai point de vous donner ici, Messieurs , Phistorique de celte Société et l'analyse de ses travaux ; ils. font l’objet d’un mémoire spécial qui sera inséré dans Ja collection destinée à être mise sous les yeux du public.
_ Je vous dirai seulement que, pendant les 55 années de son existence , cette Société a été animée des intentions les plus généreuses envers ses concitoyens, et que , sans aspirer à remplir le monde savant de sa réputation littéraire , elle n'en a pas moins acquis des droits à la reconnaissance. publique par ses recherches et par les lumières qu'elle a répandues sur l’histoire de son pays, par ses efforts pour y naturaliser le goût des Belles - lettres, et enfin, par l'extension qu’elle a donnée à l'Agriculture de l’Artois, en provoquant la solution de diverses questions de la plus haute importance pour le sol de cette province. |
La dernière biste de ses Membres vous rappellera, sans doute avec plaisir, que cette Société a contribué , peut-être, à développer le génie de deux hommes dont les noms appar-
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tiennent à l'histoire ; je veux parler des généraux Carnot et Marescot, qui habitaïent alors la ville d'Arras. Emules, tous les deux des plus grands capitaines de leur arme , le premier est reconnu, sans contredit, pour l’un des plus brillans flambeaux des Sciences modernes, et l’autre, surnommé le Vauban du ro.” siècle, jouit, en ce moment, de la confiance entière de notre Movarque, et a bien voulu agréer le titre de membre honoraire de la nouvelle compagnie,
La Société littéraire d'Arras , honorée par nos Rois dw Utre d’Académie royale , subit, en 1793, le sort de toutes les institutions ; engloutie dans le cahos qui menaçait la société civilisée , elle dut cesser ses travaux et remettre, dans les mains de l'Autorité, le dépôt de ses recherches , comme un germe destiné à fructifier sous un climat plus propice ,; et dans un tems plus favorable à son développe- ment.
Cette époque de nos désastres ne fut cependant point perdue pour les Sciences et les'Arts ; leur marche prit » au contraire , un accroissement rapide dont la cause ne se trouve que dans l'excès même de nos maux.
D'un côté , les riches citoyens des villes, forcés de fuir ka tyrannie qui pesait particulièrement sur eux , allèrent habiter les campagnes, où apportant dans la culture de leurs domaines, une industrie qui était le fruit de leur éducation , ils firent sentir l'avantage des méthodes nou- vellement découvertes, aux paysans qui les imitèrent, et introduisirent ces méthodes dans leurs exploita- tions. (1) C’est cette cause, qui jointe , peut-être , à Îa
(5). Anthe Costaz ; Essai sur l’adm. de l’Agric. p. 73 et 74.
18 MÉMOIRES.
suppression des maïn-mortes, a porté en France, depuis: 25 ans , l'Agriculture à un si haut point de perfection.
D'un autre côte, la nécessité de défendre notre indé- pendance nationale , menacée par l’Europe entière , donna un nouvel essor au génie des Français. qui enfanta des prodiges. Animés par lé désir de rendre permanente cette influence du génie , ils créèrent des institutions qui ont amené les Arts au point de splendeur où nous les voyons aujourd’hui. L'École Polytechnique, le Bureau des longi- tudes, les Conservatoires et les éco!es des Arts et Métiers , les Expositions de l'Industrie nationale , enfin la Société formée à Paris pour l’encouragement de cette industrie, sont autant de monumens que l’Europe nous envie, qu’elle s’efforce d'imiter , et qui assurent à notre patrie une gloire aussi imposante que celle qu’elle a acquise par ses armes.
Malgré cet élan donné à l'industrie française , la province de PArtois était restée pour ainsïdire stationnaire, quelques améliorations apportées à l'Agriculture et dues, en grande partie, aux travaux de l’ancienne Académie, l'extension donnée à la fabrication etau commercedes huiles, semblaient satisfaire son ambition ; mais les citoyens éclairés sentaient la nécessité de ramener leur pays au niveau des connais- sances du siècle , et, pour atteindre ce but , ils concçurent le projet de redonner l’existence à cette ancienne associa- tion dont ils avaient déjà retiré de si grands avantages.
L'exemple venait de leur être donné par une ville voisine qui , quoique ne faisant point partie de l’ancienne province d'Artois , était liée d'intérêts avec sa capitale par son incor- poration au mêine Département.
La ville de Boulogne possédait, depuis quelques années , une Société d'Agriculture dont les travaux étaient reconnus
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infiniment uliles, et exerçant une grande influence sur la prospérité de cet art dans cette partie du Département.
. L'époque de la restauration parut, aux citoyens de la ville d'Arras, une circonstance favoralkle pour demander le rétablissement de l’ancienne Académie et le vœu en fut émis par le Conseil d'arrondissement , dans sa session de:1816.
Voussavez, Messieurs, avec quelle bienveillance toutes les idées généreuses et libérales étaient reçues par le digne magistrat qui présidait alors à l’administration de ce dépar- tement. (1) Aussitôt que la pensée du rétablissement de l'ancienne Académie lui fut soumise, il s’empressa de l’adopter , rédigea le projet des statuts généraux qui devaient fixer l’organisation de cette nouvelle compagnie et envoya ce projet , le 22 mars 1817, à la sanction de Son Excellence le Ministre de l’intérieur.
Le titre de Société royale d'encouragement pour les Sciences, les Lettres et les Arts parut convenable à son insti- tution dont le but était de contribuer au perfectionnement de toutes les branches utiles des connaissances et principa- lement de celles dont l'amélioration peut intéresser particu- lièrement le Département du Pas-de-Calais,
La Société fut composée :
D'un nombre indéfini de Membres honoraires :
De trente Membres résidens ;
Et d'un nombre indéfini de Membres correspondans ; domiciliés hors de l’arrondissement d'Arras. | Son Excellence le Ministre de l’intérieur , par sa lettre du 2 mai 1817, approuva le projet de statuts généraux ainsi
i (1) M. le Baron Majouet,
20 MÉMOIRES. qu’une liste de onze Membres qui lui avaient été présentés et qui, adjoints aux cinq antiens accadémiciens encoré existans à Arras, devaient former le noyau de la nouvellé Société, et completter ensemble le nombre des résidens. Monsieur le Préfet, par un nouvel arrêté du 7 mai; ordonna l'installation de la nouvelle Société , et la nomina- tion par ellé des 14 Membres qui devaient éompletter lé nombre de trente résidens. L'installation fut faite le 15 du même mois par M. Lallart, Maire de la ville d'Arras, et le procès-verbal de cette cérémonie, dressé en sa présence , et signé des Membres rassemblés , fut transmis à Monsieur lé Préfet, : Immédiatement après cette installation ; la Société se constitua sous là présidence provisoire de M. Thieulaire d'Hauteville, l’un des anciens académiciens , doyen d’ägé patmi les Membres présens ; M. Garnier, le plus jeune, Fut chargé des fonctions de Secrétaire. Ensuite, elle procéda ; sans désemparer , à la nomination des Membres qui devaient Ja completter. . Les séances suivantes fürent consatrées à la formation du bureau.
Un article des Statuts avait prescrit à la Société l’obli- gation de déterminer , par ua règlement particulier , l’ordré et la distribution de ses travaux , le nombré et la tenué de ses séances , la régularisation de ses dépenses , et géné- ralement tout ce qui devait concerner son régime intérieur.
On lui avait fixé le terme de six mois pour la rédaction de ce réglement , et en conséquence , elle chargea , dans sa séance du 27 juin 1817, une commission d’en préparer le projet. Cette commission emplova tout le mois de juillet à la confection de son travail , qu’elle présenta à la Société dans sa séance du 2 août suivant , et la discussion en fut
MÉMOIRES, _ 24 ouverte aussitôt, mais elle était d’une si haute importance que cinq séances consécutives lui furent consacrées pres- qu’exclusivement , et ce ne fut que le 5 novembre que la rédaction définitive en fut adoptée, transcrite sur le registre. des délibérations et sizn'e de 26 Membres.
À peine la Société eut-elle completté par cet acte son,
oanisation définitive, qu’elle s’empressa d'inviter plusieurs -
hommes éminemment recommandables par leurs talens et. leur mérite supérieur à partager les nobles travaux qu’elle venait de s'imposer. |
Cet appel ne fat pas infructueux ; les uns sous le titre de Membres honoraires ont bien voulu laisser refléchir l'éclat de leur nom sur la Société, et les autres, sous le titre : de Membres correspondans, lui ont assuré pour l'avenir une ample moisson de matériaux littéraires dont la Société fera: jouir ses concitoyens à mesure qu'ils lui parviendront.
La liste de tous ces Membres, ainsi que celle des résidens,. sera insérée dans la première livraison des Mémoires qui doivent être publiés.
Déjà, dans sa séance du 2 août 1817, la Société avait été invitée par M. le Préfet , à prendre connaissance d’un projet de Code rural rédigé par ordre du Gouvernement. M. le Préfet priait la Société de lui transmettre les réflexions que la lecture de ce projet pourrait lui faire naître, pour être envoyées à Son Excellence le Ministre de l’intérieur. Une commission spéciale fut chargée de présenter un travail sur cet objet. Mais, l’immensité des détails que renferme ce Code , et la variété des articles dont il se compose , ayant obligé cette commission à mettre dans Jeur examen toute l'importance que cette matière nécessite, ce n’est que dans une des dernières séances qu’elle a pu présenter son rapport à la Société qui le discute dans ce moment, et espère
22 | MÉMOIRES. pouvoir soumettre le résultat de ses méditations À M. le Préfet , assez à temps pour que ce résultat soit mis sous les yeux du Gouvernement avant Îa prochaine session des Chambres législatives. M
La Société considérée dans son institution, comme suc- cesseur immédiat de l’ancienne Académie d'Arras , a regardé comme un devoir sacré pour elle le besoin qu’elle a éprouvé de manifester ses sentimens et d'adresser son hommage à la
mémoire de cette compagnie. ÉMe chargea, en conséquence,
une commission de faire les recherches nécessaires pour parvenir à former l’historique de l’ancienne Académie et de présenter une analyse raisonnée de ses travaux depuis san origine jusqu’à sa dissolution. Le résultat de ces recherches forme, ainsi que j'ai déjà eu l'honneur de vous le dire, l’objet d’un Mémoire qui sera inséré dans sa collection. Mais, le plus important des devoirs de la Société, était celui de fixer ses regards sur l’encouragement de l’industrie dans la ville d'Arras ; elle n’ignorait pas qu’il y existe deux nouveaux établissemens susceptibles par leur intérêt, de fixer toute lattention des citoyens, et Ha protection de l'Autorité. Déjà, dans les premières séances de sa formation, elle avait donné un témoignage de sesintentions à cet égard,
en appellant dans son sein lés déux chefs de ces établisse-
mens; mais ce n'était pas tout , la Société voulant les encourager d'une manière plus directement utile , résolut de prendre une connaissance particulière de leur régime , et de
publier les résultats que cette connaisance lui aurait donnés. Elle envoya , en conséquence, des commissaires dans chacun
des établissemens , et leur donna la mission spéciale d’en étudier le mécanisme et les procédés , et de lui présenter un rapport circonstancié sur chacun.
Le premier est la fabrique de sucre de betteraves élevée
par
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Fe d
MÉMorres. 23 par M. Crespel d’Ellisse, dans la basse - ville, près les promenades. Vous avez sous vos yeux, Messieurs, quelques échantillons des produits de cette fabrique et vous serez peut-être étonnés d'apprendre , maïs vous l’apprendrez avec plaisir , que l’état de paix ne peut point , comme on le pensait, porter atteinte à la prospérité de cet élablisse- ment. Il est tellement perfectionné dans ce moment , qu’il met dans le commerce une moscouade plus blanche et plus sèche # celle provenant de la canne à sucre, au prix de o ". go‘. à 1 ©. le demi-kilogramme , ou livre de por tandis que la moscouade de canne se vend de 1 “: 20°. à 1 Fr, 40°. le demi-kilogramme. Les détails intéressans que présente cet établissément sont consignés dans un mémoire dont un membre de la Société va vous donner lecture. Puisse-t-il contribuer à appeller l'intérêt et la confiance du public sur cette fabrique , dont les succès tendent à délivrer notre patrie d’un tribut onéreux envers létranger , puisque la France ne possède, pour ainsi dire plus, aucune des Colonies où croît la canne à sucre.
Le second établissement est celui des constructions de machines formé à Blangy , par M. Hallette fils, Ingénieur- mécanicien , pour le service des usines de tout genre , mais plus spécialement de celles destinées à la fabrication des huiles , dont le commerce est une des plus peine richesses de l’Artois.
La réputation de M. Hallette comme habile conéléacteur est aujourd’hui tellement étendue, non seulement dans le Département, mais dans la France et même chez l'étranger, que son nom seul deviendra bientôt le garant de la perfec- tion des machines qui sortiront de ses ateliers ; ainsi, sous ee rapport, peut-être, son établissement pourrait se passer de l’encouragement .et de l'approbation de la Société ; mais
L 1. Livr, 3
t
54 MÉMOIRES.
si cet encouragement n’est plus utile à M. Halletie, fl est du devoir de la Société de faire tous ses efforts pour déter+ miner les citoyens de la ville d’Arras et les habitans dû Département à profiter, les premiers ; des avantages que présentent les machines des ateliers de Blangy.
M. Mallette, fils, doué par la nature du génie de là mécanique, ayant été frappé des vices innombrables que présentent les moulins dans leuür construction , à conçu divers projets de perfectionnement , qui tous ont reçu la sanction de l’expérience , et les propriétaires ou fabricans dont il a dirigé les travaux se félicitent aujourd’hui de leur confiance et rendent hommage ä8es talens.
Je m’abstiens de vous donner une description des ateliers de M. Hallette ; vous en verrez les détails dans le rapport qui a été fait à la Société, et dont elle a jugé convenable qu’il vous fut donné lecture dans cette séance.
Quelqu'attrait que présente l'étude des Sciences exactes et leur application aux Arts utiles, ne croyez pas, Messieurs, que la Société s’en soit fait une occupation exclusive ; elle n’a point sacrifié aux Sciences l’étude des Belles-lettres; elle sait trop combien celles-si influent puissamment sur le bonheur des hommes; elle n’ignore pas que les Belles-lettres excitent et récompensent , à la fois, les vertus guerrières et civiques, en signalant à la reconnaissance des nations, ceux qui se sont distingués par la pratique de ces vertus. Aussi, a-t-elle accueilli avee un véritable plaisir plusieurs mémoires et morceaux de poésie qui lui ont été présentés et dont quelques-uns vont vous être lus. Vous distinguerez surtout parmi ceux ci l'ouvrage d’un des jeunes citoyens de cette ville, Membre résident de la Société, et déjà avantageusement connu par
MÉMOIRES: | 25
Qrelques pièces fagitives, qui lui ont fait oblenit dessuccès dans cette carrière si brillante, mais si difficile. |
La Société éprouve le regret de ne pouvoir faire connaître en ce moment, tous les ouvragés que chacun de ses Membres lui a remis; les bornes naturelles d'une séance publique ont dû lui servir de régulateur dans le choix qu’elle en a fait; mais elle se console par l’idée que tous ces ouvrages seront mis sous les yeux du public dans les Mémoires de la Société Cependant, elle croit ie C d'avance, vous en donner la nomenclature.
M. Bergé de Vassenau, l'un des Membres résidens, est l'auteur du mémoire dont j'ai eu l'honneur de vous parler sar l’historique et les travaux de l’ancienne Académie d'Arras. à
L'un de Messieurs les Professeurs du, Collège nous a annoncé et promis un précis historique de l’enseignement.
. M. Pellet d'Epinal, lan de nos Membres correspondans ; ous à envoyé plusieurs morceaux de poésie, dont deux vont être lus dans cette séance. oo
M. Henry, de Boulogne, nous a transmis un mémoire antéressant sur un monument Druidique dont on voit encore les restes au village de Ferques, près Landrethun:
Û
M. Courdent de St. Vénant nous a adressé la relation dé son voyage à Taäbago, en forme de lettres écrites en prose mêlée de vers.
© M. Caventou, fils, de St Omér, Pharmacien à Pariss après nous avoir envoyé un examen chimique de la Coche- nille et de sa matière colorante, qui a été lu à l’institut le 20 avrildernier , s’est empressé dé nous annoncer la découverte qu'il vient de faire, conjointement avec M. Pélletier, d’une
26 MÉMOIRES.
npuvelle substance alkaline qu’ils ont soumis, le 10 de te: mois, à l’Académie des Sciences de Paris. M, Caventou
nous enverra son mémoire aussitôt qu'il sera rédigé ; il
nous annonce d'avance , que ce nouvel alkali, extrait de la
noix vomique et de la fève de St. Ignace , a reçu le nom
dela Vauqueline,commeunhommage au célèbre Vauquelin,
qui a le premier entrevu des propriétés alkalines dans les
substances végétales,
M. Mutel, de St. Die. a offert à la Société un essai sur la nymphomanie, et il Jui a soumis un éloge, qu’il va publier , du célèbre Parmentier.
M. Leviez, Directeur de l'école de médecine, a présenté un essai sur les maladies particulières au Département du Pas-de-Calais , et sur les causes qui les produisent.
M. Williaume, Médecin, a envoyé un mémoire sur les sépultures des anciens ; son collègue, M. Mercier, a donné un ouvrage qui a pour titre : Considérations sur les causes de la phtisie pulmonaire, plus particulièrement be chez les femmes.
__ Outre les deux rapports dont j'ai eu l'honneur de vous parler sur les établissemens d'Arras, M. Aimé Burdet, Membre résident de la Société, a lu un mémoire sur les: distilleries de St. Omer ; une description de l’ile de Tino, dans le golfe de la Spezzia , et il a annoncé un essai sur les pro- priétés et le tracé des courbes horizontales équidistantes , suivi de la .comparaison de ces courbes avec les lignes de plus grande pente et de leur emploi dans les reconnaissances militaires; il a donné ensuite, au nom de son frère, Membre correspondant, deux morceaux de poésie, dont Jun est intitulé l'Avocat conscrit, et l’autre vers à une
MÉMOIRES, 27
Dame qui veut convertit son jardin —. ex an à jardin anglais. | |
M. le Chevalier Allent, Conseiller détat, Pan des Mem-
‘bres honoraires , a envoyé à la Société nn mémoire sur les surfaces d'équilibre des fluides imparfaits. |
M. Anthelme Costaz a donné l'essai qu’il vient de publier sur l'administration de l’Agriculture, du Commerce, des Manufactures et des Subsistances.
M. Godefroy, Membre correspondant, à st. —. a fait remettre un traité sur la Mac quia ravagé la Navarre en 1812. +. |
- M. Duchateau, Ehirurgien à Arras, a tu an mémoire sur la topographie médicale de cette ville,
Enfin, M. Raymond, Ingénieur géographe, Fun des Membres correspondans, a envoyé un exemplaire desa belle carte physique et minéralogique du Mont-blanc et des montagnes et vallées qui One: carte qu'il a pod. dessinée et gravée lui-même: |
me énumération que je viens. de VOUS faire des ouvrages des Membres de la Sociélé ne doit pas exclure ceux des ama-
teurs qui ont bien vouju prendre part à ses travaux.
‘M. Armand Fromentine, d'Arras , a donné une ode sur le pouvoir de la musique, avec cette épigraphe : « Dos sen =. sibilité fait tout notre génie, » —
M. Périnet, ancien professeur à l'hôpital militaire da.’ Val-de-grâce, a communiqué un mémoire sur les moyens de préserver l'eau potable de la corruption dans les de de long cours.
- La Société remercie ces.auteurs de leurs louahles efforts
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et elle Îles réunira à ceux de ses propres Membres ue la collection qu’elle doit publier. : . Telle est jusqu’à ce jour, Messieurs, l'analyse que la Société royale d'Arras peut vous présenter de ses premiers travaux; elle ne se dissimule. pas qu'ils ne sont point eu rapport avec l'importance de son institution; mais elle attend de'puissans secours du tems et du zèle de ses. con- citoyens, et elle ose se flatter que ces travaux offriront , dans les années suivantes, des résultats plus étendus et une influence plus marquée sur l'amélioration des Sciences, des Æettres et des Arts daus le Département du Pas-de-Calais; du moins elle ne néglisera rien pour atteindre ce but. Elle provaquera, autant qu’il sera en son pouvoir, la propaga- tion des méthodes d'Agriculture déjà reconnues générale ment utiles et qui n'ont point encore été introduites dans le Département ; elle s’effarcera de faire adopter l'emploi des machines récemment inventées pour préparer, sans le pernicieux concours des, eaux stagnantes, le chanvre et le lin , qui font la richesse de l'arrondissement de Béthune. I]
entre dans ses vues de rechercher les moyens de fabriquer les
plus beaux fils à dentelle, pour élever, s’il se peut, dans cette partie, Pindustrie des Han + Artois au niveau de celle de leurs voisins. : . -
Elle attirera l'attention des bons citoyens, vers les objets d'utilité publique, je dirais même ,-de première nécessité, qui manquent à la ville d'Arras, Quelle opinion , en effet, V'élranger prendrait-1 de la capitale de l’Artois, si dans la descriplion, d’ailleurs intéressante, qu’on pourrait lui en
faire, on lui disail: que malgré une rivière et de belles
sources qui passent au pied du coteau sur lequel elle est bâtie , il n’existe dans cette ville aucune fontaine publique, et que 5es habitans sont réduits à l'usage de puits très-
MÉMOIRES, 29 profonds, dont une grande partie ne fournit que des eaux séléniteuses, etqui , par conséquent, ne sont point potables; sion lui disait : que la ville d'Arras, centre du plus beau et du plus riche commerce du nord de la France , celui des grains, ne possède pas une seule halle, tandis que toutes Jes villes voisines, qui s'efforcent de lui enlever cette saurcg de. rithesses, offrent aux négocians des halles sûres. et <ommodes. « Monintention n’est point de. dons: ici la nomenclature . des: améliorations que réclame la ville d'Arras, car il ne s'agit pas seulement de dérouler le tableau du bien que log veut faire , mais d’entrenrendre. ce bien et de le mettre à exécution avec cette sage lenteur qui commande la con: fance publique et: qui assure son saccès.
Je terminerai ce compte rendu des travaux de la Société par l’annonce. des sujets. d’un eençours qu’elle a résolu S'ouvrir pour l’année.18r0,
La Société propose dans ce concours la solution de deu questions d'économie rurale , ét elle invite les amateurs des Belles-lettres à traiter deux sujets qui intéressent la gloire de la ville d’Arras et du département du Pas-de-Calais.
Sur la première question , elle ofre.-une .midaille d’or de da vileur de 360", à Pauteur du meilleur mémoire sur les moyens d'introduire la culture en. grand de la pomme de terre dans les divers systèmes d’assolemens. en usage dans de Département. du. Pas-de-Calais, et sur les avantages qui en résulteraient.
Depuis son' introduction en France , la pomme de terre est cultivée dans ce Département; mais, jusqu’en 1816, sa culture avait pris peu d'extension, et les produits qu’on en retirait, n’augmentaient pas , sensiblement , la masse de <baque récolte; les cultivateurs ne plantaient que ce qu’il
30 MÉMOIRES.
fallait pour leur propre consommation, et bien peu son- geaient à en faire un objet de commerce. Il s’en consommait encore moins dans les villes, dont les habitans étaient loin de penser que la pomme de terre pouvait, sans aucun inconvénient, et souvent encore, avec une grande éco= nomie , être substituée au pain,
Les deux années qui viennent de s’écouler ont fait con- naître tous les avantages que l’on peut retirerde ce tubercule; aussi sa culture en est-elle considérablement augmentée, et, pour beaucoup de cultivateurs, elle est devenue l’un des objets les plus importans de leurs travaux.
: La Société, persuadée qu’il importe de donner le plus dextension possible à cette culture, et surtout d’en assurer la continuité , a cru devoir appeller l'attention des Agricul- teurs sur les résultats que pourrait avoir la culture en grand de la pomme de terre, en combinant cette culture avec les divers systèmes d’assolemens suivis dans le DER RER du Pas-de-Calais.
+ Elle désire que cette note soit examinée had ment sous ces deux points de. vue : 1.° Relativement aug terres qui sont laissées en jachères à des intervalles pério» “ques plus ou moins rapprochés ;
2.° Relativement aux terres qui produisent chaqueannée. + Dans le 1. cas, il conviendrait de chercher si la culture de la pomme de terre peut être substituée aux jachères;. où si, du moins, elle peut être introduite dans la période de l’assolement , de manière à augmenter cette période d'une ou plusieurs années; et dans l'hypothèse où il faudrait se borner à substituer la pomme de terre à un autre produit, quels seraient les résultats de cette substitution ?
+ Dans le second cas, c’est-à-dire , relativement aux terres qui produisent chaque année , il faudrait également déters
MÉMOIRES. st
miner quelles sont les plantes après et avant lésquelles l'expérience a prouvé qu'il était plus convenable de planter la pomme de terre , et quelle différence de valeur il pourrait avoir entre le produit en pommes de terre et celui auquel | il serait reconnu avantageux de le substituer.
Il est indispensable que les mémoires qui seront adressés à la Société sur cette matière ne soient pas établis seulement sur des calculs et des considérations bypothétiques ; ; ils devront avoir pour base , soit des expériences faites dans le Département même , soit au moins les résultats d’expérien- ces faites hors du Département , , mais dont les conséquences seront applicables à la nature de son sol et aux divers modes de culture qui y sont en usage.
Seconde Question. L Quels sont les moyens les plus bn de pole
L chaume dans les couvertures des habitations rurales , o1s tout au moins, de faire disparaître les dangers et les i incons æéniens de cette espèce de couverture ?
Tout le monde connaît les dangers et les inconvéniens que présente l’usage malheureusement trop commun dans ce pays, de couvrir les babitations rurales en chaume , et chacun hâte de.ses vœux l’époque où cet usage, déjà pros- crit par l'Autorité dans plusieurs Départemens , le sera dans celui du Pas-de-Calais; mais cette proscription peut - elle avoir lieu sans porter un grand préjudice aux habitans pauvres des campagnes , dans l’état actuel de l’art du couvreur ? |
Il est constant que le mode de couverture en chaume est le plus économique , tant pour la charpente que pour la toiture ; maïs on est fondé à croire qu'il ne présente que ce
seul avantage , car l'exemple des eultivateurs aisés qui se 5
Ba MÉMOIRES:
hâtent de couvrir leurs granges en tuiles ; ou -en ardoises. peut ne pas laisser croire aux prétendus avantages qu’on attribue exclusivement au chaume pour la conservation des _ grains. . ss
L'économie, la légèreté jointe. à la solidité et l'incombustie bilité; ou du moins l’impossibilité de propager les incendies, telles sont les conditions essentielles du problème dont là Société propose la solution-en demandant un nouveau mode. de couverture pour les habitations rurales,
Déjà, plusieurs moyens ont été présentés aux Sociétés dvanies pour remplir ce but. On a proposé d’enduire les couvertures ,; les uns d’une composition de craie, de goudron et de sable ; les autres, d’un mastic composé de chaux vive, de rognures de peaux de gant, ou biea d’une pâte formée par la macération des plantes qui ont un suc laiteux ou visqueux tels que l’euphorbe, les racines de chicorée, les menues branches de figuier. Un anglais, M. Loudon, a imaginé de substituer aa chaume, des cartons incombustibles dont il a donné fa composition. If assure que les fermes en Ecosse, et plusieurs manufactures des comtés d’Yorck et Herts' sont couvertes de cette manière ‘et'que cette méthode présente de grands avantages ; mais Vincombustibilité n’a pas paru assez démontrée:
La Société désire que ce but soit rempli en France avec des moyens analogues , et elle offre , à cet effet, une - médaille d’or de la valeur de troïs cents francs.
Le sujet de poésie est : Re 1 __ Une ode sur la délivrance d’ Arras , par le maréchal de
Turenne, le 25 août 1634.
Le Roi St. Louis, ayant érigé le comté d'Artois en ces de son frère Robert , les descendans de ce prince s’y succé- dèrent jusqu’en 1369, que Marguerite de Flandres, Fun
MÉMOIRES, 33
d'eux ; épousa Philippe duc de Bourgogne ; dans la maison duquel le comté d'Artois fut dès-lors transporté. .
Cependant Louis XI révendiqua cette possession et prit la ville d'Arras le 3 mars 1477; mais une surprise de nuit l fit rentrer le 5 novembre 1492 sous la domination des ducs de Bourgogne, et c’est comme héritier de cette maison que l'Empereur Charles-Quint , fils de Philippe archidue Autriche , et de Jeanne FAURE la posséda et en fit une province ER ;
Ce ne fut qu’en 1640, sous le _— de Louis XI que Ja ville fut prise par les Français conduits par les maré- chaux de Chatillon, La Meilleraye et de Chaulnes , à la vue d’une armée Espagnole beaucoup plus nombreuse que
celle des assiégeans , et commandée par le Cardinal-Infant ‘Ferdinand, frère de Philippe IV.
Les Espagnols, quoique déjà humiliés et battus à Rocroÿ et à Lens, voulurent reprendre Arras et en commencèrent le siège en juillet 1654 ; mais déjà Turenne conduisait les Français x ha victoire ; il accourt de: Stenay, bat complète- ment l'armée Espagnole le 25 août suivant, délivre la ville menacée dune domination étrangère , , et en assure la possession à la France , à qui elle fut reconnue par le traité des Pyrénées ‘de 1659. HE
La Société propose ces deux évènemens et surtout Île dernier, pour sujet d’une Ode qui en ferait sentir l'impor- tance , puisque c'est à ces événemens que les habitans de PArtois doivent le titre glorieux Français qu ils avaient perdu pendant 148 ans.
Le prix sera une médaille d’or de la valeur de 200 fr, " Le'‘second sujet de littérature est : | .
7 L'éloge historique de Monsigny. ES :
Une galerie des hommes illustres du pays, doit êlre pour
34 MÉMOIRES.
æhaque ville, le plus beau monument dont elle à droit de s’énorgueillir. Semblable à la mère des Gracques, elle montre ‘ses enfans à l'étranger, comme ses plus beaux titres à la gloire , et elle les met sous les yeux des citoyens, comme des modèles à suivre. |
Monsigny a acquis dans la carrière des beaux arts une renommée européenne, et Monsigny est né à St. Omer, l’une des principales villes du département du Pas-de-Calais.
La Société voulant rendre un hommage éclatant à son génie, donnera une médaille d’or de la valeur de 200 fr. à l'auteur qui aura le mieux traité l’éloge historique de ce. célèbre musicien. |
Clauses et conditions du Concours.
Les morceaux de poésie, les mémoires , descriptions, ren- geignemens , échantillons , seront adressés franc de port, au Secrétaire perpétuel de la Société royale d'Arras pour J’encouragement des Sciences, des Lettres et des Arts. Ils. doivent étre remis avant le 15 juillet 1819. Ce terme est de rigueur.
Les étrangers au Département , ainsi que les Membres corréspondans de la Société, sont admis à concourir; les Membres honoraires et les Membres résidens sont seuls exclus du concours.
Les concurrens ne mettront pas leurs noms à leurs: mémoires , mais seulemeut une devise, etils y joindront un billet cacheté, renfermant la même devise, leur nom, et l'indication de leur domicile.
Les prix seront décernés dans la séance pablique. du mois d’août 1819 , etles médailles seront remises à ceux qui auront obtenu ces prix , ou à leurs fondés de pouvoirs.
L : ‘Lo
ÉLÉGIE SUR LA MORT D'UN A MI.
| Le sort L fait les parens, le choix fait les amis, DeztLre, EE ADIEU gaîté, plaisirs, aimable ivresse : : Doux sentimens qui faisies mon bonheur: Mon cœur navré que flétrit la tristesse Peut - il encor goûter votre douceur ? Sourde à mes cris la mort inexorable, O mon ami! viens donc nous séparer! Po Tout m'est ravi dans mon sort déplorable Hors la douceur , hélas ! de te pleurer. Un doux penchant nous unit dès l'enfance: Tout, entre nous, fut toujours de moitié.
. Tout est commun, et plaisir et souffrance, Aux cœurs qu’anime une tendre amitié, Éprouvait - il une secrète allarme ?
Mon cœur savait la lui faire oublier:
Et si mon œil répandait une larme, C'était sa main qui venait l’essuyer, Momens heureux ! délicieux délire ! Comme un éclair vous êtes disparus,
Je reste seul, seul je pleure et soupire; Un tendre ami ne me console plus.
De ses beaux jours, pourquoi dans ta colère, Destin cruel, éleins -tu le flambeau ?
Ne pouvais tu, sensible à ma misère, En l'épargnant m'entraîner au tombeau ? Mais non : ma mort eut obscurci sa vie; Aurait- il pu s'en consoler jamais ?
LP
86
MÉMoIREs.
Fe l’ai perdu, mäis sa péine est finié #
Je souffre encor, mais il repose en paix:
Près de la tombe où j'ai placé ta cendre,
Je te viendrai raconter ma douleur.
Peut-être encor ton ombre peut m’entendre. ; à Je jouirai de cette douce erreur.
Au sein du Dieu, père de la nature; . Goûte la paix qui doit t’appartenir ;
Et plein d'espoir j’attendrai sans murmure, . L'instant qui doit, ami, nous réunir. : Auguste COT, Wembre résident.
Are ere eenmemmenammnmanauummav ie LES ROSES, L'IMMORTELLE ET LE SCARABÉE.
FABLE,
DAXxS un parterre’ orné dè mille fleurs ,
Des Roses étalaient leurs brillantes couleurs; Et tour-à-tour chacune d'elles Rabaïissant Péclat de ‘sa:sœur,
Disait ‘en s’admirant : je suis bien a plus belle!
Mes feuilles ont plus de fraîcheur,
J'exhale une plus douce odeur, . Peut-on nous mettre en parallèle ? Elle a quelques attraits, j'en conviens, di par Je dois avoir la préférence, - . C’est aïnsi que la suffisance Les aveuglait également. Charmés d’un éclat éphémère, Tous les papillons d’alentour A chaque rose tour-à-tour , En voltigeant faisaient leur cour : Et doucement de leur aile légère
MÉMOIRES 5ÿ Caressait leur joli contour, | Dans un éoin rétiré, la modeste Immortelle * En soupirant écoutait leurs -discours; : IL est donc vrai, se disait- elle, ‘ La beauté seule ‘plaît toujours ! : Un Scarabée, qui sous l’ombrage, - En réfléchissant reposait , : Entend la fleur qui gémissait. IL s’en approche et dit: que vous êtes peu sage! » Sur votre sort pourquoi gémir ? , » Plus que vous la Rose est à plaindre. » Des injures du temps vous n’avez rien à craindre, » Tandis qu'un souffle va flétrir », Cette fleur qu’on trouve si belle ; » Un jour la voit naître et périr, » Et l’âge ne saurait ternir . L'éclat plus. doux dont brille l'Immortelle, | » N’enviez donc pas le destin » D'une Meur qui n’a qu’un matin: » Qui plaît d’abord, mais qui passe si vite, » Et plaignez-la plutôt de sa fragilité » Les Roses peignent la beauté ; L’'Immortelle, c’est le mérite. Auguste Cor, Membre résident. ELLE N'EST PLUS. | ROMANCE.
ÿ
e,
DANS les langueurs de la mélancolie Pourquoi vouloir consumer tous tes jours? Ces pleurs que tu répands toujours Ne te rendront pas ta Délie, :
58
MÉMOIRES. Vain discours! efforts superflus! | Inutile conseil que mon cœur ne peut suivre ! Quel charme encor puis-je trouver à vivre? Elle n’est plus.
C’est vainement qu'’étalant tous leurs charmes Mille beautés m'invitent à jouir. Quel éclat pourrait éblouir Des veux obscurcis par les larmes ? _ Vain espoir! efforts superflus! Du fond de son tombeau c’est sa voix qui m'appelle. Quelle autre encor peut me paraître belle ? Elle n’est plus. |
Riants berceaux que le printems décore Soyez pour moi asile de la paix. Souvent sous votre ombrage épais L'infortuné sourit encore. Vain espoir! efforts superflus! Partout à mes regards la nature est la même. Est-il encor un asile que j'aime? | ù Elle n’est plus. | Sur la montagne où s’égarait Pindare Ç Cherchons la gloire et des sentiers nouveaux: | Heureux d’éclipser mes rivaux Triomphons d’un astre barbare. Vain espoir! efforts superflus! Que me font ces lauriers que l'éclat environne! | Sur mes cheveux qui ceindrait la couronne ? Elle n’est plus. |
PELLET D'ÉPINAL, Membre correspondant.
RAPPORT SUR L'ANCIENNE ACADÉMIE D’ARRAS,
Par M. BERGÉ DE VASSENAU, Membre résident,
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MESSIEURS,
Lonsque les institütions les plus utiles et les plus révérées n'ont pu résister au torrent des révolutions, celles d’un ordre moins élevé et qui prospéraient à l'ombre de la paix devaient être naturellement emportées par ce torrent dé- vastateur ; mais , lorsque la tempête est appaisée, lorsque l'édifice social est replacé par une main habile sur des fon- demens durables , lorsqu’enfin un Prince auguste, fort de ses vertus et de notrè amour, nous ramène le bonheur, les institutions renaissent , les Muses reviennent de leur exil , et les Sciences, les Lettres et les Arts reprennent leur empire. |
L'Académie royale d'Arras 8e livrait à ses nobles travaux littéraires, el propageait le goût de l'étude dans la province d'Artois, quand la révolution française éclata ; vous con- naissez, Messieurs, tous les évènemens qui eurent lieu depuis cette époque, et je dois me borner à vous rappeler que l’Académie royale d'Arras fut supprimée, comme toutes les autres Sociétés savantes, par un décret du 8 août 1793.
Sous un gouvernement réparateur, aussi soigneux de ce qui peut contribuer à la gloire de la France que de ce qui doit consolider notre bonheur, le culte des Muses devait nécessairement être encouragé: par une conséquence de ce principe, M. le Baron Malouet , alors Préfet de ce Départe- ment et qui accorde uneproteclion éclairée aux vues d’utilité
L 2°" Livr, 4
40 sm & mOIRES,
publiqne, pui un arrêté le 22 mars 1017, pour rétablit l’ancienne Académje, sous le titre de Société rovale d’en- couragement pour les Sciences , les Lettres et les Arts.
Cet arrété a été approuvé le 2 mai suivant par le Ministre Secrétaire-d'Étatde l'intérieur, et, par suite, la Société royale d'Arras a été constituée : ainsi sa restauralion parlirulière se lie à la restauration générale à laquelle nous devons tant de bienfaits. |
_ À peine, Messieurs , 14 Société royale d'Arras a reçu son organisation définitive que vous avez exprimé le désir de connaître l'historique de l’ancienne Académie et d’avoir J'analyse de ses travaux depuis son origine jusqu’à sa disso- lution. Dans votre séance ordinaire du 4 février dernier vous avez chargé une commission de faire à ce sujet les recherches nécessaires. |
Organe de votre commission , je viens aujourd’hui mettre
sous vos yeux le rapport que vous avez demandé, | La province d'Artois , incorporée au royaume de France par la puissance de Louis XIV , était anciennement le pays des Gaules le plus civilisé; la fertilité de son sol , le voisinage de la meret le goût des habitans pour le commerce en firent envier la conquête long-tems avant que Jules César rangeât cette partie de l’Europe sous la domination romaine : pen- daut plusieurs siècles cette province a continuellement été le théâtre de la guerre et elle est devenue lapanage des. puissances qui l'environnaient, Depuis la renaissance des, Lettres elle appartint tantôt à la France , tantôt à l'Espagne, tantôt à la maison de Bourgogne, en.surte qu'aucune langue ue put s’y fixer : l'idiôme du pays fut un composé de ceux des nations qui la possédèrent tour-à-tour et les Arts yfr ent peu de progrès.
La tranquillité du règne de Louis XV, les fées
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MÉMOIRES: … éi
députations à la cour et l'admission de plusieurs élèves Boursiers au collège Mazarin, établirent des relations plus immédiates avec la capitale-du royaume et firent naître ce goût des Lettres que nous n’hésitons pas à regarder comme l'une des principales causes auxquelles l'Académie royale d'Arras dût son origine. |
Les commencemens de rette Aie remontent à V'année 1737 ; il s'agissait seulement alors de fomer une liste de.souscripteurs dont le nombre ne devait pas excéder cinquante et dont le but était de se rassembler pour lire, à frais communs, les écrits périodiques les plus intéressans publiés dans les divers états de l’Europe.
Les souscripteurs, réunis en séance le 7 décembre 17375 choisirent pour protecteur M. le Prince d’Ysenghien, Gou- verneur dé la province, et sollicitèrent ensuite, par son intermédiaire, des lettres patentes du Roi; une lettre ministérielle , du 13 mai 1738 , autorisa l’association , avec promesse de l’érigér en Académie lorsque les associés auraient fait des progrès dans les différens genres de littérature.
En vertu de cette autorisation ministérielle , la Société prit une forme régulière : composée de quarante membres qui choisissaient parmi eux un Directeur et un Chancelier tous les ans et un Secrétaire perpétuel, elle se donna un réglement qui reçut l'approbation de M. le Prince d'Ysen- ghien , elle résolut de se livrer à des recherches sur l'histoire de la province et à des discussions sur les principes, le * génie, le goùt et la délicatesse de la langue française : le sceau dont elle fit choix représentait de jeunes aïglons essayant leurs aîles sur le bord de leur nid, avec cette devise : Vecdum viatu audacr,
Le nombre des associés honoraires n’était point limité ; il «'éleva même par la suite jusqu’à 68, parmi lesquels on
42 MÉMOIRES.
voit figurer Mesdemoïselles de Kéralio, Lemasson et Ductaiellie.
‘ La Société s’assemblait tous les samedis, depuis 5 heures du soir jusqu’à 7, dans un local loué à cet effet et situé sur Ja grande place; en 1743, elle transféra le lieu de ses réunions au palais du Gouverneur, où elle tint sa première Assemblée le 6 juillet même année : elle avait au moins tous les ans uhé séance publique; la première de ces séances solennelles eut lieu le 14 juin 1738, sous là pré- sidence de M. le Prince d'Ysenghien. _ | Une bibliothèque fut formée aux dépens des sociétaires ; chacun d'eux fut d’abord obligé de fournir quatre volumes, én conservant la faculté de les retirer chaque année, pourvu qu'il les remplacÂt par quatre autres.
Par une résolution du 14 mai 1540, la Société reconnut que ce mode était sujet à trop d'inconvéniens ; elle décida que les associés donneraient pour toujours à la bibliothèque un petit nombre de volumes à leur choix. | _ Par suile d’une autre résolntion, du 8 février 1749, € ces mêmes livres furent marqués en lettres d'or des mots: Soc. lit, d’ Arras. | |
_ Nous ferons remarquer en passant que M. le Prince d'Ysenghien fit hommage de son portrait à la Société, qui le placa dans la salle de ses séances. A la morte ce‘ protecteur, M. je Maréchal Duc de Lévis lui succèda dans la même qualité. Nous ajouterons que Îles Dames assistérent pour la première fois aux réunions de la Société, le 25 mars 1748, et que ce fut en 1777 que le sceau actuel fut subs- titué à celui qui avait été primitivement choisi. .
En 1760, M. le Comte de Conturelle , ancien Chancelier de la Société mit sous les yeux de l’Electeur Palatin, dont . il était Chamlellan, une pièce de vers dans laquelle
MÉMOIRES, 45 M. Harduin , Secrétaire perpétuel , faisait l'éloge de l'Elec- teur et de son auguste “pous Leurs Altesses, flattées de cet hommage, envoyèrent'à la Société une très- belle mé‘aille d’or du Rhin, portant d’un côté l'effigie du Princes de l'autre celle de la Princesse , avec cette inscription com- posée par l’Electeur lui-même : 14 lœti Musis damus dtrebatensibus ambo 1360: M. Harduin reçut une semblable n:édaille avec cette autre inscription: Munificentié utriusque tenet D. Harduinus 1760. |
Ce poëte Artésien s’empressa d'exprimer sa reconnais- sance par des vers qui ne sont M SOL. ni de grâce ni de facilité,
L'année suivante , la Société dùt encore à la munificence de l’Electeur Palatin une suite de médailles d'argent qui portent l'effigie de 29 Princes de sa maison et la sienne ; sur celle-ci se trouve gravée cette inscription, composte comme les précédentes, par l’Electeur : Aérebatum Musis meque meosque dedi 1361 - | | |
Un Membre honoraire, M. le Comte de Riaucourt, Ministre plénipotentiaire du feu Roi de Pologne à la Cour palatine , adressa, en 1763, à la Société deux grands in-folio contenant, outre les portraits de Leurs Majestés polonaises, cent belles estampes d’après les plus célebres tableaux de la galerie royale de Dresde,
Mais une faveur plus grande devait être enfin accordée à la Société; des lettres patentes du Roi, du mois de juillet 1773, l’érigèrent en Académie royale des Belles - Lettres, dans les termes les plus honorables. |
Ces lettres patentes fixaient à 30 le nombre des Acadé- miciens ordinaires, permettaient à l’Acadéinie de recevoir : le nombre qu’elle jugerait à propos d’associés exterues où . Louoraires, coufirmaient les statuts etréglemens, laissaient
44 MÉMOIRES,
Je choïx d'un sceaa pour sceller les actes et accordaient À ées Membres les honneurs, privilèges, franchises et libertés dont jouissaient les Académiciens de Paris, à l'exception héanmoins du droit de committimus. |
M. le Comte de Couturelle, célébra, dans une ode pleiné de verve, cette faveur si vivement désirée depuis long-tems,
Ce n’était point assez du titre honorable conféré à PAcadémie par les lettres patentes du Roi, l'utilité de son. institution ne pouvait se développer tant que la compagnie. n'aurait pas les moyens d'offrir des prix aux auteurs qui traiteraient les questions dont la solution importe le plus à la prospérité du pays. |
Dès l’année 1770, les Elats d'Artois avaient accordé À la Société un logement et une somme de 300 fr. pour un prix ânnuel, En 1779, ce prix avait été proposé à celui qui résoudrait le mieux cette question: Quelle est la meilleure méthode et la moins onéreuse de planer Les granie, chemins ?.
: 1 parait que ces dispositions n'étaient que provisoires et qu’elles n’eurent aucune suite; maïs les Etats d'Artois comblèrent les vœux de l’Académie en décidant , dans leur. àssemblée générale du mois de novembre 1782, qu'il serait remis tous les ans , aux frais du trésor de la province , une médaille d’or de la valeur de 500 fr. pour être décernée par la compagnie aux meilleurs ouvrages qui lui seraient pré sentés sur un sujet d'histoire, d'économie rurale ou de _ commerce, sur les moyens de tirer un parti avantageux des productions du pays, ou de le rendre plus florissant.
L'Académie , de concert avec les états, régla que le prix serait adjugé pour la première fois dans la séance publique de l’année 1784.
Aucun Membre ordinaire ou honoraire n’était admis à
ù MÉMOIRES, 49 bouncourir ; les auteuts ne devaient pas meffre leur nom à Jeurs ouvrages, mais sealement une devise répétée dans un billet cacheté contenant leur nom et leur adresse; cetrx qui se seraient fait connaître auraient été exclus du concours; les mémoires devaient être adressés, franc de port, au Setré- taire perpétuel ;, ou sous le couvert de M. l'intendant de | Flandre et d'Artois; l’auteur de l'ouvrage couronné avait de choix de {a médaille d’or ou d’une somme de 500 fr. égale à sa valeur.
La première question soumise au concours fut ceHe-ci :.
Toutes les terres de d'Artois sont-elles propres à être ensemencées chaque année ; et quelle serait la méthode à suivre pour faire duel des récoltes tous Les ans ‘avec avantage à celles qu’on juderait utile de dessoler ?
Le prix annoncé par le programme publié en mars 17835 sur cette intéressante question , fut adjugé par l’Académie, dans sa séance publique du 21 avril 1784, à un discours ayant pour épigraphe ....... Mutatis requiescunt Fœtibus arva. (Géorg., lib. 1.) ( La terre ainsi repose en chan- geant de richesses. ) ( Traduction de Delille. ) |
M. Herman, Avocat à Arras, auteur de l’ouvrage cou- ronné, soutient que toutes les terres de la province d'Artois sont en effet susceptibles dun räpport ännuël: et il indique les moyens d'y parvenir. Depuis, les progrès del Agricalture ont confirrhé opinion de M. Herman: dans üne grande partie dé nos cantons , l'usage èt le bon emploi des engrais diminuent chaque année l'étendue des jachères.
Dans la même séance du 21 avril 1784, l'Académie pro- posa au concours, pour l’année suivante, des questions noû moins importantes , puisque c’est le Commerce qui mèt en valeur les produits de l'Agriculture : Quelles furent autre= Jois les différentes branches de Commerce 1/75 les contrees
46 MÉMOIRES.
qui forment présentement la province d” Artois , en remonn tant méme au tems des Gaulois? Quelles ont été les causes de leur décadence , et quels seraient les moyens de les rétablir, notamment les manufactures de la ville d Arras?
L'Académie n'ayant reçu aucun mémoire satisfaisant sur ces questions, proposa le même sujet pour l’année 1787, et mit au concours pour la même année la question suivante : Est-il avantageux de réduire le nombre des chemins dans de territoire des villages de la province d” Artois, et de donner à ceux que l’on conserverait, une largeur suffisante pour être plantés? Indiquer , dans le cas de l’uffirmative, les moyens d'opérer cette réduction.
En attendant, on devait décerner, dans la séance publique ” de 1786, le prix annoncé l’année précédente sur ce sujet ‘d'économie rurale : est il utile en Artois de diviser les fermes ‘ou exploitations des terres ;. et, dans le cas de l’affirmative ; quelles bornes doit-on garder dans cette division ?
Le mémoire de M. Delegorgue, jeune , avocat au conseil d'Artois, à Arras, obtint ce prix.
La question proposée pour l’année 1788, fut celle — ci : _ quelle est la meilleure méthode à employer pout faire des pâturages propres à multiplier les bestiaux en Artois ?
En même-tems, on mit d'avance au concours, pour l’année 1789, deux autres questions d'économie rurale, dont la solution devait procurer un égal prix de 500 fr. , savoir :
1.” Quels sont les meilleurs moyens de multiplier les bêtes à laine dans la province d’Artvis, et de procurer aux laines une qualité plus parfaite ?
2.° Quelle est la meilleure manière de rendre invariables Les bornes champêtres ?
Dans la séance publique de 1788, le mémoire de
MÉMOIRES. 47
“M, Gilbert, Professeur à l’école royale M obtint Je prix proposé pour eette année.
Les autres questions ne furent point traitées d’une manière satisfaisante ; ellesfurent remises au concours:d’autres ques- tions non moins importantes allaient être proposées quand toutes les idées se tournèrent vers des objets de politique.
Ainsi se termine, Messieurs, la notice historique sur l’ancienne Académie royale d'Arras : je dépose sur le bureau la liste nominative des membres de cette Aeadémie et la nomenclature des principaux ouvrages qu’ils ont composés ; votre commission .a pensé qu’elle devait aussi s’ oecuper de cet objet afin de compléter son travail,
Pour la première fois que j'ai l’avantage de parler devant une aussi honorable âssemblée, qu’il me soit permis de lui exprimer ma reconnaissance pour la faveur qu’elle n’a faite en daignant m’associer à ses travaux ; qu’il me soit permis également de jelter un regard dans l'avenir et de voir la Société royale d'Arras , protégée par le Gouvernement et encouragée par les Autorités locales ; marcher avec gloire dans la-carrière que lüi ont ouverte ses nobles prédécesseurs.
En OS Genre
LISTE
DES MEMBRES
GOMPOSANT
L'ACADÉMIE ROYALE D’ARRAS, Pendant l’année 1702, époque de sa dissolution. 10h01 HD Ie 00-210 CES
HONORAIRES. |
MM.
De Guisnes.
Lefevre de Caurmartin. De Calonne. Esmangart. Delaplace.
Le Pippre.
De Modène,
Lefevre de Beauvray. D'Acarq.
_ De Riquety.
Wartel, Chanoine. De Serent.
De Riaucourt.
De Gaston, Chanoine. De Stengel.
De Benthem.
MM.
De Béthune. Breuvart.
Des Essarts.
De la Dixmerie. Campan.
De la Maillardière. Béranger.
Géret.
| De Retz.
Pajot.
Riboud,
De Pastoret. Taranget. L’Abbé Soulavie. L’Abbé Roy.
De Püs.
Ansart,ancien Curédel’hôtel Moreau de St. Méry.
des invalides. Droz.
De Sacy. Filassier.
De Peyssonnel , ancien Consul de France, à Smyrne. Tournon.
Bouchaud.
MÉMOIRES.
MM. M."° de Kéralio.
Roman.
De Courset.
M." Lemasson. Opoix. Crignon.
De la Coudraye. Dom Grappin, Bénédictin. L'Abbé Teulières, Desalviat.
De Marescot. Beffroy.
De la Roche, Delafont.
49 MM.
L’Abbé Gail.
L’Abbé Lamourette,
De la Platière.
Dom Carrière, Bénédictin,
Delafont Pouloti.
De la Tournelle, à Soissons.
De Parraza.
De Sacy , homme de Loi.
Guilbert.
Pilot, fils.
Desaudray.
De Gouy.
Godefroy.
M." Dachaiellie.
ACADÉMICIENS ORDINAIRESe
Binot.
Cauvwet, père,
Bayart.
Briois, père.
facquemont.
Fruleux.
De Lannoy.
Gosse, Prieur de l'Abbaye d’Arroüaise,
De Robespierre.
Ansart, Médecin. :
Lesage.
Legay.
L’Abbé Delys.
Le Sergeant.
Foacier, pére.
Dubois de Fosseux, Secrés taire perpétuel.
Enlart de Grandval.
Rouvroy de Libessart.
Buissart.
Briois, fils.
Duquesnoy.
Boucquel,
Marthelin.
. De Brandt de Galametz.
De Champmorin. Lenglet.
De Carnot.
Du Marquez. | Thieulaine d'Hauteville.
50 MÉMOIRES.
CORRESPONDANSe MM. S MM. Etienne, d'Argenteuil. Baron, de Ramel, d'Aubagne. ; LeP. Venane, | Montpellier Housset, d'Auxerre. Capucin, . ù Guéniot, d'Avalon. Le P. Canard, de Moulins. Grumwali, de Bouillon, Couret, de Villeneuve-d'Or- Pallet, de Burges. léans. Parry, de Brest, Knapen , de Paris. Renault - Beaucaron, de De Lamarzières, Chaource. Laugier,
Pajol , de Castres. Millin de Grand- # Doyen, } de Chartres. N'aison dE Lehoucq,} Narcy, | Poitiers. L’Abbé Raulx,de Châteaudun, De Meu. Chevalier, de Crespy. Le P. Paris de l’ora- Henriquez , de Dun. toire. Urray, de Gættingue. Leroi de Flagis, de Pui-Lau- Nicolas, de Grenoble, rens. | Crommelin , de Guise. Bourignon , de Saintes. Fréderick Frantsius, de Léip- Marchier, de St. Chamas.
_ sick. Calot, de St. Maurice-le-Girard.
Guvyetan, de Lons-le-Saunier. Thomassin , de Strasbourg. Delaudirie, Moublet-Gras , de Tarascon. Geoffroy, | de Lyon. Blondel, de Valenciennes. Desgranges, Bouthier , de Vienne.
Gastellier, de Montargis. D’Wal, de Zurick.
NOTIC
SUR LES MALADIES Que des chaleurs et la sécheresse ont pu développer parmi.
. des bestiaux, et les moyens de prévenir celles qui pourraient naître pendant l'automne.
So Excellence le Ministre de l’intérieur, par sa lettre du 19 août 1818, informe M. le Préfet du Pas-de-Calais, ” que dans plusieurs départemens, les chaleurs et la sécheresse qui ont trop long-tems duré, ont fait naître, parmi les bestiaux, des maladies dont il importe de prévenir les suites.
Son Excellence avait d’abord pensé à faire rédiger et publier uue instruction spéciale à cet égard, ainsi que cela a eu lieu à la suite de l'humidité qui a régné en 1816 et: 1817; mais elle a craint que cette instruction ne contint' pas l'indication de tous les moyens préservatifs appropriés aux localités, et elle s’est bornée à inviter MM. les Préfets à faire rédiger une instruction sur les moyens à employer, par les cultivateurs et propriétaires, pour préserver leurs animaux domestiques des accidens que pourraient leur occa- sionner la constitution sèche et brälante de l’atmosphère, la disette d’eau salubre, la qualité du le défaut de fourrages. | |
À l’époque actuelle de la saison , aux approches de l’au- tomne , la température atmosphérique va changer et peut- être devenir opposée à celle précédente ; c’est ce qu'il me paraît important de prévoir. En conséquence, j'ai pensé que , sans me renfermer strictement dans les renseignemens que M. le Préfet m’a donnés , je devais encore m'occuper des indications à remplir au changement prévu et peut-être prockain , de la température.
P
52 | MÉMOIRES.
: Je pense aussi que les moyens dont j'’offre l’ensemble doivent être simples, et tels que tous les cultivateurs
. puissent facilement les employer, si ce n’est dans quelques
cas particuliers, où les lumières et les connaissances d’un vétérinaire sont indispensables. A la tête de ces moyens, je place les acides , et j’en recommande spécialemens l'emploi ;
il serait à désirer que le vinaigre fut moins cher; il est dans
les maïns et à la portée de tout le monde; mais l’on peut y suppléer par les acides minéraux, dont le prix est bien moins élevé. Cependant , ces acides ne doivent pas être mis iadif- féremment dans les mains de tous; c’est une excellente xessource dans les circonstances présentes, mais l’emploi doit en être dirigé par les hommes de l’art ou par les proprié- taires instruits.
_ Je remercie M. le Préfet du département du Pas-de-Calais
de n'avoir pas trop présumé de mon zèle pour le bien publics
en me chargeant de la rédaction de cet opuscule; c’est une tâche que personne ne peut être plus jaloux que moi de remplir convenablement, s'il m'est-possible. Puisse ce travail répondre aux vues du Ministre qui l’a désiré et du Préfet qui me l’a demandé. J'ai tâché de le resserrer dans les plus
‘étroites limites possibles ; afin de ne pas effrayer les cultiva-
teurs par une trop longue: lecture : d'ailleurs les choses présentées d’une manière succinte n’en sont que davantage à la portée de l’intelligence du plus grand nombre.
. Je regrette que, pressé par le tems, je n'ai pu châtier ni soigner davantage la rédaction de cette courte notice ; telle qu’elle est, je désire qu’elle soit utile au public, et qu’on puisse la regarder comme une nouvelle preuve de mon dévouement empressé À effectuer tout ce qui peut être sus- ceptible d'offrix quelqu’avantage à mes compatriotes.
CS
MÉMOIRES, LD
Les animaux vivent d’une manière trop intime avec l'air ambiant , pour ,ne pas se ressentir des différens états de l'atmosphère. L'état de l'atmosphère a été, depuis la fin, du printems dernier , d’une chaleur et d’une sécheresse dont on a peu d'exemple ; depuis le 18. mai, il n’a pas fait de pluie: à tremper; il n’y a eu que trois orages qui n’ont donné que peu d’eau; le thermomètre de Réaumur s’est élevé jusqu’à plus de 27.°, et il s’est maintenu , pendant plus de deux mois, de 15 à 25 et 26.° Les vents les plus secs, ceux qui. tournent du nord-ouest à l’est, ont constamment sœufilé, et souvent avec force.
Ces longues et fortes chaleurs, cette sécheresse. opiniâtre, ont déterminé, chez les animaux comme chez l’hoemme, d’äbord, un état d’excitation , puis une diminution de force, et des sueurs abondantes. L’on a eu lieu de remarquer , sous cette constitution atmosphérique, quelques coups de sang, une sorte de fièvre bilieuse accompagnée de catarrhe et de vertige symptomatiques, et quelques maladies aiguës, dont Ja marche a été fort rapide, et qui ont offert, au moment de leur invasion, un appareil menaçant de symptômes graves. | Eu | L'on ne peut attribuer ces affections maladives à la disette ni à la mauvaise qualité des alimens; à quelques faibles exceptions près, les fourrages et les grains ont été cette année généralement abondans , sains et bien récoltés ; seu- lement ; on les a employés trop nouveaux, on les à fait consommer avant qu'ils aient, ce qu'on appelle vulgaire- ment, jeté leur feu. Lorsque l’on a fait usage des substances soit herbacées, soit céréales, immédiatement après leur récolte, ce n’est pas la première fois qu’elles ont produit des effets dangereux sur l’économie animale; il en est très- souvent résuilé des maladies fort fâcheuses. En outre, les
54 MÉMOIRES.
sourèes ont êté fort basses et les eaux très-rares : cellés des mares et toutes celles stagnähtes se sont trouvées ou épuisées ou CO ASS: et dans tous Îes cas n’ont pu offrir aux animaux qu'une boisson mal-saine, répugnante et insuf- fisante pour les désaltérer. Leurs déperditions ont été
grandes, et n’ont pu être réparées. |
Une autré cause au-dessus du pouvoir de l’homme , et qui stule eût peut-êtré suffi pour développer des maladiés, c’est l'avidité que l'air sec et chaud a pour l’eau; circonstancé qui tend à dépouiller les surfaces vivantes de leur humidité , et à causer sur elles une sorte d'irritation qui se propage par simpathie à tous les appareils organiques du corps. De-là, Jà marche rapide des maladies et le caractère inflammatoire qu’elles affectent dans leur commencement. |
Les coups de sang frappent les animaux comme d’an coup de foudre, soit à l'écurie, soit aux herbages, aux champs ou au travail ; ilstombent tout-à-coup , sans senti- ment, sans autre mouvement que le battement des flancs, et meurent promptement, souvent même sans qu’on ait le tems de leur porter secours. Il est néanmoins quelque signes précurseurs de cette maladie funeste, mais presque toujours ils sont négligés ou méconnus. Au surplus les limites qui me sont ici tracées ne me permettent aucun à autre détail à ce sujet.
Lorsque l’on peut arriver à tems, la première chose à be: dans le cas de coup de sang, c’est de pratiquer la saïghée ,et, si l'on ne peut la faire soi-même , de se hâter de tirer du sang de là langue et du lampas, en attendant qu’on puisse avoirle maréchal : si l’animal en revient, l’on aura recours à la diète, aux boissons ahondantes et délayantes d’eau blanche légèrement acidulée ; et ensuite , selon l’exigence des cas, aux sétons, aux vésicatoires et aux purgatifs. |
| Quant .
MÉMOIRES 55
Quant à l'affection bilieuse compliquée dont il a été parlé plus haut, elle se caractérise par divers RÉ dont voici de |
Du 1." au 4.° jour : pouls d'abord vif, puis petit, accéléré ; assoupissement ; tête pesante , tombante , ou appuyée dans Ja mangeoire; yeux éteints, vue altérée, obscurcie, quel- quefois nulle; bouche pâteuse, pleine de bave visqueuse ÿ membrane buccale jaune ; langue chargée , et d’un rouge vif sur le bout ; pituitaire et conjonctive jaunâtres ; dégoût , tristesse , abattement ; roideur , mouvemens lents, marche difficile et chancelante; urines rares, jaunes, huileuses, fétides ; constipation ; peau sèche; insensibilité :
4. Jour: pouls moins vif, toujours accéléré et petits enduit jaunâtre sur la langue ; engorgement des amygdales; respiration laborieuse et bruyante; flux jaunâtre , épais et fétide par Îles naseaux:
5° Jour : continuation de l'écoulement nasal ; augmenta= tion des symptômes ; grincement de dents, remuement de Ja mâchoire ; mouvemens convulsifs des muscles de la face ; veux fixes, troubles; l'animal saisit avidement lés alimens on la litière, les retient plus ou moins de tems entre les dents, et ne les mange point : il saisit quelquefois la mangeoire comme s’il tiquait ; il a de fortes palpitations :
Du 6.° au 9.° jour : état stationnaire de la maladie; pouls lent , faible, profond, quelquefois rare ; diminution de la constipation ; continuation du flux nasal ; toux ; engorge- ment des extrémités : |
Du 9° au 12.° jour : crasse écailleuse « sur la peau ; urines abondantes ; transpiration fétide ; liberté du ventre ; retour de l'appétit ; guérison.
Si la maladie prend une marche dense: la progression des symptômes va toujours croissant, et, à dater du cin-
L 2, Livr, | un 5
56 MÉMOIRES. quième j jou ; elle présage une ferminaison fatale. Le Îux nasal se supprime, l’action de se mouvoir et de marcher devient presqu impossible ; l’animal tombe .au lieu de se ‘coucher ,'et il ire se relève plus.
Voici le traitement applicable à cette affection compliquéet
Lorsqu’à son début il y a diathèze inflammatoire, une _ Aégère saigne , des bains de vapeurs émollientes sous le nez “et sous le ventre, conviennent dans le principe. Cependant, fa saignée n'étant réellément indiquée que dans un petit. ‘nombre de cas difficiles à reconnaître par les personnes qui vie sont pas versées dans l’art vétérinaire , j’engage les culti- ” vateurs à ne point la pratiquer sans l'avis d’un homme de Yart. Du reste, les lavemens émolliens doivent être prodi- gués, de même que Îles tisanes apéritives et diurétiques, telles que celles de chardon roland (panicaut des champs _ de Linn.), auxquelles on ajoute un peu de’ sel de nitre,
ét, si l'irritation est prononcée, des feuilles de laitue, _ ou'aütre adoucissant, L'on fera marclier de front les sétonis
‘âu poitrail et aux fésses, et on les animera:avec un peu “d’ellébore èn poudre s’ils tardent à donner, ôu si-leur action est languissante. Il est fort à regretter, dans cette circons- tance , que les malades se refuseut à boite ‘d'eux - mêmes; beaucoup d'eau blanche acidulée leur ferait grand bien; “tiéaninoins, il faut, autant que possible, éviter-de les tour- ‘menter en leur administrant des breuvages; et même, pour es individus qui se débattent trop en les prenant, il ee mieux se contenter des préparations en opiats.
Mais le médicament qui m'a paru produire le meilleur dfet “dans le cas dont il s’agit, c'est lé métique , et l’on sera étonné des doses où l’on peut le porter sans danger. Dans les cas ordinaires, l'émétique passe pour irriter après la “dose de 15 à 18 grains; ici, l'on peut en administrer jusqu'à
D LA PES
Le F4
MÉMoïres! 5# trie demi-ônce ; néanmoins, il est toujoürs prudent de com- mencer par une dose plus faible, sauf à la réitérer. Ainsi, Yon peut en donner d’abord 20 à 24 grains dans une bouteille d’infusion de camomille ou de mélilot , et répéter ce breuvage selon les circonstances, la force et la stature des animaux. |
Ce médicament produit à la fois plusieurs médications importantes; il secoue l'estomac , le débarrasse des matières alimentaires qui le surchargent, provoque l'expulsion de la bile et ressuscite le ton des organes. Mais cette dernière médication, la plus essentielle peut-être , procnrée par l'émétique, n'étant que momentanée, il convient , pour la rendre durable, d'amener à sa suiteles toniquesetlesamers, comme des infusions de menthe, d’absinthe , de sariette, de petite centaurée , ou plus simplement desinfusions de fleurs de camomille om de mélilot, ou envore la poudre de gen tiane. Dès que les malades pourront manger, on leur don- mera des alimens riches en principes nutritifs, mais en petite quantité . surtout dans les commencemens, afin de me point fatiguer les organes digestifs.
C’est avèc ces moyens ,et des boissons acidulées, dès que Les malades ont commencé à boire d'eux-mêmes, que plus de la moitié des animaux traités Henodenen ent été guéris : ilest même à présumer qu’on en eût sauvé un bien plus grand nombre, si l’on eût toujours été appelé à Yems ; car, quand la médecine peut, ce n’est jamais que dans le commencement des maladies. La plupart des individus traités autrement, soit empyriquement, soit par des saignées copieuses, des purgatifs drastiques , de la classe des résineux, “des breuvages incendiaires, etc.,etc., ont Der tous suc- :combé en peu de jours.
Au surplus, le plus important D est NP re
5 *
58 MÉMOIRES,
pas de $’ocouper des maladies produites par l'effet d’une tem pérature sèche et brûlante ; mais de s'attacher à prévenir les influences que l'air frais et humide de l'automne pourrait exercer sur l’économie vivante. ;
En général , l'humidité froide tend à troubler l'harmonie dans l'exercice des diverses fonctions de la vie , et à prédis- poser aux affections muqueuses , catarrhales, vermineuses, adynamiques, etc. Si l’on n’y prend garde, les animaux y seront , cette année, d'autant plus exposés, qu’énervés, en quelque sôrte, par l'effet des grandes chaleurs précédentes, ils offriront peu de résistance aux affections maladives , et manqueront de force pour les supporter. C’est en effet ce qui pourra malheureusement arriver, si l'automne, surtout à son commencement , est froid et pluvieux.
Les propriétaires et les cultivateurs attentifs pourront parvenir à se prémunir contre ces accidens, en observant fidèlement les précautions suivantes :
Dans les localités basses et aquatiques principalement , se méfier des nuits froides , des tems pluvieux ou brumeux, des herbes mouillées ou rouillées , et par conséquent nourrir la nuit aux écuries et aux étables :
Donner toujours, à peu-prèsaux mêmes heures, la née ration d’alimens ; s'attacher à la qualité plutôt qu’à la quantité; éviter, sur toute chose, ceux trop nouveaux :
Se méfier aussi ‘des effets du son, qui relâche inutile ment, qui nourrit peu, et même point du tout, quand, ‘retiré du blutoir, il se trouve entièrement dépourvu de farine ; dans cet état, il ne blanchit pas même l’eau où on le mêle, il ressemble à de la sciure de bois : n
Ne point assujettir les animaux à un travail qui excède leurs forces ; ne les y soumettre qu’un certain tems après qu'ils ont mangé : |
MÉMOIRES. $g
Ne point faire boire ni exposer les bestiaux , ( malgré la mauvaise habitude contraire), dans les pâturages, immédia- tement après le travail ou l'exercice; ne point les. entasser en trop grand nombre dans leurs logemens ; éviter , pour ces derniers, une température trop élevée ; y procurer de bon air et une grande propreté, et ne pas épargner la litière : |
Pratiquer , avec beaucoup d’exactitude , le pansement de la main ; bouchonner souvent ; essuyer la sueur au retour du travail :
Ne pas oublier que la constitution atmosphérique de tout
V’été dernier a excité, sans fortifier, sans augmenter l'énergie vitale ; qu’elle à pu et dà au contraire affaiblir, et qu’ainsi, - quelqu’agent tonique sera toujours avantageux däns la plupart des médications préservatives où curatives. ” Les habitans des campagnes ne sont pas sans avoir toujours chez eux du sel et quelques morceaux de fer; te sel plaît en général aux animaux et leur est salutaire ; excès seuk-en est à craindre ; bien égrugé, l’on peut en mêler à l'avoine et aux provendes, et en faire fondre dans l'eau pour en asperger les fourrages. Une poignée par joar peut convenir pour quatre de nos grandsanimaux ,ou poNr une vingtaine de moutôns.
Quant au fer, il suffit d'en : mettre ie vieux morceaux dans les anges. ou les baquets d’eau destinés à abreuver. Lorsque l’on change cette eau , l’on devra laisser les morceaux de fer dans les auges ou les baquets. Quoique cette boisson tonique et antiputride soit ici réellement indiquée , l'usage n’en doit pas être continuel, à cause de la constipalion qu’elle pourrait occasionner; d’ailleurs , elle : est contraire dans les affections catarrhales, et, au moindre signe , à la moindre apparence d’angine ou d’étranguillon
6o MÉMOIRES.
(ce que mal-à-propos l’on appelle quelquefois gourmne A élle doit être abandonnée sur-le-champ. Hors ce cas, pour! n’en faire qu'un emploi raisonnable et en rapport avec les: besoins du moment , il convient de donner cette eau ferru— gineuse pour boisson, seulement M de suite FRe chaque semaine.
Le reste du tems, la boisson la plus salutaire comme la plus. convenable est de l’eau blanchie, plutôt avec de la, mouture qu’avec du son, Si l’on emploie la mouture, l’on. en met peu; si l’on est obligé de se contenter du son, on, ne le laisse pas dans l’eau qu'il doit blanchir, on le fait rester dans le fond du plat-seau , qu’on vide dans un autre.
, On rendra cette boisson ordinaire tempérante, rafraîchis- sante, légèrement tonique et antiputride en lui donnant une acidité agréable , au moyen de l'addition d’un peu d'acide sulfurique : le. vinaigre remplirait le même objet, mais le prix en est trop élevé. Je recommande de n’employer que. de l’acide sulfurique préalablement affaibli avec deux parties d’eau sur une partie d'acide ; mais je préviens que ce mélange. ne peut et ne doit être fait que par un pharmacien, attendu. . le dégagement considérable de calorique.que cette mixtion détermine ; il est même nécessaire d'interdire à tout autre. d'en ‘préparer ainsi soi-même. Admettons que l’on se soit procuré , dans chaque exploitation rurale , une fiole de cet acide arrangé comme il vient d’être dit , l'on peut en ajouter. 15 à 20 gouttes par chaque seau d'eau.
L'on ne saurait trop recommander cette boisson acidulée qui devient de plus en plus en usage dans la médecine et l'hygiène vétérinaire , et qui justifie tous les jours la confiance qu’on y place. Au mérite de produire des effets constamment avantageuÿ , elle réunit celui d’une grande
Mémoires 66
dcongmie. ponr les propriétaires de bestiaux ; et, sous ce rapport encore, elle doit fixer l'attention.
I me reste à recommander aux cultivateurs les moyens simples que je viens de leur proposer dans la vue de les éclairer sur la conservation de leurs bestiaux : je les invite à user de ces moyens, et surtout à persévérer dans leur emploi, sans perdre courage , sans se laisser arrêter par la considération de quelques faibles sacrifices, plutôt en soins qu’en dépense, et dont ils seront d'ailleurs amplement payés par. la suite.
HURTREL- D'ARBOVAL, Membre correspondant. 2 RAPPORT TONI ES.
SUR...
LES MACHINES DE M. HALLETTE DE BLANGY,
Lu à la séance publique du 24 Août 1818.
EEE EE LE LL Ce n'est que par des tâtonnemens multipliés, par des essais souvent infructueux , répétés pendant des siècles, que l’homime est parvenu à se rendre niaître de la matière, et à fâiré servir les phénomènes de la nature à le secourir dans ses besoins et à l’aider dans ses travaux. Moins les connaissances humaines et les arts faisaient de progrès , plus nos pères étaient attentifs à accueillir les nouveautés de leurs tems, et soigneux de les transmettre à leurs enfans , comme un précieux héritage. Mais il est remar- quable, que dès que les résultats purent satisfaire aux
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besoins, les arts restèrent stationnaires et.les âges .£e e
62 MÉMOIRES.
légutrent mutuellement les traditions, avec un respect religieux. | | |
_ Bientôt la Science essaya de remonter aux causes par l'analyse des résultats ; née de l’expérience , elle en voulut faire son élève; mais séduite par de brillantes théories , conçues prématurément, elle se perdit dans l’esprit du commun des hommes qui la jugèrent dans son enfance, comme ils l’auraient fait dans sa maturité, et qui se rejet- èrent , avec plus de force et de crédulité, vers les traditions et la routine.
De celte lutte de l'expérience des siècles avec la Science naissante , naquit cette idée qui, pendant long-tems, a empèché, d’une manière si funeste, les découvertes et les améliorations faites dans les arts, de produire les avantages qu’on devait en attendre; ne faisons pas autrement que nos pères. Comme si nous pouvions eroire que, dans l’ori- gine des tems , ils eussent reçu les arts tels qu'ils nous les ont donnés. Comme si, quandils se traînaient en aveugles dans la carrière des expériences , ils n’avaient pas payé des résultats informes par de nombreux et pénibles essais.
: Nous sommes plus heureux qu'eux. Notre siècle, guidé par des théories aussi sûres que savantes, marche à pas de géant dans le domaine des découvertes. Chaque jour, ilest illustré par des miracles nouveaux, et il sera aussi glorieux par les arts qu’il l’est par les armes. LL
Dans cet état prospère, qui nous est le garant d’un si bel ‘avenir, s’il faut imiter nos pères, c’est en accueillant les inventions nouvelles, lorsque l'excellence en'est constatée d'une manière irrécusable. C'est même en provoquant des ‘essais et en sacrifiant une légère portion du bénéfice d’une exploitation à des expériences dont le succès doit en
- MÉMOIRES. 63
augmenter les produits ; ce n’est pas l'homme de génie ; qui se consume en d’utiles recherches , qui doit supporter seul les pertes attachées à de premières tentatives; mais c’est bien plutôt l’homme dont les découvertes vont accroître les richesses. Cette maxime, que la prospérité publique 4 sa véritable source dans les sacrifices et le désintéressement des particuliers, était moins qu’on ne le croit étrangère à nos pères.
Les usines de l’Artois sont construites sur un vieux modèle, transmis de génération en génération, par des ouvriers, non seulement incapables de les modifier selon la force des moteurs, ce qui supposerait des connaissances qu'ils n'ont pas, mais encore de rien améliorer. Les détails traités grossièrement et sans intelligence , absorbent par leur imperfection une grande quantité de la force motrice dont la puissance extrême peut seule surmonter les obs< tacles ; rien n'est plus déplorable que la manière dont on abuse des belles chûtes de nos rivières; je mets en fait qu’elles pourraient suffire à un nombre d'usines quatre fois plus considérable, si les roues hydrauliques étaient construites selon les principes de la raison et de l’ex- périence. Cependant, il n'est pas rare de voir des pro-. priétaires se disputer quelques pouces de hauteur d’eau, quand ils en ont beaucoup plus qu'il n’est nécessaire pour faire marcher leurs usines. En un mot, la cons- truction, dans ce pays, est dans l’enfance , si on Ja. compare à ce qui s se fait dans les autres parties de la France.
Nous avons besoin qu'une habile vienne nous faire connaître le prix des moteurs dont la nature nous ‘a dotés, et nous apprendre à les utiliser entièrement. Nous devons regarder comme une bonne fortune
64 MÉMOIRES,
Vétablissement, dans ce pays, d’un homme: qui joint à la conception de sages, projets, le mérite peut-être plus rare de les exécuter avec une perfection et une solidité, qui ne sont connues, en, France que depuis bien peu d'années, .
Avant de passer à l’objet principal de ce rappert, qu'il nous soit permis de jetter. un coùp - d'œi sur différens perfectionnemens, inventés par M. Hallette, et dont l'introduction dans les vieilles usines pourrait les améliorer autant qu’elles en, sont susceptibles.
Telles sont les cames jumelles en fer, dessinées sui- vant la courbe qui leur est assignée par la théorie , et qui soulevant les hyes et les étampes par leur centre de gravité, n’ont point la rudesse et le frottement considérables inbérens au système des bras de levier, Elles présentent, sur ceux-ci, une économie dés deux cinquièmes de la force employée. :
Ces cames ont cela de particulier , qu’au lieu de pénétrer dans larbre , leurs queues l’enveloppent au con- traire comme un collier. Deux écrous les lient ensemble _en les serrant contre l’arbre autour duquel un arrêt les empêche de tourner. Les changemens de position, les remplaremens de celles qni sont usées, se font avec facilité, et n’obligent pas de faire ces trouées énormes qui finissent par détrune l'arbre, |
La différence qu’on observe entre la quantité de travail et la bonté des produits des pots où l’on écrase la graine, dépend uuiyuement de la forme intérieure de _ces pots et de leur rapport avec les dimensions et la pesanteur des pilons. Cette inégalité du travail des pots d’une même batterie, vient de ce que les ouvriers n'ont
MÉMOIRES | 64 aucun principe sut la forme la plus avantageuse à leur donner, et ne doivent qu'au hazard de rares succès, ‘:
M. Hallette a su rémédier aux vices de ce systémes et il a fait couler en fer des fonds de pots dont la forme est parfaitement convenable. Ils sont d’une grande solidité et remplacent avec avantage ces morceaux de çèté dont on tapisse irrégulièrement l’intérieur des pots,
Une idée, dont lexécution a dù présenter bien deg difficultés, . c’est d’avoir appliqué le mouvement aux meules destinées à, écraser la graine, par leur circon- férence, tandis. qu’ordinairement on le leur communique par le centre. Non seulement il y a économie de force, mais encore on évite le traînement qui accumule les graines devant la meule qui, forcée d'en franchir les mon ceaux , retombe ensuite de l’autre côté, au risque de briser guelques portions de sa surface.
Les roues hydrauliques sont particulièrement l’objet des soins de M. Hallette; ses expériences et ses observations Jui ont fait trouver plusieurs principes d’hydrostatique; dont l'application lui a donné d’excellens résultats ; il æ mis, partout où la chûte le permet , des roues à augets en remplacement des roues À aubes, dont les défauts sont tels qu’on pourrait obtenir une loi qui défendit de leg employer dans certaines circonstances. Il k surtout donnë à ses augets une disposition telle que l'air atmosphérique qu’ils contiennent, cède sans résistance à la colonne d’eau qui se présente, et que cette masse d’eau, parvenué au point le plus bas de la chûte, s’écoule librement, et n’est pas retenue par la pression de l’air atmosphérique, comme on le remarque dans beaucoup de roues hydrauliques.
Des filatures, élevées dans divers départemens , ont tellement senti les aqvantages du systéme de roue de
66 MÉMOIRES.
M. Hallette, qu’elles se sont empressées de les adopter, et nous avons sous les yeux un exemple de leurs bons effets que je vais prendre la liberté de citer pour en démontrer la puissance.
On sait que la grande usine de St. Nicolas-les-Arras était obligée de chomer pendant les jours de navigation , parce que la chüûte d’eau qui , dans les autres momens , était de 1,76 centimètres, se trouvait réduite alors à 0”, 94 centi- mètres de hauteur. La roue, tout nouvellement construite, était à aube et mue par le choc ; elle employait pour mar- cher, même quand la chûte était de 1", 76 centimètres, les trois cinquièmes de l’eau de la Scarpe. M. Hallette l’a remplacée par une roue à augets, construite d'après un systéme dont il a le brevet, mue par la pesanteur du fluide, qui ne consomme qu’un cinquième des eaux, quand la chûte est totale, et qui marche très-bien avec la moitié des eaux dans les jours de navigation où , avec l’ancienne roue , l’usine était obligée de chomer.,
Une chose qui est remarquable dans la construction des vannes de M. Hallette, c’est qu’elles se baissent pour donner plus d’eau à la roue, et par conséquent , prennent toujours Veau au maximum de la hauteur de la chûte, tandis que les vannes ordinaires se lèvent pour donner plus d’eau.
Nous passerons sous silence une infinité d’autres perfec- tionnemens , dont on peut prendre connaissance dans les usines où ils sont adoptés et nous allons vous parler des machines qui ont été l’objet spécial de l'examen de la commission, :
M. Hallette a cherché à rémédier aux trois vices prin- cipaux que présente le mode actuel de fabrication.
.. Beaucoup de personnes savent que les étampes et les
© MÉMOIRES. 67 meules ne sont pas un moyen tellement parfait que beau
coup de graines n’échappent à leur action, tandis que beaucoup d’autres se trouvent écrasées à l'excès. *
En second lieu, le chauffage des graines à feu nud dans des bassines, est tellement grossier, qu'il s’en faut de beaucoup que la graine soit échauffée uniformément, et la mal-adresse ou la négligence des ouvriers les laisse souvent . carboniser , ce qui donne à l’huile un goût d’empyreume qui lui fait perdre de sa qualité. En troisième lieu , le choc des hyes ébranle les usines , et cause un bruit qui les fait _reléguer hors de l'enceinte des villes et bien loin de toute habitation. En outre, elles ne prontieent pas un effet qui réponde à la force qu’elles absorbent.
Tels sont les vices que M. Halette a voulu corriger en substituant aux vieilles machines, les machines suivantes.
CFLINDRES.
Non-seulement les cylindres de M. Hallette , écrasent là graine, mais ils la déchirent et ouvrent les petites cellules qui contiennent la matière -huileuse, qui flue alors par la plus légère pression. Le système de la machine est coordonné de manière que la graine se présente en couches de l’épais- seur d’un grain aux cylindres , dont la distance est beaucoup moindre et peut se régler au moyen de vis disposées à cet
effet ; de sorte qu’il est impossible qu’un seul grain puisse passer sans être broyé.
Les Anglais font usage de cylindres, mais les leurs écrasent seulement la graine, comme le faisaient des meules ou des étampes , et sont bien loin de la perfection des cylindres de M. Hallette.
Cette machine ne sert que pour écraser la graine. Les
03 M£MOTRES. tmieales sont Toujours nécessaires pour briser les tourteau ©btenus par une première pression.
Une paire de cylindres fait autant d'ouvrage que deux jeux de meules; mais la force qu'ils exigent n’est que la moitié de celle nécessaire à un jeu de meules; par conséquent, une paire de cylindres et deux jeux de meules, marchéront avec les cinq huilièmes de la force qu'il faudrait pour mettre en mouvement quatre jeux de meules, qui feraient moins d'ouvrage et avec moins de berfection.
Ces cylindres se recommandent, en outre, par le peu de place qu'ils occupent , et ils peuvent être posés à ‘un entresok ou à un premier étage, tandis que les autres machines ne peuvent être placées qu’à un rez-de-chaussée.
Les cylindres sont pen à tous les autres moyens de triturer la graine, parce qu'aucun grain n'échappe à leur action, de sorte que la première pression fournit réellement la plus belle huile. Dans lés vieilles machines le travail est si inégal que, quelques grains qui sont tous entiers, ne donnent rien à la pression , tandis que d’autres, qui sont trop écrasés; donnent toute leur huile ; ce qui confond la limite des qualités. |
APPARGBIL A ÉCHAUFFER LES GRAINES OLÉAGINEUSES, PAR LA VAPEUR.
Cet appareil a paru à votre commission rempiir parfaite ment le but auquel il est destiné, soit par la bonté des effets, prouvée par les expériences , soit par la simplicité de la manœuvre et l’économie du combustible, qui est proportionnellement plus grande qu’on a un plus grand nombre de machines à chauffer. Quand le moteur de l'usine -est une machine à vapeur, comme dans celles
MÉMOIRES. . © wqui s’établissent à Calais et à Mons , là dépense est presque nulle, puisqu'on tire la vapeur de la chaudière même dæ moteur. |
Cet appareil consiste en un cylindre doublé intérieux : rement en cuivre , au milieu duquel sont des oves aussi en cuivre, dans lesquelles où introduit la graine par des ouvertures placées à la surface courbe du cylindræ Celui-ci est mobile sur ses axes. Par l’un, la vapeur est introduite entre les oves et la doublure au moyen d'un steambox. À l’autre axe est une soupape à double effet, qui doit prévenir, soit l'explosion de la machine par les effets de la vapeur, soit la compressioh qu’elle pourrait éprouver par l’effet d’un vide accidentel.
Un mouvement de rotation imprimé à la machine par une corde sans fin, met successivement toutes les parties de la masse en contact avec les parois des ovesy et un chapelet de métal dont les extrémités sont danse d’axe du cylindre, brise toutes les agglomérations qui résistent à l'effet de la chaleur. Enfin, ane soupape, placée au fond des oves, s'ouvre à chaque révolution du cylindre, ‘et laisse échapper les gaz délétères et l'excès d'humidité que la graine peut contenir. Par ce moyen, celle-ci ne fournit jamais une huile colorée, et perd le mauvais goût qu'elle peut avoir acquis dans les greniers. En une ou deux minutes elle est suffisamment échauffée. Si on Ja laïiése séjourner dans les oves, ou si on pousse extrème- ment le feu, les tourteaux qui en proviennent ont leur surface légèrement friables, mais l'huile n’en contracte ‘autun goût d’empyreume. De sorte qu’on peut, à volonté et sins danger, tenir la graine à une chaleur beaucoup plus élevée que celle des fourneaux ordinaires.
Bons le chauffage à feu nud, tantôt la masse est
70 MÉMOIRES.
échauffée jusqu’à la carbonisation, tantôt elle ne l’est pag assez. Dans le prémier eas , elle ne laisse fluer que diffi+ cilement une huile épaisse; dans le second, elle conserve son éau de végétatiôn qui est souvent colorée. Voilà deux des causes qui font classer les huiles suivant les usines d’où elles proviennent, parce que la qualité dépend
absolument de l'inégalité du chauffage et de l'adresse des ouvriers "
Dans la machine à vapeur, 1e chauffage se | fait plus également, et la graine ne perd qu’une petite quantité d'humidité, puisqu'elle s’échauffe dans un vase clos. ,
PRESSE MUETTÉ,
La presse muette de M. Hallette est une véritable conquête , dont l'influence sera grande sur le commerce des builes ; soit par la puissance de ses -effets , soit parce qu’en opérant sans choc, elle peut être établie partout où il y a des moteurs, sans être ,; comme les “AyER: d'un insupportable voisinage.
La pression se fait par le mouvement dreutaite continu d’excentriques à surfaces épicycloydales qui, dans leur révolution, poussent alternativement et ramènent à eux les wardes , de sorte que les vidés où se placent les sacs se font sans que l’ouvrier ait besoin d'y porter la main. .
Ces excentriques sont mus par un système de pignons et de rouets, combiné de manière qu’avec une force de cin-- quante kilogrammes et une vitesse d’un mètre par seconde ; les excentriques font un demi-tour en deux ou trois minutes, et exercent , sur chaque tourteau , une pression qu’on ne peut évaluer à moins de trente-cinq mille kilogrammes.
Dans des expériences faites sous nos yeux , et qui ont été répétées postérieurement , ( voyez la note qui est à la fin de
. ce
| Mémoires mt ce rapport ), on a trouvé qu’une quantité de graines qui avait déjà éprouvé une première pression, échauffée au terme moyen de 33 degrés de Réaumur, dans l'appareil de M, Hallette, pressée dans sa presse muette, avait produit un cinquième plus d’huile qu’une presse à coin n'en avait extrait d’une semblabe quantité échauffée au même degré dans les bassines ordinaires, et que les tourteaux étaient aussi de -L plus lourds que ceux qui provenaient des ces dernières presses.
M. Hallette n'avait d'abord présenté ses presses que eomme capables de faire deux tourteaux à la fois, mais l'expérience lui a prouvé que ses excentriques pouvaienf vaincre l’élasticité de quatre tourteaux. Ainsi, la presse muette, sans augmenter la force du moteur, fait quatre tourteaux dans le même tems qr’une presse à coin n’en fait que deux. Une chose que nous ne devons pas passer sous silence, c’est que rien, dans la disposition et le manœuvre de cette presse, ne sort de la routine ordi naïre des ouvriers du pays.
Non seulement la presse muette a une forme élégante, mais elle peut être entretenue avec propreté; car, l'in- térieur est construit de manière que l'huile loin de refluer sur ses bords est toute ramenée à une buise placée à la partie inférieure de la machine et conduite immédia- tement dans les tonneaux, quand la presse est établie sur une cave, de sorte que l'huile n’est pas même vue de l’ouvrier,
Qu'il nous soit permis de dire un mot sur la manière dont sont construites les machines dout nous venons d'éaumérer les avantages.
M. Hallette à construit ces machines avec une solidité L 2,0 Zion. 6
72 MÉMOIRES.
telle, que ce n’est que de loin en loin seulement, qu’ pourra y avoir quelques légères réparations à faire. Les cylindres, les pignons , les rouets, les excentriques, Jes pommettes, les wardes, l’intérieur des presses , tout est en masses de fer fondu, d’une solidité à toute épreuve, et un long usage pourra seul y laisser quelque empreinte. .
Les dents des rouages, tracées rigoureusement d’après les lois de la théorie, sont traitées avec un soin remar- quab'e.
Les dents en fer des roues cylindriques sont limées et polies, et il est parvenu à établir un parallélisme parfait entre les lignes qui engendrent leurs surfaces. De même, daos les roues d'angle, il établit, avec une graude précision, la ligne génératrice de la surface des dents. Des pignons et des rouets énormes ont leurs axes tournés et polis, et le sont eux-mêmes, afin de placer les extrémités des dents dans les surfaces cylindriques ou coniques qui Se conviennent,
Des conduits sont ménagés dans toutes les hoîtes en cuivre, afin de pouvoir sans cesse huiler les axes, ce qui rend les frottemens nuls, ét empêche les surfaces de se détruire. Enfin, M. Hallette n’emploie, pour ainsi dire, que du cuivre et de la fonte dans ses machines, parce vue l’hygrométricité du bois ne lui permettrait pas de leur donner la précision et la justesse qu’elles exigent. Elle est telle que dans le calcul on peut se dispenser de faire la part des cas fortuits et des causes inconnues.
La commission a cru devoir borner ici son travail, sans entrer dans une SE ds détaillée qu’elle a ii inutile.
EN
Mémotres; | Si l'exposé des avantages que les machines de M. Hallette ont paru présenter à la commission peut engager nos fabricans à une démarche, la première sera sans donte de se transporter chez M. Hallette, dont les ateliers sont toujours ouverts, et où ils pourront examiner les objets et même répéter des expériences dont les résultats guideront leur jugement. La Société s'estimera heureuse si les vœux qu'elle fait à cet égard sont remplis. Nous terminerons ce rapport par le tableau de la com: position d’üne usine avec les machinés de M. Hallette ; par celui dé ses produits et des forces nécessaires pour la faire mouvoir, afin de donner une idée plus complète de leur supériorité, sur tout ce qui s’est fait jusqu’à ce jour dans ce genre. Nous prendrons une paire de cylindres poürunité ; ainsi nous aurons pour la première trituration une paire de cylindres froisseurs qui seront mus paï une force de 150 kilogrammes. | Deux jeux de meules pour le rebat en exigeront 400: Une presse muette pour la première pression et deux pour le rebat consommeront 150 kilogrammes.
La force totale du moteur devra donc être de 700 kilog: avec une vitesse d’un mètre par seconde.
En supposant que les excentriques ne fassent leur demi: tour qu’en trois minutes, les deux presses de rebat feront donc quatre tourteaux dans le même tems, ve qui en donne cent soixante par heure; ou seize cents dans une journée de dix heures de travail et produira environ dix hectolitres d'huile d’œillette et douze à treize hectolitres d'huile de colzat. Tel serait l'effet d’un moteur dont la force est moindre que celle qu'exige un moulin à vent ordinaire, |
ee
m4 MÉMOIRES,
Déjà les machines de M. Hallette, sont en activité dans les départemens voisins. Une usine, dont le moteur est Yeau, va s'établir à Rouval: deux autres, dont les moteurs sont des machines à vapeur, s'établissent à Calais et à Mons ; toutes d’après les procédés et par les soins de M. Hallette, |
Des fabricans , malgré l’'énormité du poids, n'ont pas craint d’en faire transporter à cent quarante lieues d'Arras. L’Angleterre nous les envie: la Belgique va en jouir. Puissent nos concitoyens n’être pas indfférens à de si puissans exemples, et ne pas laisser conquérir par d’autres pays le précieux avantage de mieux fabriquer. Puissent-ils ne pas souffrir qu’on ravisse à notre ville celte branche de commerce qui, depuis tant d'années, en fait la richesse et la prospérité.
Les Membres de la Commission , LETOMBE. = COURTALON. == P. MARTIN. == GARNIER.
Aimé BurDET, Rapporteur.
EXPÉRIENCES COMPARATIVES Faites le 21 Septembre 1818 à Blangy-lez= due EN PRÉSENCE
De M Mourgues, Propriétaire dela Manufacture de Ronval, Et MM. Legavriant ef Pamart, Fabricans d'Huiles, |
Entre les procédés du chauffage à la bassine et de la presse à coins ordinaire, avec l'appareil à échauffer les graines à la vapeur, el la presse muette de M. Hallette. |
L‘"* ExPérreNcox faite dans l’usine de M. Pamart, sur 10,400 grammes de graine d’œilleite, qui avait été sou» mise à une première pression.
LC. quantité a été divisée également en huit sacs, qui ont été placés dans une presse à coin, où ils ont éprouvé l'effet de 46 coups de hyes.
La graine, échauffée dans une bassine , avait reçu une température de 31 degrés de Réaumur, pour les deux premiers sacs, de 33, pour les Juaire dau. et de 35, pour les deux derniers.
Au sortir de -la presse ; les huit tourteaux ont pesé
ensemble . . . . . , +. . .:… +: 8,680 gram. Et Phuile extraite e e« 'e .e e nt: e ‘o . L 259
FE »
Total. : , , . 9.930 gram.
et comme le poids de là graine était de 10,400, Àl s'est fait une perte de 470 granmes, :
f
76 MÉMOIRES.
2" ExpérieNor faite chez M. Hallette, aussi sur ‘0,400 grammes de graine semblable à celle qui a servi à l’expérience précédente.
Comme la presse muelte fait quatre tourteaux à la fois, il n’y a eu que deux chauffages, La graive a été versée dans l'appareil à la vapeur, et a été chauffée chaque fois à 34 degrés.
Au sortir de la presse, les huit tourteaux ont pesé. . . . . . . . . . . . . . 8,795 gram. et l'huile extraite . Ad de de: ee. 1:00!
Total. . . . . 10,295 gram.
| Le perte ici n’est que de 105 grammes. Elie est de # plus faible que celle qui a été faite dans la DrSmuere ee
Si nous comparons le poids des tourteaux , nous voyons que ceux qui proviennent de la seconde expérience sont de 115 grammes plus lourds que ceux qu’on à obtenus dans la première. | LL
Si nous comparons la quantité d'huile, naus trouvons que la presse muette en donne un cinquième de plus que la presse à coin, Résultat énorme, si on l’ajoute à la masse d'huile qui se fabrique annuellement dans ce département.
Ce qui a surpris, c'est d'obtenir à la fois, par les machines de M. Hallette , plus d'haile et plus de matière que par les procédés ordinaïres. On ne peut en trouver Ja cause que dans les procédés du chauffage.
Sur les fourneaux ordinaires, la graine est en contact avec l'air, et séjourne longtems dans les bassines ; il se fait en huile et en eau une évaporation qui est ici de de la masse de graine.
MÉMOIRES. 77
Cette déperlition n’est que de f, dans l’appareïit à !a vapeur où la graine est renfermée dans un vase clos. Il est probable que cette perte n’a Lee que dans l'instant où la graine passe dans les sacs.
Ces faits doivent faire considérer le chauffage sous un nouveau point de vue, puisqu'ils. démontrent que pour obtenir de la graine le plus grand produit possible, il faut à la fois donner à l’huile la plus grande fluidité et éviter toute déperdition.
L'appareil de M. Hallette satisfait aux conditions du problème, puisqu'il peut donner à la graine une haute température sans perdre de cette humidité qui est si nécessaire pour faciliter l'écoulement de l'huile.
Quand à la presse muette, cette expérience prouve ce que nous avons déjà avancé dans le mémoire précé- dent, savoir: qu'il n’existe aucun système appliqué à la fabrication des huïles qui, avec moins de force motrices produise de plus puissans effets,
CANAL LVL LI V'UYSA Le LIRE AR LR
ÉPITRE
A l’Auteur d'un ouvrage inédit sur la statistique du Département du Pas-de-Calais,
vu
Lu d la séance publique du 24 Aout 1818.
INSPIRÉ par l'amour des lieux qui t'ont vu naître, Pour nous les faire aimer tu nous les fais connaître 5 Tu parais lour-à-tour poëte , historien,
Peintre, cultivateur, et toujours citoyen.
Sans eunui, sans fatigue, et sans craindre l'orage, À mi, depuis trois jours avec toi je voyage,
Et j'ai trouvé ce terme.encor trop court pour moi, Je veux recommencer ce voyage avec toi ;
Et sans quitter Sophie, ayant en main ton hivre,. Je monterai Pégase aujourd’hui pour te suivre.
Salut , à mon pays ! séjour délicieux, Séjour cher à mon cœur et charmant à mes yeux ; Où règnent la santé, la paix et l’abondance! Tu n'as pas, je le sais, le ciel de la Provence: L’hvver, on ne voit point les folâtres bergers Fn'er leurs chalumeaux sous les verds orangers ; L'on n'entend pas au loin les éclats de la joie: Sur l'arbre de Thysbé l’on ne voit point la soie: Mais sur de frais gazons , sur des tapis de fleurs, Que nourrissent du ciel les humides vapeurs, Parmi les Coudriers, près d’une source pure,
+ =
MÉMOIRES: 79
Da serpent vénéneux sans craindre la morsure ; À la garde d’un chien confiant leurs troupeaux , Tes pâtres satisfaits dorment au bruit des eaux.
Pour nourrir tes hameaux , pour enrichir tes villes ; D'abondantes moissons couvrent tes champs fertiles ; : Le seigle et le froment remplissent tes greniers ;
Le doux jus de la pomme enrichit tes celliers ;
Tes fils ont la valeur , la force de leurs pères ;
Ea beauté , la pudeur, charment dans les bergères ; Et l'on retrouve encure auprès de tes forêts
Les antiques vertus, l'innocence et la paix.
Dans quels lieux peut-on voir de plus beaux paysages, De plus limpides eaux , de plus épais bocages, De plus rians côteaux , de plus riches vallons, De plus fertiles champs et de plus verts gazons ? Pour chanter mon pays et tout ce qu’il m'inspire, Oh ! qui me donnera la palette et la Iyre ?
D'un style toujours pur , élégant et correct, Toi, du moindre hameau tu nous décris l'aspect. Ami , pour achever cette entreprise immense,
Il a fallu tes soins , ton zèle et ta constance :
Tu ne marchaiïs jamais sans porter avec toi, L'équipage d’un peintre ou d’un homme de loi. . Tenant force papiers , armé d’une écritoire ,
En guëtres , habit bleu , surtout gris , veste noire ; Que de fois on t’a vu , sur le bord du chemin, Arrêter les passans , la lorgnette à la main,
Et les interroger avec persévérance
Sur quelque vieux château qui tombe en déndeneel ? D'un pas religieux tu parcours ces remparts , Théâtre abandonné des fureurs du Dieu Mars,
#o = MÉMOIRES.
Où l’on retrouve encor les lances meurtrières ; Tu contemples ces murs , tapissés de lierres, Ces souterreins pro‘onds, ces fossés recouverts, Ces superbes chemins , presque aujourd’hui déserts ; Et tu dis, appuyé contre une humble cabane : « Ce champ couvert d’épis fut jadis Thérouanne ! » Le vieux berger sur toi jette un regard malin , Et quitte ses pipeaux pour dire à son voisin : » Vois-tu cet étranger tout couvert de poussière ; » Qui toise le clemin, qui sonde la rivière ? » Hier, je l'ai trouvé là-bas, près du moulin; » Au pied de ce côteau, je l’ai vu ce matin : » Il prenait le contour d’un tilleul et d’un orme...; » Du coq de notre église il regarde la forme. » Remarque ses habits, sa marche et son maintien ; » C’est un grand voyageur, oh ! je n’y connais bien, _» L'air distrait et pensif, il suit à pied sa route ; » 1]l s'arrête, il observe, il s’informe, il écoute... » Je ne me trompe pas : sous son chapeau pointu, » C’est lui , le juif errant , que mon grand-père a vu, x Rempli de ton sujet , rien ne peut te distraire ; Interrogeant surtout les traces de la guerre, Visitant tour-à-tour les murs du Vieil-Hesdin , Les antiques châteaux de Renty , de Fressin, Où de puissans Seigneurs, du haut de leurs tourelles, Appelaient leurs vassaux pour vider leurs querelles. Tu veux escalader ces fameux boulevards, | Défendus par l’épine el la ronce aux. cents dards ; Où les vents déchainés , soufflant dans le feuillage, Et les tristes hiboux, fuyant à ton passage, Troublent seuls le repos qui règne dans ces lieux, Où s'arrêtent caplifs les regards curieux.
“
| MÉMOIRES. sà
Tu rêves à loisir à ces nobles faits d'armes, Tant pour toi le passé conserve encor de charmes? . D'un ruisseau méprisé toi seul peux dire un nom Que jamais n'ont chanté les Muses d’Hélicon : Parcourant, avec soin, les fastes de l’histoire, Tu sauras y trouver des titres à sa gloire ; Redis que d’Atrébate entourant les remparts, Jadis il arrêta le premier des Césars ; N'oublie pas que ses eaux, pour la tapisserie, Teignirent autrefois la laine d’Ibérie, Qui, filée avec art sous des doigts délicats, Nuançait savamment de riches canevas, Où l’on voyait des camps, des sièges, des batailles , Qui de nos vieux salons décoraient les murailles. Dans tes récits pompeux , illustre ton pays, Que ce ruisseau devienne un autre Simois ; De son modeste cours rends la gloire complète : Sois son historien , je serai son poëte. Mais les rives de Liane appellent mes pinceaux. Quel pays fut jamais plus fécond en héros ? Quand le chantre immortel de Renaud et d’Armide Veut choisir un guerrier pieux , sage , intrépide, Digne de commander à des héros chrétiens, Sa Muse désertant les bords Ausoniens, Dans un sublime essor vers mon pays s’élance, Et plane sur les murs où Bouillon prit naissance. « O cher Gésoriac ? (1) Ô séjour plein d’attraits, » Autrefois la terreur et l’amour des Anglais ! » De ton modeste port ; où l’on entre avec peine,
(1) Boulogne-sur-mer,
52 MÉMOIRES.
» Pour soumettre Albion, partit l'aigle romaine ; » Ici, de cette tour, se faisaient les signaux ;
%
» Là, du camp de César j’apperçois les travaux.
s Que j'aime les remparts , le château , l’esplanade , » D'où je vois la campagne , et la ville et la rade; » D'où J'entends à la fois, assis sous des ormeaux, » Les vagues, les tambours, et le chant des oiseaux! » Oublierai - je ces camps à l'abri des attaques,
» Ces jardins cullivés à l’entour des baraques,
» Ces brillants étendards déployant leurs couleurs;
» Ces armes, ces faisceaux environnés de fleurs, >» Et Paspect du soleil près du frout de bandière
Abaissant sur les flots son disque de lumière,
J
Taudis que des bâteanx les nombreux pavillons
Se balancent dans l'air au gré des aquilons ? »
Je retourne avec toi sur les rives de l’Ene ;
Au pied du mont Hulin j'aperçois Désurène :
Ici de Saint - Vulmer l’aspert délicieux,
Du vovageur charmé fixe bientôt les veux,
Que la nature est riche auprès de ces montagnes ;
Qui du Bas - Poulonnais encadrent les campagnes!
Les vœux du lahoureur n’y sont jamais déçus ;
C'est là qu'on voit régner les antiques vertus »
Que l’on relrouve encore une active jeunesse ,
Brillante de santé, de courage et d'adresse,
Laborieuse , sobre et contente de peu,
Pour qui de durs travaux semblent n'être qu’un jeu: Les Muses ont aimé notre belle patrie,
Où règnent les lalens, les arts et l’industrie.
Les Trouvères iri racoutaieut leurs amours;
Leurs chants ont égalé les chants des Troubadours.
Flaids et jeux sous l’ormel , jours dignes de mémoires
CR
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MÉMOIRES 83
Où la beauté jugeait des titres à la gloire, . Décernait la couronne à des rivaux soumis, Et jamais au vainqueur n'enlevait ses amis !
Je t'ai suivi long-tems dans tes récits fidèles ; Je te quitte à regret, mais Pégase a des aîles. Je ne puis avec toi marcher d’un pas égal : Ce qui va bien en prose, en vers irait fort mal. Comment pouvoir, ami, m’enfoncer dans les houilles, Et charger Apollon de leurs noires dépouilles ? Je ne placerai pas dans un riant tableau Le charbonnier courbé sous un pesant fardeau, Essuyant de son front l’eau noire qui découle, Et tremblant que sur lui la terre ne s'écroule. Je ne te suivrai pag dans ces sauvages lieux Où le marbre reçoit un poli précieux. J'entends au loin le bruit des marteaux et des pioches; Le salpètres allumé fait éclater les roches ; La nature est ici dans toute son horreur. Ah ! plutôt des forêts perçons la profoudeur. Qu'il est doux, vers le soir, promeneur solitaire , Quand la pâle Phébé de ses rayons éclaire, De goûter la fraîcheur et des bois et des eaux, De se rendre attentif aux concerts des oiseaux, De sentir l’aube - épine et la rose nouvelle ! Au déclin d’un beau jour que la nature est belle ! Mais pour moi, mou ami, j'en fais l’aveu tout bas, Sur aucune autre terre elle n’a tant d’appas.
Le B°" d'ORDRE , Inspecteur des Foréts du département du Pas-de-Calais , Membre correspondant. |
Penn Rien
LE FLEURISTE ET L'ÉPI DE BLED.
FABLE,
UX amateur , dans un vaste jardin, Ne plantait que des fleurs, telle était son envie ; À les soignèr il employait sa vie, Les arrosait soir et matin, Et prenait grand soin de détruire Les insectes qui pouvaient nuire. Ses peines et son tems , il ne ménageait rien; Jardin jamais ne fut soigné si bien. Un jour qu’il travaillait comme à son ordinaire, (C'étaitau mois d'avril, ) l’homme vit par hazaïd : Un brin de bled qui poussait à l’écart. Oh! oh! dit-il, que viens-tu faire, Herbe insolente dans ces lieux ? Ignores-tu donc qu’à mes yeux Tu ne peux jamais trouver grace? Vraiment tu choisis bien ta place ! Disant ces mots il allait l’arracher ; Le grain espérant le toucher, Eui répondit d’un ton modeste : Ici, permettez que je reste ; Je ne suis point une berbe , et ne peux nullement Nuire à ces fleurs qui font votre agrément,
d MÉMOIRES. 83
Ye suis du bled ; au bout de ma carrière Vous pourrez recueillir ma graine nourricière, Et vos poulets en feront un repas. De ce discours touchant et sage L’amatéur ne fitaucun cas, Et le bled fut ôté sans tarder davantage. L'été se passa bien, et le fleuriste heureux Fut tout ce tems au comble de ses vœux. Mais l’hiver le suivit, et bientôt la froidure , Les noirs autans , la neige et les frimats, Venant désoler la nature . Aux fleurs firent de grands dégats. Notre amateur se donna bien des peines Pour les sauver ; mais toutes furent vaines, Et l’aquilon souffla tant et si bien Que notre homme ne sauva rien. L'on peut juger quel fut le chagrin du fleuriste, Quandil vit son jardin dané un état si triste; Eb quoi! se disait-il, après tant de labeurs Il ne me reste rien ! encore si ces fleurs, M'avaient donné des fruits pour remplir mon armoire. :.:: Soudain l’épi de bled lui revient en mémoire. Ce grain, dit-il, avait raison. - Si pendant la saison dernière J'avais de bon froment ensemencé ma terre ; J'en aurais maintenant ample provision. Que nr'ont servi ces fleurs que je trouvais si belles ? Pour prix de mes travaux me reste-t-il rien d'elles? Je reconnais ma faute et veux la réparer. Je vais de mon terrein faire un meilleur usage ; Le grain que j'y mejtrai me fera prospérer , Et je pourrai jouir des fruits de mon ouvrage.
86 MÉMOIRES. .
Pour occuper mes instans de loisir, De quelques fleurs encor j'ornerai mon parterre ; Et, sans que ce soit là ma principale affaire Ce sera cependant un sujet de plaisir.
Le fleuriste de cette fable Était un homme de bon sens : Comme lui sachons en tous tems Joindre l’utile à l’agréable.
Auguste CoT, Membre résident,
MÉMOIRES. 87 iunenennmnRanERNEmAam Nu IERmRmAuEuEunREuUEunuxs Essar sur les Maladies particulières au département
du Pas-de-Calais, et les causes qui les produisent’, par B. Leviez, Docteur en médecine, Directeur de Phcole de Mél:cine et de Chirurgie du département du Pas-de-Calais , Membre de la Société royale d'Arran
MESSIEURS,
FE, vous associant les hommes qui cultivent les diffé rentes parties des Arts et des Sciences, vous avez suffisamment prouvé, qu’elles ont entre elles des con- nexious si intimes, qu’elles dépendent toutes les unes des autres, qu’elles se prêtent des secours mutuels, et qu'elles ont un seul et unique but, le bonheur des hommes réunis en société. Aussi, celui qui veut appro= fondir un des points de nos connaissances ; commence- t-il pat acquérir des notions plus ou moins étendues sur les différentes Sciences qui ont quelque rapport avec celle qui doit l’occuper particulièreinent , afin d'établir des comparaisons entre elles, et de saisir les De de contact qui leur servent de liaison.
Cette vérité appliquée à la Médecine ‘paraîtra encoré plus sensible ; toutes les autres Sciences semblent être devenues ses tributaires; considérée sous un double rapport, la Médecine comprend premièrement l'étude de Yhomme dans l’état de santé et dans l’état de maladie; deuxièmement, l'étude des objets qui sont placés au- dehors, et qui produisent sur lui une impression quel- conque. Cette distinction est due à Galien qui appelait les matières de la première division, choses naturelles, et improprement les secondes choses non-naturelles.
LS Lis 7
88 MÉMOIRES,
On appercçoit d’un coup-d’œil que la Médecine embrasse ‘toutes nos connaissances : la Physique , la Chimie, l’His- toire naturelle sont appelées tour-à-tour à concourir, soit à la découverte de quelques-uns des secrets de notre organisation, soit à nous procurer des moyens médica- menteux propres aux traitemens des Maladies. Elle étend son empire sur les trois règnes de la nature qui s’em- * pressent de lui apporter chacun leur tribut.
Les Beaux-arts , la Musique , la Poësie, la Peinture, ve lui sont pas étrangers; très-souvent réclamés par le Médecin , dans certaines maladies nerveuses, ils devien- . nent des moyens précieux, soit comme traitement , soit pour seconder Peffet des remèdes. Les Prêtres égyptiens qui réunissaient la Médecine au Sacerdoce, savaient en obtenir les plus heureux résultats.
Pendant longlems et principalement aux époques de Barbarie, l'Etude de la Médecine était négligée. Quel- ques hommes seulement suivant les traces des Médecins grecs, en cultivaient isolément les différentes branches, et conservaient le Feu sacré ; tandis qu’une foule de Médicastres soumis à l'empire d’une pratique routinière, deshonorait le plus précieux des Arts, et en faisait un honteux trafic. La crédulité publique favorisait son audace. Les hommes instruits longtems privés des moyens nécessaires pour pouvoir distinguer ceux qui doivent mériter la confiance , confondirent tout ; ils considérèrent cet Art ou comme sacré, sur lequel il était défendu de porter un regard profane ; ou bien la Médecine ne parut à leurs yeux qu'une science illusoire et même nuisible : c'est ce qui l’a rendue, tantôt l’objet d’une vénération exagérée, et tantôt l’objet d'une dérision injuste.
Fondée sur la connaissance des sciences naturelles , la
MÉMOIRES, 8g
Médecine est enfin redevenue ce qu'elle était au tems d'Hippocrate : une théorie simple, fondée sur des ex- plicalions déduites des faits ; des descriptions exactes des ” maladies ; une discusion sévère pour découvrir les causes qui les ont produites ; l’éloignement de tout ce qui n’est pas le résultat de l'observation ; des remèdes bien choisis, dont les effets sont appréciés à leur juste va- leur , tel est l’état actuel de la Science. Ce n'est plus un amalgame informe de formule , de recette, de pa- nacées présentées indistinctement pour guérir toutes les maladies ; c’est une Science qui ne repose que sur des faits, qui a ses difficultés, ses bornes ; mais qui sou- | met toutes ses opérations au flambeau de l'expérience Ja plus rigoureuse.
Aussi la médecine a-t-elle de nos jours mérité le suffrage des gens instruits et la protection des magis- trats? Elle est souvent honorée par des savans dans tous Îles genres qui voulant approfondir la Science de l'homme , s’empressent d'acquérir des connaïssances dans l'anatomie , la Physiologie et l’'Hygiène ; ils trouvent des délassemens dans une Science qui était autrefois héris- sée de dégoûts et enveloppée d’un voile mystérieux. En effet, l’étude de soi-mème, de ces admirables fonctions dont l’ensemble constitue la vie; celle des objets ex- térieurs qui produisent sur nous des impressions si va- nées et si étonnantes , est bien faite pour remplir les loisirs des personnes qui aiment à se connaître,
_ Ce sont ces considérations, Messieurs, qui m'ont dé- terminé À vous entretenir un moment de la médecine, J'ai pensé que des recherches sur l’Hygiène , (cette partie intéressante qui a pour objet la conservation de la santé), relativement aux maladies "particulières au pays que
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0 MÉMOIRES.
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vous habitez; les causes auxquelles on peut les attri- buer, les moyens préservatifs et curatifs, etc., pourraient vous être de quelqu'intérèt.
Mais avant d'exposer ces différentes maladies , il me
paraît indispensable d'entrer dans quelques détails sur de climat, le sol , la température, les productions, ete, da département du Pas-de-Calais, objets qui ont une influence manisfeste sur la santé de ses habitans. C'est ce qui formera la première partie de cet essai. . Une courte description des maladies qui tiennent aux qualités constantes et variables de atmosphère ; de celles qu'on nomme endémiques et épidémiques ; l’exposition des trailemens préservatifs et curatifs reconnus les meil- leurs par les praliciens ; tel sera l’objet de la seconde parlie.
Je ne me suis pas dissimulé la difficulté de traiter convenablement un sujet d’une si haute importance. Plusieurs de mes confrères m'ont déjà devancé dans cette carrière , notamment MM. Desmarquois et Butor, qui Yont parcourue d’une manière distinguée. Leur excellent ouvrage sur la statistique médicale du département du Pas-de-Calais, est rempli de vues profondes, d’obser- valions importantes : il peut être d’un grand secours à ceux qui exercent la médecine dans ces contrées ; mais le sujet est si vaste, si interessant, qu'il offre une moisson abondante à recueillir à tous ceux qui voudront s’en occuper : c’est un champ fertile en obser- vations, et dont on peut tirer les plus grands avantages pour l'humanité,
MÉMOIRES, | (SL:
PREMIÈRE PARTIE.
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CHAPITRE ].® — Climat et température.
LE département du Pas-de-Calais est situé entre le 50." et le 51. degré de latitude septentrionale, et entre là 45.%* et la 5o."° minute de longitude, méridien de Paris. Il peut être considéré par rapport à cette situation géographique, comme appartenant à ceux dont la tem- péraiure se rapproche davantage des pays situés au. nord de l’Europe; le climat de la France en général: est tempéré; elle tient le milieu sous ce rapport entre: les contrées méridionales et septentrionales ; celui du Pas-. de-Calais est humide et froid. Des pluies abondantes pendant une grande partie de l’année, entretiennent cette humidité. L'air est pendant tout ce laps de tems. surchargé de brouillards, de vapeurs qui s'élèvent du sein de la mer, ou des ‘autres surfaces aqueuses. Si sa température est en même tems élevée, il devient beau coup plus susceptible de se charger des émanations putrides et marécageuses ; à moins qu'un vent salutaire ne vienne balayer l'atmosphère et la rendre plus pure. C'est-KRà un des principaux avaniages de ces grandes asitations aériennes connues sous le nom de météore. Il est rare que les hivers soient rigoureux dans le Pas- de-Calais. Ce ne fut guère que pendant les années 1709, 3740 et 1588 que l’on vit descendre le thermomêtre de Réaumur au-dessous du :15.%° degré. Nous avons en. général trois ou quatre hivers très-doux sur un rigou-. reux. La gelée se fait à peine sentir ; le thermomèëtre-
92 : MÉMOIRES. descend seulement au 7."° ou 8." degré au-dessous de zéro, et s'y maintient peu de tems. Lorsque la neige reste sur
les terres pendant un mois ou deux, cela est regardé comme un signe favorable à l’agriculture.
La chaleur est rarement excessive , le terme moyen est du 16.% ou 20." degré au-dessus de zéro; mais il arrive assez souvent que nous avons une température uniforme pendant la plus grande partie de l’année. Un hiver doux un été froid La température est souvent extrémement variée dans un court espace de tems, et n’est pas tou- jours en rapport avec les saisons, Le printems est per- nicieux à la santé sous le rapport de la transpiration insensible qui est susceptible de se répercuter , princi- palement dans les lieux élevés. Dans les contrées basses, au contraire , les vallées humides , les Lords de la mer, c'est l’automne qui est la saison la plus nuisible. On voit encore dans notre climat , un froid vif et une chaleur brülante se succéder avec la plus grande rapi- dité ; la même journée nous offre un tableau de quatre saisons ; de la gelée pendant la nuit, une fraîcheur piquante le matin, et une forte chaleur à midi.
Une tradition populaire prétend que la température est changée, que les saisons se sucrédaient autrefois avec plus d’uniformité; c’est ce qu’il est difficile de prouver. On sait que ce pays était jadis couvert de vastes forêts, que la plupart des terres étaient encore en friche. Mais il est prouvé que la culture d'un pays en adoucit la température, et que le défrichement des forêts favorise la circulation de l’air. 11 est possible que dans certaine partie du département, les vents s’y fassent sentir aveo plus de violence,
MÉMOIRES. 93:
CHAPITRE ÏÎL — Topographie.
A
BOoRNÉ au nord et l’est par le département du Nord. et l'Océan, au midi par celui de la Somme, à l’ouest. par le détroit qui sépare la France de l'Angleterre , le- département du. Pas — de - Calais comprend presque. la. totalité de l’ancienne province d'Artois, la majeure partie du Boulonnois et du Calaisis et une petite por-. üon de la Picardie. Ce pays était autrefois divisé en haut et bas Artois. en haut et bas Boulonnais. Cette ancienne- division présente les considérations les plus importantes, sous le rapport de l'atmosphère, des qualités du sol, des productions, des maladies, etc. Nous aurons plu- ‘sieurs fois occasion de le faire remarquer, et nous les. désignerons sous les noms de partie haute et. partie basse. du département. La première comprendra la totalité des. arrondissemens d'Arras et de St. Pol, une- forte majorité de ceux de Béthune et de Montreuil, une partie de celui de Boulogne. et de St. Omer. Il restera pour la seconde- au partie basse , ‘la presque totalité de l'arrondissement de St. Omer , et des portions plus ou moins considérables, de. ceux de Béthune, de Montreuil et de Boulogne.
CHAPITRE IIL — Qualités du soi, LA partie haute du Pas-de-Calais offre des montagnes: qui ont peu d’élévation, et qui mériteraient plutôt le- nom de. collines; des plaines élevées mais fertiles, La:
94 MÉMOTRES.
sol y est généralement à lase de carhorate calcaire: des pierres alun:ineuses ou siliceuses, s’enfoncent à des profondeurs plus ou moins considérables. Les montagnes n’ont souvent que très-pen d’humus ou terre végétale ; les plaines ont en proportion des couches de terre beaucoup plus profondes. La plus commune dans cette partie du département, est celle qu’on nomme argileuse ou glaiseuse d'une couleur grise ou blanche. On y ren- contre aussi des terres vives mêlées de silex dont la couleur rouge fait présumer un mélange d’oxide de fer avec une petite quantité de soufre, et dans la multitude de petites vallées que forment les montagnes et les plaines, on trouve en abondance, une espèce de terre à laquelle on peut donner le nom de terre-franche ; elle parait résulter de la combinaison particulière des quatre principales espèces de terre que les chimistes modernes reconnaissent, qui sont la silice, l’alumine, la zivrone, la magnésie, et auxqueiles on peut ajouter la chaux regardée comme terre alkaline; c’est la plus abondante dans Îles lieux élevés. Il existe aussi une grande variété dans les terres de ces nombreuses vallées, suivant qu'eiles se trouvent plus ou moins chargées de substances vésélales én putiéfaction. Il en résulte des dépôts qu'y laissent les feuilles des arbres et des végé- taux qui y croissent en abondance et avec plus de force que partout ailleurs. Ces matières sont sans cesse en- traïinées par Îles pluies dans les lieux les plus déclives. On rencontre encore, mais plus rarement, des mares d'eau à fonds de terre tourbeuse.
La terre, dans la partie basse, est plus grasse ; l'a- Ynmine est la partie qui y domine; ses couches sont Œus mullipliées; elle est d’une couleur noire, grise ou
à
MÉMOIRES. _ gù
jaune, et d’un grand rapport. Quel plaisir n’éprouve- t-on pas en parcourant les plaines fertiles, les gras pâtu- rages et les riches prairies que la Lys arrose jusqu’à son confluent avec l'Escaut? Rien de plus agréable que les bords de l’Aa jusqu’à la mer, et les belles campagnes du bas-Boulonnais. Si cette qualité du sol enrichit les habitans de ces contrées, elle les expose à des maladies plus nombreuses et plus graves que celles de la parlie baute. On y rencontre aussi des terres argileuses , des bancs de sable, du silex, sur-tout sur les bords de la mer. Mais un objet bien plus important à observer, sous le rapport de la médecine, c’est la quantité de terre tourbeuse qui se trouve dans cette partie du départe- ment. L’abondante extraction de la tourbe en été, est remplacée par une masse d’eau considérable, dont l’éva- poration toujours à craindre dans les tems de chaleur, doit appeler sans cesse l’atlention de ceux qui veillent à la santé publique.
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CHAPITRE IV. — Qualités des Eaux. Re
LES vallées sont presque toutes arrosées par un grand nombre de ruisseaux, qu’on voit sortir du pied des montagnes, et qui, par d’agréables détours, serpentent dans les plaines pour y porter la fraîcheur et la fertilité. Ces eaux, suivant qu'on les voit jaillir du silex vif ou du carbonate calcaire, prennent le nom d’eau de gravier ou d'eau de marne. Ces deux espèces d'eaux, lorsqu'elles sont pures , sans cesse en mouvement, contribuent à embellir et à sanifier le pays qu’elles parcourent, au-
\
06 | MÉMOIRES. tant que leurs bonnes qualités entretiennent Ia santé des habitans de :ces contrées.
Comme ïl est impossible de décrire les différentes espèces d'eaux répandues dans toutes l’étendues du ter- ritoire du Pas-de-Calais , il ne sera pas inutile je crois, de donner ici uue courte analyse, au moyen de la- quelle, on pourra facilement reconnaître, les bonnes et les mauvaises qualités des eaux.
L'eau n’est pas un élément comme on le croyait au- trefois ; suivant les expériences des chimistes modernes, Veau est un composé de 085 parties d’oxigène et de o15 d'hydrogène. Elle se trouve presque toujours mêlée par l'agitation avec quelques parties d’air et d’acide car- bonique , ce qui lui donne une propriété stimulante que la distillation et l’ébullition lui enlèvent.
L'eau étant un fluide éminemment dissolvant, il est très-rare de la rencontrer pure. Elle contient presque tou- jours des matières qui en altèrent plus ou moins Îles propriétés. La meilleure est celle qui provient d’une fontaine, d’une rivière ou d’un fleuve , ou celle qui roule longtems sur Île sable ou le gravier, où elle a pu se dépouiller des parties hétérogènes qu’elle conte- nait, qui est limpide, diaphane, incolore, qui a une saveur, fraîche, dissout facilement le savon et cuit par- faitement les légumes. L'eau distillée est la plus pure de toutes ; mais elle est privée d’air et d’acide carboni-— que, comme: celle qui a bouilli : ce qui la rend insi- pide , indigeste et moins salutaire.
Les eaux de pluie, de lac, de citerne , de neige, peuvent encore être employées dans l’usage ordinaire ; mais elles contiennent presque toujours des matières salines , des substances végétales en putréfaction. Les.
MÉMOIRES. 97 plus mauvaises sont les eaux stagnantes des marais ; elles acquièrent différentes saveurs selon les substances qui y sont en dissolution ; le savon au lieu de s’y dis- soudre, se forme en grumeaux qui surnagent; les 1é- gumes loin de se ramollir par la coction, s’y durcissent en se pénétrant de substances salines. Il en est à peu près de même de ces eaux qu’on nomme cruës ou dures , comme sont celles de certains puits, dans les lieux bas, et qui contiennent la plupart un excès de carbonate de chaux , de la selenite, ou sulfate de chaux.
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CHAPITRE V. — Aivières. EE ere en
LEs nombreux ruisseaux que nous avous vus arroser les vallons et les belles plaines de la partie haute de ce département se réunissent par des confluents mul- tipliés ; ils parcourent les vallées qui s’agrandissent in- sensiblement , et forment les grandes rivières ; la Scarpe, la Canche, l’Authie et la Sensée dont les bords fertiles et plantés de grands végétaux font nne heureuse diver- sion avec le reste de cette partie qui est en général sèche, peu boisée et entièrement découverte. La Lys, V'Aa et la Liane parcourent la partie basse du Pas-de- Calais : le cours de ces rivières est moins rapide; leurs eaux s'épanchent doucement dans les plaines basses, les prairies et les marais. Elles y forment souvent en automne et surtout en hiver des plages d’eau que les chaleurs de l'été font disparaître. Ces cruës déposent sur les terres une vase abondante qui augmente beaucoup Ja fertilité de ces contrées. Mais elles peuvent être
98 . MÉMOIRES.
pernicieuses à la santé en favorisant le développement des maladies épidémiques. Ce fléau destructeur est bien plus rare actuellement , que les autorités administratives s’occupent sans relâche à dessécher les marais fangeux, à rendre à l'agricultnre les terrcins qui en sont sus- ceptibles ; à faciliter l'écoulement des eaux, soit en creusant des canaux de communication , soit par le cure- ment des rivières, ou en joignant ensemble plusieurs pièces d’eau que le mouvement et l'agitation purifient. Les plantations d'arbres le long des rivières et des ca- naux, autour des lacs, sont encore des moyens puissans
pour corriger l’insalubrité de Pair.
Les végétaux et surtout les grands, selon les chi-
mistes, contribuent à sanifier l’atmosphère. Ils absorbent les émanations nuisibles et le carbone qui en est la base, et laissent exhaler de l’oxigène principalement lorsque le soleil est sur l’horizon. C’est ce qui peut rendre raison jusqu'à un certain point du charme inexprimable que nous éprouvons, daris une promenade du malin, quand le soleil darde ses premiers rayons sur une végétation brillante ; lorsqu'une fraîche rosée et l'arum des fleurs embaument l'atmosphère. Nos fonctions s’exercent alors avec bien plus de facilité; nos sens reçoivent des im- pressions agréables des objets qui nous environnent : tout contribue à nous donner une nouvelle existence.
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CHAPITRE VI — Habitations.
AUSSI les habitations situées dans le voisinage d’un bois, près d’une rivière dont l’eau limpide et pure, est dans une agitation continuelle, non loin d’une prairie
LL
MÉMOIRES. 96 couverte de plantes aromatiques, sont-elles. bien plus favorables à la santé? C’est sur-tout dans la plus tendre enfance et dans la jeunesse que les influences dn sob et de l'atmosphère sont les plus énergiques. Nous sommes souvent étonnés de voir les enfans des campagnes plus forts et plus vigoureux que ceux des villes. Notre étonne- ment cessera lorsque nous seront persuadés que l’exercice du corps continuel et pénible , l'air libre, et une nour- riture abondante, sont les trois conditions les plus avantageuses au parfait développement de l'homme.
Si nous jettons un coup-d’œil sur les habitations des villes du Pas - de - Calais, nous remarquerons que les changemens qu’on y a fait de nos jours sont immenses. L’inbumation hors des villes, les soins de propreté de toute espèce, la manière de construire les maisons où Vair circule plus librement; les plantations d'arbres dans les places publiques, autour des villes, le long des routes , etc. , attestent l’excellence du génie qui préside à PADpiène publique.
Mais lun objet qui ne cessera jamais de frapper l’atten- ton de l’ami de l'humanité, c’est de voir encore de nos jours , dans le chef-lieu du Pas-de-Calais , les caves ha- bitées par des hommes! Descendez dans ces tombeaux vivans ; voyez ces spectres ambulans ; des enfans pâles , languissans , décharnés, attaqués de scrophule , de scorbut, et autres maladies qui les moissonnent à la fleur de l’âge; ou s'ils échappent, ces êtres frèles, dé‘ licats , accablés sous le poids des infirmités, après avoir donné l'existence à des enfans plus faibles qu'eux, sont victimes d’une vieillesse prématurée. Toutes les circonstances conspirent à dégrader cette classe malheu- xeuse : la misère, les maladies. et ' la privation d'air !
LOO MÉMOIRES.
les vrais philantropes feront toujours des vœux pour que ces souterrains infects, soient rendus à leur première destination. à
Les habitans des campagnes seraient dans la position la plus avantageuse à la santé, s’il ne se rencontrait chez eux des inconvéniens d’un autre genre. Parcou- rons leurs habitations ; en général , elles sont petites, étroites, peu aërées ; humides, toute la famille se. réunit dans une même pièce, qui est souvent contigué aux étables des bestiaux. ( On croit vulgairement que la transpiration des animaux est salutaire à l’homme ; c’est une erreur fondée sur ce qu’on l’a quelquefois em- ployée avec succès dans Île traitement de la phtisie ). De cette contiguité résulte que les hommes et les ani- maux respirent le même air, surtout peudant la nuit ; les croisées sont étroites, presque toujours fermées ; les lits sont enfoncés dans des alcoves resserrées, près de murs humides. La cour est inondée d'une mare bour- beuse d’où s’exhale des miasmes putrides très-pernicieux. Joignez à toutes ces causes d’insalubrité , une nourriture peu substantielle, mal-saine, des fatigues excessives , de l’eau pour boisson, souvent d’une mauvaise qualité ; telle est la condition du pauvre à la campagne. Vous ne serez pas étonnés si les épidémies , qui exercent si sou- vent leur ravage , dans le Pas-de-Calais, commencent presque toujours par la classe indigente et ne par- viennent à la classe aisée que par contagion.
Il est du moins satisfaisant de voir que l'esprit de propreté, d’embellissement et de salubrité s'étend de plus en plus; que l'impulsion donnée par les autorités administratives descend dans toutes les classes, et que chacun met le plus grand prix à se procurer une de- meure aussi commode que salubré.
MÉMOIRES: roI
CHAPITRE VII. — Productions. à
IL est inutile d’insister beaucoup pour démontrer que les productions d’un pays doivent influer sur la . de ses habitans. Je jetterai un coup-d’œil rapide 1.° sux les productions minérales; 2.° sur les productions végé- tales ; 3.° sur les productions alimentaires one au Pas-de-Calais.
Sous le rapport de la minéralogie > la nature nous offre, dans certaine partie du département, des objets dignes de fixer l'attention de l’observateur. On rencontre des minéraux et des fossiles, sur-tout dans l’arrondisse- ment de Boulogne, où l’on trouve des pyrites martiales ( sulfur de fer ), des sources d'eaux minérales ferru- gineuses, des mines de charbon de terre, des carrières de marbre, des pierres coquillières, du tuf, des géodes, des comus d’ammon, des grès, etc.
Le règne végétal étale à nos yeux des productions bien plus variées; la médecine y trouve des plantes usuelles de toute espèce, et la nature prévoyante à prodigué à chaque contrée de notre déparlement les remèdes qui sont propres À ses maladies particulières. Les montagnes, les bois et les prairies recèlent des plantes analogues à la nature du sol et des maladies qui ont coutume d'y régner. C’est ainsi que l’on trouve en abon- dance, dans a partie haute, les classes des plantes désignées sous les noms de vulnéraires, les béchiques, les amers, les mucilagineux, etc.; souvent nous foulons aux pieds des végétaux précieux. Les fleurs de tussilage, la bugle, la scabieuse, le bouillon-blanc, le lierre ter-
102 MÉMOIRES.
restre , la véronique, la germandrée, la scolopendre , et beaucoup d’autres ornent nos bois et nos prairies, y répandent leur doux parfum, et fournissent des remèdes aussi précieux que simples dans les affections catharrales si fréquentes dans ces contrées.
La partie basse du département, nous offre aussi un grand nombre de plantes offcinales, maïs d’une nature différente. Celles appelées anti-scorbutiques, les crucifères, les apéritives, les fébrifuges s’y rencontrent à chaque pas. Les bords de l’Aa, les fontaines qui environnent cette rivière, la Lys et la Liane sont couverts de cresson , de beccabunga , de treffle d’eau , d’ache , d’anonis et d'un grand nombre d’autres plantes qu’il serait trop Jong de détailler ici, mais toutes plus ou moins utiles à combattre les maladies adynamiques particulières à cette contrée.
Les productions alimentaires sont abondantes dans toute l'étendue du département ; l’Agriculture a fait des progrès immenses, et n’est pas très-éloignée de son plus haut point de perfection. Les légumes sont d’une excel- lente qualité; les fruits sont variés et la nature nous en offre pour toutes les saisons. Les graines céréales, les racines féculentes fournissent à toutes les classes de la société un aliment nourrissant et salutaire. Néan-
moins ‘ils présentent des différences importantes suivant
les lieux où ils croissent. Les légumes et les fruits de la partie basse du département, sont aqueux, moins sapides ; la chair des animaux est molle, tendre, grasse, moiris savoureuse : les productions des terrcins élevés
de ce département sont moins abondantes, mais aussi
elles sont d’une qualité supérieure,
CHAPITRE
MÉMOIRES. " 103
CHAPITRE VIIL — Usages.
IL est quelques usages particuliers à ces corse qu’il me paraît important de signaler ici, en raison des influences qu’ils peuvent avoir sur la santé.
La bierre est la boisson ordinaire à ce département. La décoction d'orge germé qui a subi la fermentation alcoolique, à laquelle on ajoute du houblon, essentiel à sa conservation , fournit une boisson vineuse , agréable, rafraïchissante et nourrissante. La plus salutaire est celle qui est claire et qui ne contient que très-peu d’acide carbonique. Il est à remarquer que l’eau avec laquelle on fait la bierre influe notablement sur ses qualités. Cette boisson convient bien aux personnes fortes, c’est un stimulant doux qui peut faciliter la digestion. Mais celles qui ont l'estomac faible doivent s’en abstenir ou en faire un usage très-modéré. La bierre bue avec excès, surtout celle qui contient de l'acide carbonique , qui mousse , jette dans une ivresse particulière dans laquelle ceux qui en sont atteints deviennent furieux ou assoupis ; ces excès, souvent réitérés, engourdissent les sens et le eérveau. Les boissons acidulées, la limonade . l’oxicrat, le punch, font cesser les. mauvais effets de Ja bière.
n’est pas de pays où l’on fasse un plus grand usage de beurre que dans le département du: Pas-de- Calais. Les chimistes le regardent comme une huile ani- male concrète, susceptible de fournir un excellent aliment, lorsqu'il est employé en petite quantité, comme l'assai- sonnement des légumes farineux , des racines féculentes et des graines céréales dont notre pays abonde; mais, pris avec excès, il devient pesant, produit le fer-chaui
L 3. Liv. 8
104 MÉMOIRES.
ét es embarras gastriques. C'est surtout lorsqu'on f’em- ploie en trop grande quantité à l'usage des sauces qu’il est le plus nuisible; principalement quand on le fait roussir où qu'on Je joint à des alimens assez gras par eux-mêmes, comme certains poissons, etc. Les irritations gastriques, les spasmes ; les resserremens de l’estomac, qui répandent leurs funestes effets sur toute l'économie humaine, n’ont souvent d’autres causes qu'une alimen- tation qui n’est pas en ‘rapport avec les puissances digestives.
* L'huile d’œillette , retirée par expression des semences de pavots, dont les tiges et les feuilles fournissent an sac narcotique, n’a pas les mauvaises qualités qu’on a cru devoir lui attribuer; surtout lorsqu'elle a subi les préparations qui la débarrassent de son odeur vireuse et de son goût nauséabond. Les procédés actuellement en usage à Arras pour la purification des huiles, réanissent tous ces avaritages. L'huile d’œillette devient alors claire, d'une couleur vetdâtre , d’une légère saveur d'amande , et ne produit aucun mauvais effet sur la santé.
L'usage du chaïbon de terre, comme combustible ré- pandu généialement dans la plus grande partie de ce département , peut encore exercer certaines influences sur la santé. La ‘manière de le brûler présente aussi des différences remarquables. Les ‘poëles, en établissant un courant d'air non interrompu qui permet aux vapeurs de se brüler et de s’exhaler aussitôt, sont moins nuisibles que les cherninées dites à l'anglaise et autres dans le même genre. L'inconvénient commun à toutes, c’est de trop échauffer l'appartement, d'établir trop de différence evtre sa température et celle de l’atmosphère du dehors st de rendre les corps plus sensibles à son impression:
MÉMOIRES, | 105
Un moyen de rémédier aux mauvais effets du charbon, c'est de tenir constamment un vase rempli d’eau dans l'appartement. L'eau s’évapore , et a la propriété d’absor- ber les vapeurs nuisibles. Le charbon de Frêne donne lieu à des vapeurs sulfureuses qui gênent la respiration, excitent la toux et disposent aux affections catharrales, surtout quand il est brûlé dans des fourneaux ou ré- chauds dépourvus de tuyaux qui conduisent les vapeurs au dehors. | | Il serait facile d'étendre davantage ces différentes con- sidérations ; les mœurs , les usages , les professions, seraient encore des sources fécondes en observations utiles; mais les bornes que nous nous sommes prescrites . ne nous permettent pas d'entrer dans de plus grands détails: et le peu que nous avons dit suffit pour faire voir qu’on peut en tirer des inductions importantes sous le rapport du tempérament, du caractère, des mœurs et des maladies particulières au Pas-de-Calais, comme nous aurons occasion de le démontrer dans la seconde partie de cet essai. |
8 *
706 MÉMOIRES.
SALAM VE EEE VUE LULU UV LU
APPERÇU TOPOGRAPHIQUE ET MÉDICAL DE LA VILLE D’ARRAS.
L, ville d'Arras, chef-lieu du département du Pas-de- Calais, est située à quelque distance de la rive droite de la Scarpe. La partie la plus élevée de la ville { le milieu de la Grande Place ) se trouve à 17 "1" 72 cf, au-dessus du niveau de cette rivière : un ruisseau nommé te Crinchon traverse la ville de l'ouest au nord, et la partage en deux quarliers différens: l’un est au sud-ouest , c’est la ville proprement dite, qui est construite sur le penchant d’une colline douce; l'autre au nord, nommé la Cité, est aussi situé sur une colline d’une pente peu rapide. Les rues de cette dernière sont droites et larges et les maisons n’ont pour la plüpart qu’un étage. Celles de la ville sont plus élevées mais les rues y sont en général moins régulières et beaucoup moins larges : des places spacieuses ÿ font l'admiration des voya- geurs, et rendent ce quartier plus sain que le mode de construction des maisons ne permet de l’espérer.
Au quartier précédent, on peut ajouter la basse-ville, bâtie à la moderne ;, dont les maisons n’ont qu’un seul étage, mais dont les rues sont larges et tirées au cordeau. De trés-belles promenades , situées dans son voisinage, rendent cette partie de la ville très-saine et très-agréable.
Le sol sur lequel Arras est bâti se compose, en général , de deux bancs de craie, qui s'étendent à une profondeur considérable : ils sont recouverts de quelques pieds de terre végétale. La nature de ce sol et la pente qu'il affecte ne pérmettent guères à l'eau d’y séjourner; aussi, après
MÉMOIRES. 107 une grande pluie, ïl ne faut que quelques heures pour qu'elle soit écoulée, excepté cependant au bas des deux collines, où une branche du Crinchon a été divisée en quatie pour l'utilité des usines. Là , une eau bourbeuse et quelquefois infecte , chargée d’une infinité de débris, circule difficilement et pénètre pendant l'hiver dans les. caves , les inonde et achève de rendre ce quartier malsain. C'est dans cette partie de la ville que sont situés les hôpitaux civil et militaire. Ce dernier contient de grandes. salles hautes et basses : les premières , par leur position, sont soustraites à l'influence délétère; mais celles du rez - de - chaussée sont très-malsaines; aussi n’y place- t-on que très-rarement des malades , et seulement lorsque la nécessité y oblige.
L'Hôpital civil était à peine achevé en 1813, lorsque: l'abondance des malades, après la retraite de Leipsick, a forcé d'y en placer un assez grand nombre. C’est-là que nous avons vu se développer une maladie horrible, dont ils avaient apporté le germe; c’est-là, peut-être pour la première fois, que s’est manifestée à Arras cette maladie à peine connue dans le milieu du siècle passé, désignée par Desault sous le nom de pourriture d'hôpital, et dont les effets sont épouvantables ; ear, aussitôt qu’une plaie , même légère , en est affectée , elle dégénère en un ulcère sanieux, infect, douloureux, qui détruit totale- ment les parties atteintes. J'ai vu des membres entiers tomber par lambeaux. Les observations que j'ai faites sur deux militaires, dans la série des phénomènes qu'ils éprouvèrent et qui amenèrent leur fin tragique, m'ont démontré combien cette horrible maladie peut faire de prompts ravages ; l’un avait à la partie latérale du cou. _ une plaie qu’il s’était faite afin de passer pour scrophuleux :.
108 | MÉMOIRES.
la pourriture d'hôpital étendit ses ravages jusqu’à la carotide, et ce militaire faisant un jour un effort pour prendre un bouillon, l’artère se rompit, le sang rejaillit sur le lit voisin et inonda son camarade : quelque prompti- tude que je misse à accoutir de l’autre extrémité de la salle où je me trouvais, je ne pus arriver assez tôt pour arrêter l’hémoragie ; le malade n'existait déjà plus quand j’arrivai. L'autre avait sur le pariétal gauche une plaie comphi- quée de nécrosse de cet os; lorsque le séquestre fut tombé, les bords des tégumens et le fond de la plaie furent frappés de la funeste complication; le cerveau sortit en putrilage, et les fonctions intellectuelles se perdirent à mesure que telle ou telle partie de ce viscère s’altérait. J'ai été à même d'observer l'influence de la localité, puisque les mêmes malades éprouvaient des accidens plus gravés dans le nouvel hôpital que dans l'hôpital militaire. Cependant ils recevaient les mêmes soins médicaux et les Dames hospitalières leur prodi- guaient également les soins les plus affectueux. Ces causes ont disparu depuis par le perfectionnement des bâtimens, par le changement de la direction d’une branche du . Crinchon , et surtout par l'encombrement de l’abreuvoir qui se trouvait à la porte : ceci justifie l’observation que lorsqu'un hôpital est situé sur un terrain bas et proche d’une marre, il est toujours la source d'une infinité de maladies. :
On fait usage à Arras de deux espèces d’eaux : celles de puits et celles de sources. L'eau du Crinchon n'est employée que pour l'usage économique, celle de puits est légèrement séléniteuse, cuit néanmoins assez bien les légumes, entre en ébullition au 88."° degré du ther- momèêtre de Réaumur, dissout bien le savon. Elle :est:
MÉMOIRES _Aog
trèslimpide. Cette eau ne tarit jamais, ne se trouble pas. par: les. orages ;. les dégels, etc..Elle est toujours dans la même. température, qui est de 8 à 9 degrés; étant puisée à la profondeur de huit à vingt-sept mètres, le deuto-carbonate de potassium détermine un précipité blanc. Le résidu bien sec obtenu par l'évaporation était dans la proportion de 1 à 2880 , formé de proto. carbonate de ealcium, et de quelques cristaux brillans dont le petit nombre et le peu de volume qu'ils avaient ne me permirent pas d'en faire l'analyse pour reconnaître sa nature. Il y a deux sources dont on pourrait faire usage, celle. de la Citadelle et celle de. Méaulens; l’eau de la première étant rarement employée , je ne m'en occuperai pas ; l’autre se trouve dans les fortifications au-debors des murs de la ville; près la porte de son nom. Elle fournit l’eau à tout le quartier qui est sur le bord du Crinchon, où l’eau de puits ne vaut rien. Traitée par le même procédé que l’eau de. puits, son résidu avait les mêmes propriétés, mais il se trouvait dissous dans la. proportion de 1 à 960. |
EE |
MALADIES OBSERVÉES A ARRAS
Maladies Endémiques
LE existe peu de villes où il y ait un aussi petit nombre de maladies Endémiques qu'à Arras; quelques affections. catarrhales qui sévissent à la fin de l'automne ne demandent que le repos, et quelques boissons pecto- rales et diaphorétiques. Les phlegmasies exigent rarement l'emploi de la saignée ; nous pourrions cependant encore
Lé
110 MÉMOIRES.
mettre dans cette classe de maladies les fièvres inter- mittentes qui nous furent apportées de l'isle de Walcheren et da pays de Cadzan, et qui s'étaient en quelque sorte acclimatées pendant Îles années 1809, 1810 et 1811. Le printemps et l’automne ont donné lieu à leur dévelop- pement; mais l'air vif, quelques légers toniques, quelque fois le quinquina ou le vin de Seguin, ont suffi pour lés faire dissiper, surtout si on avait préalablement évacué lrs premières voies : nous ne dirons rien des gouttes fébrifuges si préconisées à cette époque par le charlatanisme et l'ignorance , qui les avaient fait accueillir, quoique ce reniède eut pour base l'arsénic, qui en circulant dans l'intérieur du corps , y déterminerait des maladies secondaires plus graves que celles qu'il pouvait guérir; on frémirait aux récits des accidens dont j'ai été témoin, tels que les douleurs atroces de l'estomac, Fhydropisie, la gangrène et la mort même au milieu des angoisses les plus terribles. | |
Maladies épidémiques.
LA situation de la ville d'Arras; qui est loin des lacs, des étangs ou des marais, et qui n’est dominée par aucune montagne, ni forêt; ses places spacieuses , ses rues assez larges et accessibles à presque tous les vents, sont toutes causes qui s'opposent au développe- ment des épidémies : aussi n’y en ai-je jamais observées, et si, dans des tems plus reculés , il s’en est développé, nous pouvons dire par analogie qu’elles n'avaient point pris naïssance dans la ville, et qu'elles nous avaient été apportées de chez nos voisins; que si elles ont fait des ravages, ce n’a dû être que sur les habitans des bords du Crinchon, et chez ceux qui habitaient les caves.
MÉMOIRES. Ifi Maladies Sporadiques. L |
LES engorgemens du système lymphatique sont assez communs. chez les individus qui habitent les caves et le rez- de - chaussée dans les rues basses. Le col dans l'enfance, et le poumon chez les adultes, sont le siège de ces engorgemens ; ils se terminent assez souvent par la supuration, et forment la pulmonie tuberculeuse , maladie qui attaque toutes les classes de la société, mais particulièrement « les dentellières, dont le métier, » dit M. Retz, exige qu'elles soient toujours courbées ; « elles s'en plaignent ordinairement, parce que les parties essentielles se trouvent dans une gêne continuelle. « Ce qu’elles éprouvent dès l'enfance; et pendant la » plus grande partie de leur vie, puisque ces: ouvrières « sont obligées. de travailler au moins dix-huit heures « par jour pour retirer un gain capable de subvenir à « leurs petits besoins Ge métier est si pernicieux pout « Ja santé de ce sexe délicat, qu’on voit la .plupart « des jeunes filles arrivées à l’âge de l’enjouement et « des plaisirs , le passer sans gaîté, et perdre en peu de « tems la fraîcheur de leur teint, Péclat de leur coloris, « la vigueur de leur tempérament ; souvent attaquées » d’une toux sèche presque continuelle , elles se plaingnent « de douleurs sur le stergum. et le long des côtes, elles sont oppressées , manquent d’appétit et tombent enfin « dans l'étisie, » Nous sommes surpris que l'on n'ait pas encore perfectionné les carreaux, afin d'empêcher set état de gène et de position contre nature. Celui qui y parviendrait. aurait droit à la reconnaissance publique. J'ai vu une fois chez un enfant la maladie glanduleuse de Barbade ou éléphantiasis , la jambe atteinte était d'un
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112 MÉMOIRES.
volume considérable; les affections carcinomateuses ne sont pas rares, j'en ai rencontrées presque de toutes les espèces désignées par les nouveaux nosographes , et j'ai décrit dans le journal de Médecine pour lannée 181e, l'observation faite sur une femme qui était affectée de plus de 300 carcinum mélané ; son corps présentait une multitude de bosselures d’un volume considérable; ce cas rare a mérité d’être rapporté dans le splendide ouvrage que publie actuellement le savant Alibert, à qui j'avais envoyé le portrait de cette femme malheu- reuse. Une maladie assez commune à la classe indigente est une ethmoplescose , désignée par le vulgaire sous le nom de maladie de blasé. Elle a pour cause, outre la malpropreté et Pinsalubrité de leurs habitations , la ma- nière misérable dont ces individus se nourrissent; ils mangent peu de pain, boivent de l'eau, rarement de la petite bierre et beaucoup d’eau-de-vie; cette maladie se reconnaît aux signes suivans : langueur , nonchalanee, face incolore, hälée et sans expression. Ensuite boufls- sure, engorgement des membres tharaciques, perte ou abolition d’une partie des facultés intellectuelles , insou- ciance de tout qui les entoure; l'aspect d’un homme : de 4o ans est celui d’un vieillard; cette maladie se termine souvent par l’hydropisie, le marasme et la mort.
La goutte et l’hydropisie ont lieu par l'abus de la bierre. Le scorbut y est très-rare. Les affections herpetiques aigues, comme les échauboulures, ta miliaire, l’urticaire,
le pemphigus, le zona, y sont fréquents. Les dartres n’y sont pas rares, elles trouvent leur cause dans l'air vif et sec et dans l’inconstance des vents.
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MÉMOIRES 113 Maladies des Femmes. |
La première éruption des règles a lieu sans accidens chez la grande majorité des femmes souvent à l’âge de douze ans. La plupart des femmes sont actuellement dans l'usage de nourrir elles-mêmes leurs enfans. On voit peu de maladies causées par la métastase laiteuse , les accouchemens sont en général heureux, les périto- nites des femmes en couches y sont très-rares.
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Maladie des E nfans.
Les maladies auxquelles les enfans sont le plus exposés sont les fièvres remittentes ou intermittentes muqueuses, les affections vermineases, l’engorgement des glandes du mésentère , le rachitis, la teigne, la rougeole, la scar- latine ; ces deux dernières, quoique simples et bénignes ordinairement , ont été funestes, la première en 1816-et Ja deuxième en 1813, par Îles métastases dont elles ont été suivies et qui ont résisté aux remèdes les mieux in- diqués. L'hiver dernier , à l'hôpital des enfans malades , j'ai observé quinze fois la scleremie universelle; cette mala- die inconnue aux anciens est endémique dans plusieurs villes de ce département et lrès-rare à Arras ; en faisant l’autopsie devant les élèves ; compagnons fidèles de mes travaux anatomiques, j'ai été par induction conduit à essayer un traitement qui m'a parfaitement réussi. Je me propose de recommencer une série d'observations et je donnerai à la Société le résultat de mes recherches sur une maladie qui présente encore beaucoup de doutes à éclaircir, de l’aveu même de tous les auteurs. Nous avons rencontié dix enfans atteints du croup dont trois seulement ont guéri depuis deux mois; quatre se pré-
114 MÉMOIRES.
sentèrent à mon observation, tandis que les six autres furent attaqués à des époques très-éloignées. Pourquoi cette fréquence dans un si petit espace de tems; ne doit- on pas l'attribuer à une influence atmosphérique? On doit aussi en accuser l’inobservation des règles de l'hy- giène ; naguères les enfans portaient des bas, avaient la tête couverte de bonnets; on les couchait à sept heures du soir; l'abandon de ces usages pourrait peut-être être blâmé, car nous avons remarqué que tous ceux qui ont été affectés de cette maladie désespérante avaient eu froid le soir, et on s'était écarté plus ou moins envers eux des règles prescrites pour la conservation de Ja santé; en rappellant ces habitudes du tems passé, je ne prétends pas que lon doive assujettir les enfans à toutes celles que la raison a fort bien fait d'abandonner; mais je veux faire sentir que l’on donne souvent dans des excès contraires ; ce sont ces excès qu'il faut signaler, en donnant en même-tems des préceptes encore in- connus au vulgaire. Pour entreprendre une pareille tâche, il faudrait l’éloquence persuasive de J.-J. Mais ce grand homme, n'a laissé que des héritiers de son zèle et non de ses talens.
DUCHATEAU , Chirurgien , _Mombre résident.
MÉMOIRES 115
NOTICE SUR LA DISTILLATION DES GRAINS l DANS LE
DÉPARTEMENT DU PAS-DE-CALAIS,
Lue à la Société Royale d'Arras, pour l’encouragement des Sciences, des Lettres et des Arts, à la Séance extraordinaire du 13 Juillet 1818.
Par M. Aimé BURDET, Membre résident.
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Pis 1 les objets dont la fabrication reclame des améliorations , ( les graines grasses exceptées ), il en est peu dans ce département qui, par leur utilité et leur importance, se recommandent plus à l'attention et soient plus dignes des encouragemens de la Société que la distillation des grains. Cette branche d'industrie, na- guères importée de la Hollande ou de la Belgique, a pris une extension extraordinaire au milieu des vastes champs de l’Artois, et elle est devenue l’une des prin- cipales branches du commerce de ce pays. _ Ï n’y a pas dix ans que le premier alambic a été établi à St, Omer; maintenant il n’est aucun arron- dissement qui ne possède au moins un établissement de ce genre; mais St. Omer semble s'être approprié cette exploitation, comme Arras en a fait de celle des builes. |
La ville de St. Omer, et quelques villages voisins, entretiennent en activité plus de quarante appareils distillatoires, destinés à mettre en œuvre les matières
116 . MÉMOIRES.
premières. Je ne compte pas ceux qui sont occupés à rectifier les produits des premières opérations.
Ces appareils, d'une capacité uniforme, contiennent chacun environ 2400 litres de liquide en état de fermentation vineuse ; dont le produit, après toutes les rectifications d'usage, est d'environ 8o litres d’eau-de-vie à 19 ou à 20 . degrés.
Plusieurs distillateurs font quatre opérations par jour dans le même alambic. Le plus communément on n’en fait que trois. Les quarante chaudières font donc 120 _distillations par jour, dont le produit est environ de 9,600 litres d’eau-de-vie.
Chaque distillation consomme quatre hectolitres de céréales. Tantôt le mélange est de trois quarts de seigle sur un quart d'avoine, d'orge ou de scourgeon; tantôt il. est de deux tiers de seigle, un, sixième d'orge et un sixième de scourgeon et d’avoine. Ainsi 120 distillations employent par jour 480 hectolitres de céréales.
Dans le cours de l'année la distillation n’éprouve d'interruption que pendant les grandes fêtes et pour les réparations urgentes ; de sorte qu’on peut compter au moins sur 330 jours de travail.
Dans cette supposition , la quantité de céréales absorbées pendant l’année est de 158,400 hectolitres dont la valeur » au prix actuel de 14 francs l'hectolitre , s'élève à la somme de 1,742,400 francs.
Le produit de cette masse, en comptant 9600 litres par jour, et 330 jours de travail , est de 3,168,000 litres d’'eau-de-vie qui, au prix actuel de 0,70 centimes le litre, représentent une valeur de 2,217,600 francs. La plus value que Îa fabrication donne aux grains est donc de
475,200 francs.
MÉMOIRES. 117
Ajoutons-y la valeur des résidus qui nourrissent jour- nellement cinq cents bêtes à cornes et qu’on ne peut évaluer à moins de 80,000 francs.
Considérons en outre que cette fabrication occupe immédiatement plus de deux cents individus, sans compter ceux qu’elle emploie indirectement pour le transport du charbon, du grain, et de la liqueur; pour la construc- tion et la réparation des usines, des fourneaux, des alambics , des tonneaux et de tout l’attirail d’une dis
_ tillernie.
‘
La mouture seule des grains s’élève à la somme 80 mille francs. :
Dans le moment actuel, cette fabrication se soutient par l’activité que lui a donnée la présence des troupes étrangères; mais il faut penser au moment , où n'ayant: plus ce débouché, nos distillateurs seront forcés de tourner leurs vues vers l'exportation. Il faudrait pouvoir donner à nos genièvres une réputation d'excellence, telle qu'ils pussent être présentés sur les marchés de V’Europe, en concurrence avec les genièvres Mg be et de Hoilande. |
Nos distillateurs entendent bien tout ce qui concerne la fermentation; mais leurs appareils , construits sar un vieux modèle, ont l'inconvénient de distiller à feu nud, une matière telle que la farine délayée, qui est susceptible de s'attacher aux parois des chaudières, de s'ÿ carboniser et d’infecter l'esprit qui en sort d’une odeur et d’un goût démpyreume qui discrédite notre fabrication, tout en causant des pertes réelles aux fabricans.
* Depuis plusieurs années les appareils distillatoires ont-
reçu des perfectionnemens dignes de létat présent des
arts industriels. Ces appareils déjà appliqués à la distilla-.
118 MÉMOIRES.
tion en grand des vins dans le Midi, donneraient des résultats également satisfaisans, s'ils étaient adoptés dans ce département pour la distillation des grains. |
On pourrait envisager la question de deux manières.
Ou la Société provoquerait un travail comparatif entre les divers appareils connus qui distillent les matières vineuses non à feu nud, en insistant surtout sur la modicité du prix de l'appareil et de ses accessoires, et sur l’économie de la main-d'œuvre et du combustible; (1)
Ou elle se bornerait à proposer une médaille d'or au premier fabricant qui introduirait dans son usine un appareil distillatoire non à feu nud.
- Si je prends la liberté de vous faire ces propositions, mon but n’est pas de plaider seulement pour l'intérêt de quelques particuliers ; des motifs plus généraux , et que je vais essayer de vous développer, me font désirer de voir cette exploitation protégée par tous les moyens qui sont en notre pouvoir.
Nous avons vu précédemment que Ja transformation des céréales dans ce département, seulement en genièvre, donnait aux premières une plus value de six à sept cents mille francs. C'est une somme qu'on perdrait toute entière si on exportait simplement le blé en nature ; on perdrait encore la nourriture journalière de cinq cent bêtes à cornes, qui représentent sept à huit cent mille Lvres de nourriturc. Plusieurs centaines d'ouvriers seraient sans ouvrage ; des capitaux considérables seraient dans Vinaction et plus de trente familles, qui vivent-hono- rablement, perdraient leurs moyens d'existence. EE
(x) Elle couronnerait le meilleur Mémoire à eet égard, et proclamerait l’appareil qui serait reconnu le plus parfait. | À ces
MÉMOIRES. 119
À ces considérations :j'en ajouterai. SE plus générales et non moins importantes, Vous savez, Messieurs , que les terms de ane ou dance qui réjouissent l'artisan, ruinent souvent les fermiers, qui peuvent à peine se procurer assez d'argent pour payer leurs baux. Dans ces momens les distillèries sont là, pour consommer et donner une valeur au superflu momentané que la Providence nous accorde. Les capitaux de nos _distillateurs empêchent une baisse funeste avec bien plus de succès que ne le fait une exportation souvent chanceuse. Depuis l'établissement des distilleries , il se sème plus de céréales qu’il n’en est besoin pour là nourfture de l’homme. Quand la récolte a été mauvaise on peut croire que l’intempérie des saisons n’a emporté que cet excédent et qu'il reste encore assez de céréales pour le strict besoin de la nation. Si on ne semait que la quantité presse de blé nécessaire à la consommation’, pour peu qu’une année fut défavorable elle deviendrait bientôt une année de détresse. | On a beaucoup parlé de ces fastueux greniers d’abon- dance élevés avec de grandes dépenses et remplis toujours ‘au moment où le besoin se fait sentir et dont le moindre inconvénient est d'augmenter la disette réelle par une disétte factice. Ici, l'intérêt particulier vient avec bien plus d'efficacité au secours des besoins publics. Les greniers des distillateurs sont toujours remplis, avant que linstant de la détresse soit: arrivé, et quand de funestes présages se sont. réalisés, un seul ordre de l’'Administra- tion, sans aucun soin préalable , sans aucuns frais, livre à la consommation plusieurs cent milliers d’hec- tolitres de céréales qu'il est. si avantageux d'en retirer dans les temps d'abondance. _. | J. 3, Liv, 9
#20 MÉMOIRES.
‘Ainsi, cette branche d'industrie donne aux céréales une plus value qu’elles perdraïent sans elle ; et en même- temps les magasins de nos distillateurs offrent dans les temps de disette des ressources d’autant plus précieuses qu'elles se sont faites avec moins de frais.
De-là, je conclus que l'intérêt particulier et l’intérèt ‘général doivent nous engager à naturaliser parmi nous, cette importante exploitation, en prenant pour la pro ager les moyens que la Société jugera les plus convenables.
| Aimé BURDET.
LVVIARAVEUVIIRR AA VILLA UV UAN LARAN ELU NAN ENV Arras, 250 Décembre 18:18.
.A Monsieur le Secrétaire perpétuel de la Société Royale d'Arras, pour PEncouragement des Sciences, des _ Lettres et des Arts. _ Monsieur et très-cher Collèsue, J'AI l'honneur de vous adresser uné observation médi- cale qui pourrait, surtout dans ce moment , présenter quelqu'intérêt'; si vous le jugez ainsi, veuillez lui accorder ‘de la publicité dans le Recueil des mémoires de la Société à qui j'en offre le premier hommage. _ Je fus appellé le 30 novembre dernier, pour voir un ‘enfant de quarante - cinq mois, fils de M. Ricouart, M. de charbon ; il y avait déjà huit jours que ce petit ‘malade toussait, an peu de fièvre, quelques quintes de toux plus fortes les nuits'et l’abattement ordinaire ‘dans les rhumes ‘n’avaient jusqu'alors point donhé d'inquiétudes. La veille seulement on avait remarqué ‘plus d’enrouement et de la difficulté pour respirer, la nuit avait été moins tranquille, et quoiqu'il ‘ait paru
MÉMOIRES. 121 assez gai en se levant, l’enrouement avait augmenté, et la respiration, devenue plus pénible, était déjà bruyante. Lorsque je le vis, à 3 heures de l'après-midi, je lui trouvai le visage rouge, légèrement couvert de sueurs : la langue blanchâtre , assez sèche, la peau très-chaude, le pouls serré, fréquent, la voix était sonore, glapissante, l'oppression considérable, la respiration sifflante, et les quintes de toux presque continuelles. Cet ensemble de symptômes confirmait suffisamment l'existence d’une phlegmasie aigüe de la membrane muqueuse du conduit aérien et particulière au croup. Je jugeai cette terrible affection devoir être déjà près de la seconde période, et _il ne restait pas un moment à perdre ; les accidens me- naçaient d'autant plus que l’enfant était d’une très-forte constitution. Je fis appliquer sur le champ un collier de sangsues et je prescrivis la solution d'an grain et demi de tartrate de potasse et de protoxide d’antimoine , dans deux onces d’eau , édulcorée avec demi-once de sirop d’ipecacüanha, pour être donnée par petite cuillerée, chaque quart d'heure. À cinq heures, une espèce d’affais- sement avait semblé ralentir la marche de l’inflammation - trachéale ; le malade n'avait eu que des nausées et on continuait l’usagé prescrit de son vomitif. À neuf ‘heures je le revis pour la 3.° fois, tous les symptômes avaient repris de l'intensité, la potion émétique était terminée, il n’y avait encore eu ni vomissement ni _expectoration ; jecommençais à désespérer du salut de - Penfant, néanmoins je redoublai de courage; je fis faire avec une once de sirep d’ipecacuanha , autant d'huile * d'amande douce, trois grains de sous-hydro-sulfate d’an- timoine, deux gros de gomme arabique et de l’eau distillée, quatre onces d’un looch à prendre par cuillerée
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122 MÉMOIRES.
à café chaque demi-heure , sans trop avoir égard au - sommeil ; j’appliquai des sinapismes aux deux pieds après - avoir frictionné fortement les bras, ke dos, les cuisses et les jambes, avec du vinaigre très-chaud, et j'attendis . Monsieur Ansart, que j'avais fait prier de venir, avant d'établir un large vésicatoire à la partie postérieure du cou; ce Médecin l'approuva, et revint le lendemain malin , jouir avec moi de la réussite de tous les moyens employés, c’est-à-dire que l'enfant avait été calme depuis minuit et ne rapportait plus guère qu’à l'extérieur les douleurs vives qu'il ressentait à la gorge; le vésicatoire avait produit un grand eïlet et les préparations an- timoniales avaient déterminé une sueur générale; la voix était sensiblement moms rauque et le sifflement de la respiration très- diminué. À midi, ke mieux se continuait et l’expectoration était parfaitement établie. Le malade fut mis à l'usage des boissons chaudes ‘émollientes et je restreignis celui de Ja potion ker- . metisée; mais on fut bientôt forcé d'y revenir comme ‘avant, car les crachats devenaient plus difficiles. La nuit fut assez bonne ainsi que la suivante et la journée du 2 Décembre, pendant laquelle je fis, par prudence, appliquer de nouveau quelques sangsues autour des épaules, et réitérer les sinapismes. Le 35 nous apperçümes bien distinctement dans le crachoir des portions de fausse membrane, une entr'autres qui, déroulée , avait près de deux lignes quarrées d’étendue, je substituai le sirop de coquelicot à celui d'ipécacuanha dans la potion, et je diminuai de moitié la dose du kermès. Le soir de ce même jour il survint un exanthème qui couvrit tout le corps de l'enfant, je rassurai les parens effrayés, ce n’était ni la variole , ni 1a rougeole, ni la scarlatine,
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MÉMOIRES. 123
mais une éruption salutaire ; crise heureuse qui venait garantir la cure. Pendant les quatre jours qui suivirent, je diminuai insensiblement et supprimai tout-à-fait la potion; le malade ne but plus que du bouillon de veau; on lui continua les. lavemens excitans, qui n'avaient jamais été négligés, et le huit , je le purgeai avec une légère décoction de jalap et Je sirop de- nerprun ,; ce que je réitérai très - avantageusement le surlendemain; les évacuations furent abondantes, et la santé est aujourdhui si parfaite qu'il serait impossible de croire à la réalité du danger qu’a couru ce bel enfant.
Je viens de détailler les faits dans toute leur exac- titude ; loin de moi l’orgueil d’avoir voulu, pour m'en prévaloir, consigner ce succès dans une maladie si souvent mortelle; mais j'ai cru devoir en profiter pour rappeler aux parens, en général, combien il. importe de soigner les rhumes des enfans quelque légers qu'ils soient et surtout quand il règne des maux de gorge-ou des maladies de peau; (*) ensuite, j'ai voulu prouver que mon malade avait guéri sans le secours du sulfare de potasse, qu’il est si difficile, pour ne pas dire impossible , d’administrer aux enfans. Les bons effets de ce médicament contre le croup sont de provoquer la transpiration, des nausées et une expectoration abon- dante ; j'ai obtenu tont cela par des loochs que l'enfant prenait très-volontiers, et j'ai la certitude que si j’eusse
(*) Heureusement pour l’humanité la petite vérole à laquelle ont succédé tant de croups a presque déjà cessé sés ravages et nous devons espérer qu’incessamment il ne sera plus permis. de douter du bienfait de la Vaccine.
124 : MÉMOIRES.
eu le malheur d'employer et de compter sur le foie de. soufre, j'aurais perdu un temps précieux. C’est je crois en dire assez; voilà ce que j'ai désiré faire connaître , et dans les meilleures intentions d'utilité.
‘ Agréez, je vous prie, Monsieur le Secrétaire et honoré Collègue , l'assurance de ma considération très-distinguée.
MEencIkRA,
Docteur en Médecine, Professeur de Thérapeutique et de matière médicale, Membre résident.
Ménmornxs, 125: RAPPORT SUR LA FABRIQUE DE SUCRE EUROPÉEN , . EXTRAIT DES BETTERAVES, ÉLEVÉE DANS LA VILLE D'ARRAS, Et dirigée par M. Crespel d'Ellisse ,; Membre résidenr: de la Société.
LxS encouragemens donnés aux arts, non seulement . procurent le bienfait de répandre les découvertes nou velles, mais, en excitant une noble émulation, ils font naître une génération d'hommes utiles qui, en agrandis- sant le cercle des connaissances, .ou en rendant des services chers à l'humanité, récompenseront dignement un jour les soins de la génération qui leur offre la. palme, eten réaliseront les espérances pour le bonheur de. la postérité; et lorsque. de seules distinctions ho- norifiques deviennent le gage et la récompense des plus utiles perfectionnemens , on ne peut que féliciter un: Peuple qui renferme dans son sein de si précieux germes de splendeur et de prospérité.
Aussi les sociétés qui. comme. celle d'Arras, ont l'utilité pour principe et pour but, n’ont qu'à indiquer ja route pour voir s’y précipiter une foule d'hommes. généreux , ambitieux d'associer leur nom à des conquêtes. plus douces et plus solides que celles de l'épée. 11 leur suffit de recueillir autour d'elle des. élémens dispersés. et de les exhumer”pour ainsi dire en leur donnant l'occasion de parüire au. grand. jour. Que d'hommes.
126 MÉMOtTRESs.
de génie morts tout entiers confondus avec le commun des hommes n’ont manqué que d’une circonstance favorable pour devenir la gloire et l’ornement de leur Patrie !
Lorsque, sans provoquer dés essais et des applications , Ja Société se bornerait